Guerre d'Israël avec l'Iran : Macron se dérobe, Tel-Aviv frappe, les États-Unis couvrent

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Selon Sepideh Farsi, les civils sont les premières victimes de la stratégie des deux régimes. JOEL SAGET / AFP

Selon Sepideh Farsi, les civils sont les premières victimes de la stratégie des deux régimes. JOEL SAGET / AFP

 

l'Iran a riposté à l'agression militaire d'Israël. Depuis 6 jours, c'est l'escalade militaire avec des victimes civils de par et d'autre. Depuis 6 jours, les médias tentent de nous convaincre que l'Iran est le méchant. Ils portent sans retenue les arguments du gouvernement d'extrême droite israélien conduit par Natanyahou. La réalisatrice iranienne Sepideh Farsi rééquilibre les choses dans son entretien avec l'Humanité.

 

Alors que les bombardements s’intensifient entre Tel-Aviv et Téhéran, Macron a exprimé mercredi, de manière hasardeuse, son inquiétude à propos des bombardements israéliens lancés contre des cibles autres que les sites nucléaires iraniens. De son côté, Trump continue de laisser planer le doute sur une intervention américaine.

 

Dans un communiqué publié par l’Élysée mercredi soir, Macron a exprimé « sa préoccupation » sur les « frappes israéliennes qui visent (…) des objectifs sans lien avec le programme nucléaire » iranien. Un propos qui légitime, de fait, la possibilité pour un État de viser ce type d’infrastructures bien que le droit international l’interdise fermement comme ce fut le cas avec le ciblage par les Russes de la centrale de Zaporijia en Ukraine.

 

Pendant ce temps, l’Iran a appelé les habitants de la ville israélienne d’Haïfa à évacuer les lieux en vue de bombardements imminents, d’après la télévision iranienne. Un message déjà partagé la veille par le chef d’état-major des forces armées, s’agissant d’Haïfa, mais aussi de Tel-Aviv.

 

Washington organise l’évacuation, Tel-Aviv prépare l’escalade

 

Outre-Atlantique, tandis que Trump continue de laisser planer la menace de l'entrée en guerre des USA aux côtés de son allié, le 1er ministre israélien d’extrême droite Netanyahou, les États-Unis préparent l’évacuation volontaire de leurs ressortissants d’Israël. L’opération se déroulera par avion et par bateau. « Je tiens à remercier le président Trump, un grand ami de l’État d’Israël », a par ailleurs déclaré Netanyahou à l’occasion d’une déclaration télévisée, avant d’ajouter sans ambiguïté : « Je le remercie pour le soutien que les États-Unis nous apportent dans la défense du ciel israélien ».

 

Le quartier général de la sécurité intérieure iranienne à Téhéran détruit

 

Alors que Paris recommande aux Français basés à Téhéran de s’en éloigner, le quartier général de la sécurité intérieure iranienne, situé au sud-est de la capitale, aurait été détruit a affirmé Israël. Le ministre de la défense a promis de continuer à « frapper les symboles de la gouvernance et à frapper le régime de l’ayatollah (Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique, N.D.L.R.) où qu’il se trouve ».

 

D'épaisses fumées noires sont visibles dans le ciel iranien, résultat de puissantes explosions. Avec les destructions des infrastructures, le nombre de victimes iraniennes s'alourdit d'heure en heure. Le chiffres de 600 morts paraît sous-estimé. Il y a également des pénuries, un manque d’abris. Les gens ne savent pas où aller. Ceux qui avaient les moyens sont partis dès les premières bombes, pour fuir Téhéran.

 

Au Kurdistan iranien, du fait de l’afflux de réfugiés, la nourriture, l’eau, l’essence et l’électricité viennent à manquer. Un chaos monstrueux s’est installé. Il s’ajoute au sentiment d’insécurité puisque les métros, dont le gouvernement avait promis qu’ils resteraient ouverts, ont finalement été fermés par peur du débordement. Les gens sont cloîtrés chez eux et n’ont nulle part où se réfugier.

 

La réalisatrice Sepideh Farsi témoigne à l'Humanité...

 

Selon la réalisatrice iranienne, dans la société "monte un sentiment de colère vis-à-vis du régime, mais aussi vis-à-vis de l’assaillant israélien. Ses attaques sont considérées injustes par une population qui est hostile au régime." "Les gens sont désillusionnés : le pouvoir est incapable de gérer quoi que ce soit. La population est épuisée. Le pouvoir iranien est un tigre de papier. La seule chose qu’il peut faire, c’est réprimer".

 

Le 11 juin, un jour avant les bombardements, Mojahed Kourkour, dissident arrêté au moment du mouvement « Femme-Vie-Liberté », a été exécuté. Les dissidents sont ciblés, il y a de nouvelles arrestations, certains sont taxés d’être des agents du Mossad. Il y a un sentiment de colère qui ne peut s’exprimer ouvertement. "Tout ce qui noircit l’image du régime est passible des pires peines. L’Iran est un navire sans capitaine sauf pour la répression. Les gardiens de la révolution et les bassidjis (milices chargées de la sécurité intérieure et extérieure – NDLR), eux, continuent d’exercer leur sinistre métier." explique Sepideh Farsi. Côté Israélien la situation n'est pas meilleure avec un régime autocratique fragilisé par ses volontés guerrières et barbares, qui depuis des mois fait la guerre aux pays du Moyen Orient, organise le génocide des Palestiniens de Gaza, colonise chaque un peu plus la Cisjordanie avec l'appui des militaires et a abandonné les otages encore détenus à Gaza.

 

En Iran, les menaces proférées à grand renfort de versets du Coran et en Israël par des passages de la Torah, comme moyen de conserver le pouvoir, sont troublantes des deux côtés. Il y a chez Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite, beaucoup de choses qui ressemblent aux dirigeants de la République islamique. "Pour eux, le sort de la population civile ne compte pas. Comme la République islamique, Netanyahou met les Israéliens en danger, et les expose aux bombardements iraniens." explique Sepideh Farsi. 

 

En Israël, on fait taire la société civile. On constate une droitisation et un glissement vers la théocratie. Le régime iranien profère des menaces à l’égard d’Israël depuis le début de son existence. "Mais en agressant l'Iran et en violant le droit international de cette manière, Netanyahou a torpillé les négociations sur le nucléaire qui permettaient une sortie sans guerre en cas de signature d’un accord." selon la réalisatrice. 

 

Il est profondément choquant voire obscène de voir "l’Occident" pratiquer le deux poids deux mesures. Tous ces pays sont signataires des conventions internationales des droits de l’homme, systématiquement bafouées. Les dissidents iraniens ont un sentiment d’abandon. "À chaque fois que le régime s’est trouvé fragilisé et que l’opposition gagnait du terrain, l’Europe et les pays occidentaux négociaient avec le pouvoir. Ce qui lui permettait de sortir de son isolement. Nous aurions pu espérer renverser ce régime de l’intérieur, sans guerre. Aujourd’hui, le régime vit l’un des moments les plus difficiles de son histoire. C’est ce moment qui est choisi pour initier une guerre. À chaque fois que des mouvements de l’intérieur sont puissants, avec des messages pacifistes, ils ne sont pas soutenus." insiste Sepideh Farsi

 

Les situations en Iran et à Gaza sont comparables. Les deux sont sous les bombes. Il y a aussi un sentiment d’abandon. À Gaza, le Hamas n’est pas capable de tenir ses promesses ou de gérer la situation après le 7 octobre qui a ouvert les portes de l’enfer pour les civils palestiniens. Côté iranien, les menaces proférées à l’encontre d’Israël depuis des décennies sont creuses et ont précipité le pays dans la pire guerre que l’on puisse imaginer. Le pouvoir est incapable de gérer cette situation et la population civile en paye le prix cher, selon Sepideh Farsi.

 

Sources l'Humanité

Publié dans Israël, Iran, Moyen Orient

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