Le Pape François est mort... respect !
L’un avait voulu marquer l’entrée dans son pontificat en se rendant aussitôt à Lampedusa, point d’arrivée de migrants ayant survécu aux périlleuses traversées. L’autre avait, deux semaines après son investiture, ironisé sur le bateau mahorais, le kwassa-kwassa, « qui pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».
Par une ironie dont l’Histoire a le secret, un pape, François, qui avait lancé en 2013 une couronne de fleurs à la mer devant l’île italienne pour commémorer les centaines de migrants venus d’Afrique, morts en tentant de traverser la Méditerranée, meurt le jour où Emmanuel Macron atterrit à Mayotte en ayant fait adopter définitivement par le Parlement, au début du mois, des restrictions sévères au droit du sol dans l’archipel, comme seule réponse au défi humain lié à l’immigration venue des Comores. Via un projet rêvé par l’extrême droite, porté par la droite et soutenu par son camp.
Le chef de l’État, qui entame un séjour de cinq jours dans l’océan Indien, vient à Mayotte « donner un coup d’accélérateur » à la reconstruction de l’archipel après le passage du cyclone Chido, avec un projet de loi de programmation pour sa « refondation ».
Mayotte où déjà, quelques jours après le passage de Chido en décembre dernier, Emmanuel Macron tançait les habitants démunis avec un relent de colonialisme dans la voix : « Si c’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! » C’est peu dire que, sur la question des migrants, les deux hommes divergeaient.
Une rencontre eut lieu à chacune des incursions papales sous la présidence Macron, « J’irai à Marseille, pas en France », avait insisté François en 2023, à l’invitation des évêques de la Méditerranée pour une rencontre dédiée à la protection des migrants. Il snoba la réouverture de Notre-Dame de Paris pour préférer parler de piété populaire en Corse, il y a quatre mois.
François dénonçait régulièrement « l’indifférence » face aux naufrages, qui ont fait près de 32 000 disparus en Méditerranée depuis dix ans, selon l’Organisation internationale des migrations. Sans mépris. |
Lionel Venturini, |
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