Casse de l'emploi et de l'industrie : JTEKT en grève 2 jours pour s'opposer au plan social

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Casse de l'emploi et de l'industrie : JTEKT en grève 2 jours pour s'opposer au plan social

Face au plan de suppression de 200 emplois de JTEKT, équipementier automobile du groupe Toyota, qui veut supprimer dans ses usines d'Irigny et de Dijon, les salariés, une nouvelle fois se sont mis en grève les 4 et 5 juin avec piquet de grève à Irigny. Les communistes sont pleinement solidaires de cette lutte aux enjeux majeurs !

 

Non à la casse sociale, annulation du PSE !

 

L'enjeu est la suppression du plan casse sociale de cet équipementier du groupe Toyota qui résulte de nouvelles délocalisations des productions soit au Maroc soit dans les pays de l'est de l'Europe (Tchéquie - Roumanie) contre notre industrie nationale automobile. C'est la survie de l'usine d'Irigny dans le Rhône qui se joue.

 

Les 4 et 5 juin, les salariés étaient mobilisés, pour faire entendre leur colère. Les communistes les soutiennent totalement et relaient leur combat comme ils le font depuis plusieurs semaines et années.

 

Participation massive de l'équipe de nuit à 95% suivi des équipes 2x8 et journée avec quasi arrêt de la production et services supports. Une initiative très réussie ou chacune et chacun à pu prendre place pour s'exprimer et agir. Il a été décidé de suspendre la grève ce vendredi avec appel à la participation à l'AG du mardi 10 juin à partir de 10h pour l'équipe du matin , 18h pour l'équipe du soir, pour préparer la suite de la lutte.

 

En mars, la direction a annoncé la suppression de 197 emplois sur ses 2 sites en France, dont 112 à Irigny (10 % des effectifs du site). Après une première action le 10 avril, suivie le 15 mai et une grève le 22 mai, les salariés se sont mis à nouveau en grève à l’appel de la CGT et de la CFDT. Leurs revendications sont claires : non à la casse des emplois ! Abdel Yousfi, délégué syndical central CGT, explique : « On va continuer la mobilisation, faire une caisse de grève, même si la CFE-CGC refuse de rejoindre l’intersyndicale. On va se battre parce que ce qui attend les salariés licenciés, qui ont pour l’essentiel plus de 50 ans, c’est de la précarité et du chômage longue durée. »

 

Les noms des salariés licenciés et les indemnités accordées seront connus à l'issue des négociations en cours (12 juillet), juste avant les congés estivaux. C'est une grossière tentative de la direction avec la complicité de la CFE-CGC, d’endiguer la lutte des salariés, mais qui conforte leur détermination, car ils ne sont pas dupes. « la suite c’est de continuer la mobilisation, de l’accentuer le plus possible pour faire plier le groupe, Toyota. principal actionnaire. On veut ramener et conserver l’outil industriel ici sur le site, conserver les productions, bloquer les délocalisations » précise Abdel Yousfi.

 

Le cynisme de la direction de JTEKT et de Toyota

 

La direction prétexte la crise de l’automobile en Europe pour justifier son mauvais coup. Elle explique même que pour sauver l'entreprise, il faudrait absolument procéder à ces suppressions de postes ! Quel cynisme et quel culot, alors que le groupe a ouvert ces dernières années des usines au Maroc et en Tchéquie, pour délocaliser les productions.

 

De plus, JTEKT a reçu 58 millions d’€ de fonds publics du CICE et du CIR entre 2012 et 2019, et bénéficie toujours des exonérations de cotisations sociales. Cela ne l’empêche pas de détruire massivement des emplois, plus de 500 entre 2019 et 2024 ! Sauf que l’entreprise, qui fournit des éléments pour Stellantis, Renault et Nissan est intégrée dans l'industrie automobile, elle est loin d'être en péril avec l’équivalent de 11,6 milliard d’€ de chiffre d’affaires et 245 millions de bénéfice net en 2024. Sans parler des 29,2 milliards de bénéfices de Toyota, l'actionnaire principal. La métropole comme la région ont largement subventionné JTEKT pour valoriser l’usine, jusqu’à l'installation d'une gare (Irigny) à proximité, mais sans aucune condition pour le capital.

 

Le choix de la délocalisation contre la souveraineté industrielle de la France

 

« Du boulot il y en a, mais ils ne veulent plus le faire ici, pour engranger encore plus de fric. » résume Abdel Yousfi. En effet, depuis 2019, l’entreprise transfère progressivement sa production vers des pays où les travailleurs ont des salaires encore plus bas qu'à Irigny ou Dijon, ce plan social est en réalité la conséquence directe du choix de délocaliser : « pendant des années on nous a vendu du rêve en nous disant qu’il fallait faire de la place pour montrer à notre actionnaire qu’on avait des mètres carrés disponibles ici sur Lyon. Finalement on s’est bien faits avoir, la place qu’on a fait c’était pour envoyer le matériel en Tchéquie et au Maroc » témoigne un gréviste.

 

Depuis plusieurs années les communistes remettent en cause le choix de la délocalisation des productions qui s'accompagne des transferts de machines vers d’autres pays. Outre le Maroc et la Tchéquie, l’activité de R&D est délocalisée en Roumanie et en Inde. A terme, JTEKT vise la fermeture de l’usine, qu’elle organise méthodiquement et veut casser tout espoir. « Nous étions 5 500 salariés en France en 2007, aujourd’hui nous sommes 1 900. Autant dire que d’ici moins de 5 ans il n’y aura plus rien. » résume Abdel Yousfi. D’où l’importance de se battre pour préserver les emplois et le site industriel.

 

Des salariés âgés jetés au chômage comme des kleenex 

 

Dans les postes ciblés pour être supprimés, la moyenne d’âge tourne autour de 55 ans, ce qui rend dramatiques les conséquences humaines soit par départ volontaire soit par licenciement. Il sera difficile de retrouver un emploi d’autant plus que certains salariés sont victimes de maladies professionnelles. « La situation sociale pour les camarades qui vont être licenciés et qui ont plus de 54 ans (la grosse majorité), c’est le chômage de très longue durée et après avoir travaillé plus de 30 ans c’est le RSA » explique Abdel Yousfi. Un technicien à la maintenance salarié depuis 36 ans à JTEKT, révèle les difficultés à trouver un emploi au moment même où le chômage repart à la hausse avec près de 400 PSE dénoncés par la CGT au plan national.

 

Une casse sociale d’ampleur se prépare donc. Face à cette offensive, le risque serait de se focaliser uniquement sur les indemnités que la direction cherche à rogner au maximum pour tenter de placer le contenu de la bataille sur ce terrain. Or, les indemnités ne constituent pas une issue pérenne pour les travailleurs qui pour la plupart ont plus de 50 ans, d’autant que la casse des emplois industriels touche l’ensemble du pays. Dès lors, l’urgence est d'agir pour le maintien de tous les emplois d'autant que beaucoup doutent de pouvoir atteindre l'âge de 64 ans pour accéder à la retraite dont l'abrogation était au coeur des mobilisations en France ce 5 juin.

 

Déjouer les manoeuvres de la direction

 

Les salariés ont raison ! En agissant pour le maintien de tous les emplois, il sera possible de construire un rapport de force gagnant. La lutte tenace et une réponse convergente des salariés de toute l'industrie automobile empêcheront le patronat de faire payer la crise aux travailleurs. La victoire des Fonderies de Bretagne où les salariés par l'action ont imposé la reprise du site, démontre que c'est possible ! C'est la même bataille que mènent les Vencorex dans la chimie ou ceux d'ArcelorMittal dans la sidérurgie. 

 

Face aux suppressions d’emplois et à la perspectives sombres du chômage, la question du niveau des indemnités est "compréhensible", mais elle n'est pas première car elle ne constitue pas le fond de la bataille. L'issue est politique qu'on le veuille ou non ! Veut-on voir, les multinationales décider de tout comme bon leur semble : des lieux de production, de la recherche, des normes, des emplois, des formations, du niveau des salaires, des investissements et en plus faire main basse sur les fonds publics et pour les salariés la pauvreté et le chômage ? Non ! Cela suffit !

 

Faire bouger le ministre de l'industrie réfugié dans un silence complice

 

Contre l’offensive des groupes de l'automobile (Toyota-Renault-Stellantis-Nissan etc), il faut une mobilisation professionnelle solidaire et puissante dans toute l'industrie automobile pour imposer d'une part l’interdiction des licenciements et d'autre part l'obligation aux groupes nationaux que sont Renault et Stellantis qu'ils passent à JTEKT leurs commandes de systèmes de directions automobiles nécessaires à notre marché national, afin de maintenir et développer l'emploi à Irigny et Dijon. 

 

Cela supposera des réintégrations de machines et de marchés, JTEKT et Toyota ont les moyens de le faire sans problème. Il faut que la lutte porte cette exigence et oblige l'Etat Français et notamment son ministre de l'industrie à sortir de son silence complice pour prendre position pour la souveraineté industrielle du pays et pour qu'il agisse en ce sens !

 

C'est ce que proposent les communistes depuis des années mais que refusent d'entendre les ministres de l'industrie qui se succèdent depuis 2019. Ils laissent faire la casse par Toyota et consentent à bouger que quand la lutte commence à faire de fortes vagues auxquelles il ne peuvent résister !

 

Les communistes apportent tout leur soutient à la lutte en cours, ils appellent les populations des villes environnantes comme Irigny, Pierre-Bénite, Vernaison, Oullins, Charly où de nombreux salariés de JTEKT habitent, au soutien et à la solidarité avec la lutte des JTEKT. Nous sommes tous JTEKT !

 

Jean Chambon

Secrétaire de section du PCF Pierre-Bénite

 

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