Ukraine : la Russie accepte la proposition de trêve...

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Ukraine : la Russie accepte la proposition de trêve...

 

Le projet de cessez-le-feu partiel de 30 jours doit être acté par les autorités russes. Lors de la visite de l’émissaire américain à Moscou et l’entretien entre Trump et Poutine, le président russe a accepté l’idée d’un arrêt des combats sous conditions.

 

L’accélération autour d’un processus de paix pour mettre un terme à la guerre en Ukraine était suspendue à la réponse de Moscou au projet d’un cessez-le-feu partiel de 30 jours acté à Djeddah, par Washington et Kiev. Une première réponse de Vladimir Poutine est tombée lors d’une conférence de presse avec le biélorusse Loukachenko.

 

Le président russe a déclaré être d’accord pour arrêter les combats mais « avec des nuances ». « Nous sommes d’accord avec les propositions visant à mettre fin aux hostilités, mais nous partons du principe que cette trêve doit conduire à une paix durable et s’attaquer aux causes profondes de cette crise », a expliqué Vladimir Poutine. Il a rappelé que des « questions sérieuses » concernant le fonctionnement d’une trêve en Ukraine devaient encore être « réglées » 

 

Il a pointé une série de questions : « Comment garantir qu’une telle situation ne se reproduise pas ? (…) De quelle manière ces trente jours vont-ils être utilisés ? Les livraisons d’armes vont-elles se poursuivre ? Comment le contrôle sera-t-il organisé ? ». Le dirigeant russe entame déjà des négociations sur les contours du cessez-le-feu et les garants de cet accord: « Sur les deux mille kilomètres de ligne de front, qui va déterminer quand et par qui les accords auront été violés ? ».

 

Moscou réclame la prise en compte de ses intérêts

 

Avant de recevoir l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, au Kremlin, pour évoquer la proposition de trêve, Vladimir Poutine s’est rendu dans la région russe de Koursk, occupée par les forces ukrainienne. Cette première visite de terrain du président russe est un vrai signal avant des négociations. « Je m’attends à ce que toutes les missions de combat auxquelles nos unités sont confrontées soient accomplies et que le territoire de la région de Koursk soit bientôt complètement libérée de l’ennemi », a-t-il déclaré.

 

Face à l’avancée russe, le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandr Syrsky, a laissé entendre que ses troupes se repliaient, même si des combats « se poursuivaient ». L’intensification des opérations sur Koursk, où l’armée russe aurait repris la ville de Soudja. Cette visite n’a rien d’un hasard. Elle intervient en pleine phase diplomatique et après le gel de l’aide américaine à l’Ukraine. Pour le pouvoir, « il est important non seulement sur le plan militaire mais surtout sur le plan diplomatique de récupérer l’ensemble du territoire. Moscou avait refusé de négocier avec Kiev tant que des troupes ukrainiennes se trouvaient en Russie », rappelle Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe.

 

D’autres interrogations demeurent sur la trêve et la conciliation des objectifs russes : cession de territoires, changement de régime, démilitarisation de l’Ukraine, renoncement à l’entrée du pays dans l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Une première réponse est venue de Iouri Ouchakov. Dans un entretien à la télévision, le conseiller sur les questions de politique étrangère du président russe a prévenu jeudi : « La Russie recherche un règlement à long terme qui tienne compte de ses intérêts et de ses préoccupations. »

 

La Russie hostile au déploiement de troupes européennes

 

Iouri Ouchakov a jugé que « le cessez-le-feu proposé n’est rien d’autre qu’un répit temporaire pour les forces ukrainiennes » avant d’ajouter : « Personne n’a besoin de mesures qui imitent les actions de paix. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ne peut être discutée dans le contexte de la résolution de la crise. » Ce dernier a conclu en espérant que les États-Unis « prendront en compte ses demandes » qui avaient été transmises la veille au conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, lors d’un appel.

 

L’autre critique a été portée par la porte-parole de la diplomatie russe qui a condamné l’idée du déploiement d’un contingent européen en Ukraine en cas d’accord sur la fin des hostilités. Maria Zakharova a déclaré : « Il est absolument inacceptable pour nous que soient déployées des unités des forces armées d’autres États en Ukraine (…), tout cela signifierait l’implication de ces pays dans un conflit armé direct avec notre pays, auquel nous répondrons par tous les moyens disponibles. »

 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a averti qu’il était « possible » que Vladimir Poutine « ait une conversation téléphonique internationale ce soir également, assez tard » avec Trump. Du côté de l’Ukraine, l’impatience grandit. Zelensky a estimé que le pays était prêt « à un cessez-le-feu aérien et maritime » et même à « l’étendre à la terre ferme » comme le proposaient les États-Unis. "Malheureusement, depuis plus d’un jour, le monde n’a toujours pas entendu de réponse significative de la Russie aux propositions faites". Intervenue depuis.

 

Une trêve réellement sans conditions ?

 

À Moscou, la délégation états-unienne est emmenée par Steve Witkoff qui devient le principal responsable des pourparlers. Après avoir rencontré Poutine, un mois auparavant durant trois heures, l’américain de 67 ans, magnat de l’immobilier devait, selon Trump, obtenir une trêve « sans conditions » comme gage de bonne volonté.

 

De son côté, le secrétaire d’État américain a estimé que si la réponse était positive « il y a une véritable chance de paix ». Le président des États-Unis avait prévenu, la Russie « doit accepter l’accord négocié par les États-Unis et l’Ukraine, faute de quoi elle devra subir des représailles économiques ». Droits de douane, sanctions, guerre économique, l’administration américaine promet une pression financière qui « serait dévastatrice ». Mais Marco Rubio a temporisé au G7 pour éviter tout langage « hostile » à l’égard de la Russie…

 

Pour le journal Novaya Gazeta, l’accord de cessez-le-feu va prendre énormément de temps, « les négociations les plus complexes vont commencer, avec une durée incertaine et des résultats encore plus incertains » et qui ne seront pas « satisfaisants » voir « se révéleront infructueux ». Mais, prévient le quotidien, « entre-temps, les gens ne mourront pas. Et seule cette variante de l’évolution des événements offre une chance de sortir du conflit. Et si vous ne vous arrêtez pas, si vous ne cessez pas de tirer et si vous ne commencez pas à parler, cette chance n’existera certainement pas ».

Publié dans Ukraine, Russie, International

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