Sidérurgie. Fabien Roussel écrit à Lakshmi Mittal

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Sidérurgie. Fabien Roussel écrit à Lakshmi Mittal
 
M. Mittal,
 
Je vous parle depuis une terre qui connaît bien les effets de la désindustrialisation et qui, depuis des décennies, la combat sans relâche avec les élus locaux, avec tous les travailleurs qui produisent les richesses.
 
 
Nous ne nous connaissons pas et pourtant, en France, tout le monde vous connaît depuis que vous avez pris le contrôle d’Arcelor en 2006.
 
 
Vous avez eu l’indécence d’annoncer en quelques semaines la fermeture de plusieurs sites et de nouvelles suppressions d’emplois, alors que vous avez mobilisé une dizaine de milliards de dollars en rachats d’actions et versements de dividendes pour vos actionnaires. Vous vivez dans le luxe des palaces mais derrière votre richesse, il y a des territoires, des femmes, des hommes, des familles, des destinées brisées et des entraves à l’avenir.
 
 
A l’indécence, vous ajoutez aussi le mensonge. Vous mentez Monsieur Mittal lorsque votre groupe dépeint une situation économique critique alors que les exercices post Covid vous ont permis d’atteindre des résultats records.
 
 
Vous mentez quand vous dénoncez la concurrence déloyale provoquée par les importations massives d’acier chinois. La réalité c’est que si les importations d’acier hors Europe augmentent, c’est l’acier indien qui supplante aujourd’hui l’acier chinois ! Et dans votre usine de Dunkerque, c’est de l’acier venant de votre usine brésilienne, qui arrive dans les hangars avant d’être transformé.
 
 
Vous mentez lorsque votre groupe évoque la cherté des coûts de l’énergie alors que vous négociez et bénéficiez de tarifs plus qu’avantageux, en deçà du prix du marché.
 
 
Vous mentez lorsque votre groupe dit être insuffisamment soutenu par l’Union Européenne alors que celle-ci a donné son feu vert à une aide française de 850 millions d’euros pour servir les investissements dans la décarbonation.
 
 
Comment osez vous faire la leçon avec vos arguments mensongers alors que vous avez bénéficié de centaines de millions d’euros d’argent public français ces dix dernières années ?
 
En refusant d’investir en France, vous menacez toute la filière. La sidérurgie française se trouve désormais, en situation critique alors que l’acier, si utile à nos filières industrielles, est présent partout dans nos vies quotidiennes : dans les structures de nos habitations, dans nos cuisines, nos voitures, nos vélos, nos stylos…
 
 
Nous ne vous laisserons pas faire. Avec ou sans vous, la sidérurgie française doit vivre, elle est utile, elle est nécessaire, elle doit être mise sous la protection de la nation et soustraite au capital sans frontières.
 
 
Je ne servirai pas aux travailleurs de mon pays la mauvaise blague du bon capital lorsqu’il est français devenu mauvais de l’autre côté de la frontière. Je leur dis en revanche que je serai de toutes leurs mobilisations. Je leur dis que des solutions existent pour mettre en œuvre une nouvelle industrialisation et que comme eux je ne me résigne pas au déclassement industriel de mon pays.
 
 
Nous pouvons produire ici pour répondre aux besoins humains, aux besoins de la France. Nous devons le faire en relocalisant davantage de productions utiles. C’est le seul avenir soutenable pour une humanité, une planète brutalisée par l’ensauvagement capitaliste auquel veulent nous condamner vos semblables.
 
 
Oui nous pouvons établir une stratégie nationale autour de filières industrielles clés en conditionnant les aides publiques versées aux grandes entreprises.
 
 
Oui il est temps de mettre la sidérurgie française sous le contrôle de la nation, jusqu’à la nationalisation si nécessaire.
 
 
Nous savons pertinemment, comme vous, que la demande d’acier est amenée à augmenter fortement en France comme en Europe dans les 20 prochaines années. Le mythe des « surcapacités » n’engage que celui qui ne voit pas les choses sur le long terme.
 
 
Dans les prochains mois, chacun devra prendre ses responsabilités pour défendre la sidérurgie française. Pour nous, c’est clair: la production d’acier doit rester en France et nous ferons tout pour cela.
 
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Publié dans Industries, Luttes sociales, PCF

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