Le 9 juin à Montargis, la gauche était vent debout contre les fascistes européens !
La 9 juin dernier, les syndicats, associations, élus et partis de gauche se sont rassemblés à Montargis, en signe de résistance à l’extrême droite et pour faire entendre les voix du monde rural.
Plus de 4000 personnes ont manifesté. Agnès Hardouin porte fièrement la banderole du parti communiste. « Je viens de l’ouest du département, à plus de 100 kilomètres mais aujourd’hui ma place est ici », sourit la syndicaliste CGT et militante du Parti communiste depuis plus de cinquante ans.
Ce lundi 9 juin, elles et ils étaient rassemblés-es à Montargis (Loiret) pour porter les voix de la gauche contre le rassemblement des partis d’extrême droite européens, à quelques kilomètres de là. À 10h30, le flot de drapeaux s’est élancé à travers les rues étroites de la Venise du Gâtinais, rythmé par les percussions et les « Siamo tutti antifascisti ». « Le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève », ont chanté les manifestants.
Les élus-es de gauche, députés, sénateurs et eurodéputés se sont libérés pour accompagner les forces syndicales et associatives dans la contre-attaque : « Depuis les dernières élections législatives, c’est le premier grand rassemblement convoqué par la société civile, les organisations syndicales en tête. Il fallait répondre présent », affirme Pouria Amirshahi, député de Paris, apparenté Les Écologistes. « Il est important de montrer que nous ne sommes pas condamnés à subir l’extrême droite raciste, xénophobe, homophobe », ajoute l’eurodéputée insoumise Manon Aubry.
Front commun contre les idées réactionnaires
Du côté des syndicats, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, s’est voulue rassurante, mais pragmatique :
« Il n’y a pas de fatalité. Il y a un an en France, les organisations syndicales et la société civile ont barré la route à l’extrême droite. Nous sommes ici pour dire que notre détermination est intacte et que nous serons toujours là. Mais nous envoyons aussi un message : l’extrême droite prospère sur le déclassement du travail, le déclassement de nos industries, de nos services publics. Pour la combattre, il faut des perspectives sociales rassembleuses. Il faut des forces politiques qui affrontent le capital et qui permettent de renouer avec le progrès social et sociétal. »
À ses côtés, son homologue espagnol Pepe Alvarez, de l’UGT (Union générale des travailleurs), a fait le déplacement depuis Madrid. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a également pris la parole contre l’extrême droite lors de ce rassemblement :
« Les idées d’extrême droite n’ont jamais été favorables aux travailleurs et travailleuses. Dans tous les pays européens, ils ont toujours voté contre les mesures de pouvoir d’achat, contre la protection des travailleurs et des travailleuses. Ils ont surtout toujours apporté des idées à l’inverse de la représentation collective de ces derniers. Donc c’est à la fois la démocratie et la démocratie sociale qui sont menacées ».
En réponse à la démonstration de force voulue par les dirigeants fascistes dans ce territoire enclavé, élus et militants ont insisté sur la nécessité de faire entendre les voix de la gauche rurale.
« Les territoires ruraux sont stigmatisés. Je salue les forces vives du Loiret qui ont organisé cette mobilisation », exprime Pouria Amirshahi.
« Nous voulons montrer que la gauche est présente et qu’elle se soucie de la ruralité », abonde Hélène Menou, des Écologistes du Loir et Cher, inquiète de la volonté du milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin d’ouvrir en Sologne une école de « lutte idéologique » ultra-réactionnaire réservée aux garçons. Un projet contre lequel les organisations de la région sont déjà mobilisées.
De son côté, le sénateur PCF de Paris Ian Brossat voit dans la mobilisation de
« toute l’internationale réactionnaire dans de département » un « grand moment de vérité » : « Nous voyons bien qui sont les alliés du Rassemblement national. Dis-moi qui te soutient, je te dirai qui tu es.
Aujourd’hui, Marine Le Pen fait le choix de se placer sous la tutelle de Monsieur Orban, qui mène en Hongrie une politique très agressive contre les droits des travailleurs et contre les droits des femmes par exemple. Voilà à qui nous avons affaire. »
Présence surprise des Jeunes avec Macron
Au milieu du cortège, quelques jeunes macronistes qui passeraient presque inaperçus, si l’on ne s’attardait pas sur leur tee-shirt floqué du slogan de la campagne européenne de 2024, « Besoin d’Europe ».
« Nous manifestons car la vision de l’Europe que porte le RN n’est pas la nôtre. Nous souhaitons rappeler, au-delà des clivages, que nous n’allons pas abandonner nos campagnes. Il ne faudrait pas que notre présence surprenne. La gauche est accueillante », s’amuse Louis Roquebert, vice-président des Jeunes avec Macron.
Son grand sourire ne suffit pas à faire taire les récriminations des militants de gauche autour de lui : « Alors, Bruno Retailleau vous rejoint bientôt ? », « Sérieux les gars, c’est pas trop l’endroit ! ».
Heureusement, cette intrusion n’était qu’une aiguille dans une grande botte de foin joyeusement solidaire à quelques encablures du raout des fascistes européens.