Surprise à Bucarest : l’extrême droite défaite en Roumanie
Le maire de Bucarest Nicusor Dan emporte avec près de 54 % des suffrages le second tour de l’élection présidentielle face à George Simion, le candidat d’extrême droite qui était arrivé largement en tête du premier tour avec 41 % des voix.
Immense surprise à Bucarest. Donné favori, le candidat d’extrême droite, George Simion, largement arrivé en tête du premier tour avec 41 % des voix, a été défait lors du second tour par son opposant Nicusor Dan. À l’issue du scrutin de ce dimanche 18 mai, le candidat centriste l’a emporté avec près de 54 % des suffrages. Après avoir refusé dans un premier temps de concéder sa défaite malgré ses 46 %, invoquant des « fraudes », le chef du parti nationaliste AUR a fini par concéder la victoire tout en promettant de « poursuivre le combat ».
« C’est la victoire de milliers et de milliers de gens qui ont cru que la Roumanie pouvait changer dans la bonne direction », a lancé dans la soirée à ses partisans le nouveau président alors que lors d’un premier scrutin en novembre, annulé par la Cour constitutionnelle le 6 décembre 2024, un candidat d’extrême droite quasi-inconnu, Calin Georgescu, avait créé la surprise après une campagne massive sur TikTok entachée de soupçons d’ingérence russe. Cet ex-haut fonctionnaire a depuis été inculpé et exclu de la nouvelle course, une décision qui a provoqué des manifestations parfois violentes de ses partisans criant au déni de démocratie.
Le regain de participation a profité au maire de Bucarest
Mais face à la relève assurée par George Simion, le candidat centriste a pu compter sur des reports de voix et une importante participation pour rattraper son retard du premier tour. Le prétendant d’extrême droite a pâti d’une série de « faux pas » dans l’entre-deux-tours mais surtout d’une « mobilisation quasi sans précédent, liée à un sursaut des défenseurs de la démocratie », a commenté pour l’AFP l’analyste Sergiu Miscoiu. Le taux de participation s’est élevé à près de 65 %, contre seulement 53 % au premier tour.
Cette élection dans un pays peu peuplé (19 millions d’habitants) revêtait une importance particulière, nombre de dirigeants européens s’inquiétant de voir les rangs de l’extrême droite s’étoffer et l’administration Trump, prompte à s’aligner derrière tous les mouvements réactionnaires dans le monde et très critique de l’annulation du scrutin de l’automne dernier, appelant à respecter la voix du peuple.
Celui-ci s’est donc exprimé, défiant tous les « pronostics ». Le nouveau président, âgé de 55 ans, mathématicien de formation, qui a fait une partie de ses études en France, n’a pas tardé à recevoir une série de messages de félicitations.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi salué le choix des Roumains en faveur d’une « Europe forte » tandis qu’Emmanuel Macron estimait que « la démocratie » l’a emporté « malgré les nombreuses tentatives de manipulation ». Dans l’Ukraine voisine, Volodymyr Zelensky s’est, lui, réjoui de ce succès « historique », rappelant « l’importance d’avoir la Roumanie comme partenaire fiable ».
Ces trois citation ne sont pas rassurantes quant à la politique à venir du nouveau président. Peut-être faudra t-il que le peuple roumain se lève une nouvelle fois pour imposer une politique qui réponde à ses besoins, à ceux du pays et l'exigence de paix !