Semaine cruciale pour Lecornu...
Passé les 10 premiers jours avec pour premier acte, les réunions à Matignon avec les partis politiques et les partenaires sociaux sur fond de mobilisations avec le 10 septembre suivi du 18 septembre avec un millions et 100 000 manifestants, le Premier ministre Lecornu n'a toujours pas nommé de gouvernement et débute ses travaux d'Hercule pour trouver un budget 2026 qui lui permette de rester en place.
A ce jour très silencieux, il sait la tâche insurmontable entre d'un côté Macron qui veut imposer la même logique de Bayrou, c'est à dire l'austérité prônée par Bruxelles, et d'un autre les demandes sociales qui l'obligent à des "ruptures" avec la logique économique suivie depuis 2017 qui a conduit le pays dans le mur !
Comment va t-il dégager des points d'accord pour pouvoir dire ce qu'il va faire. « Il ne veut prendre personne en traître avec la copie qu'il présentera, c'est quelque chose qu'il va coconstruire, tout cela va prendre un peu de temps », prévient son entourage.
Tous est sur la table...
Le 1er ministre a tenu, après l'abandon du vol des deux jours fériés, à donner quelques signaux : aux élus avec la décentralisation et le statut d'élu local, et à la droite avec sa mission d'Etat efficace. C'est du gadget au regard des grandes thématiques mises sur la table et bien connues de chacun. Le pouvoir d'achat des Français est la donne prioritaire et passe à la fois par le relèvement des salaires et plus de justice fiscale en mettant à contribution les super-riches et le capital. L'Extrême droite et la droite en difficulté, de leur côté mettent l'accent sur le régalien et l'immigration.
La question de l'abrogation de la retraite à 64 ans est revenue avec force, pour désamorcer cette exigence, Lecornu pourrait être tenté de rapprocher le patronat de la CFDT sur des points issus du conclave permettant à la CFDT de basculer dans une certaine neutralité. Mais cela sera très compliqué, la centrale de Marylise Léon a été claire avec la déclaration intersyndicale extrêmement ferme, donnant jusqu'à mercredi à Lecornu pour répondre aux revendications syndicales communes dont « l'abandon du recul de l'âge de la retraite à 64 ans ».
Les huit organisations appelleront à une journée de grève et de manifestations si elles estiment que le 1er ministre reste sur l'ancienne logique rejetée massivement par les Français.
Les syndicats reçus mercredi à Matignon
Ce front uni est un élément important du rapport de force. Cela n'a pas échappé au 1er ministre. Après avoir dit qu'il recevrait à nouveau les « forces syndicales », il leur a, samedi, adressé un signal fort en proposant de recevoir les huit numéros un, ensemble, ce matin 24 septembre. Cette réunion multilatérale se fera sans le patronat. Il est vrai que le Medef est surtout mobilisé pour tenir une grande manifestation contre toute hausse d'impôt et pour sauvegarder ses privilèges et notamment les 211 milliards d'aides publiques sans condition versés par l'Etat aux entreprises chaque année et sans se poser la question du déficit budgétaire.
Que lâchera Lecornu aux syndicats pour qu'ils mettent la pédale douce sur les mobilisations pour lesquelles la CGT joue un rôle pilote dans les entreprises et dans les départements. Sébastien Lecornu semble avoir compris la nécessité d'élargir le cercle des discussions avec les syndicats avec l'idée de jouer la division entre eux.
Qui fera des concessions ?
« Un accord de non-agression avec la CFDT ne suffira pas », avance un proche de Lecornu et la discussion avec les partis politiques va évidemment se poursuivre en même temps à celle avec les syndicats. Avec une question cruciale : qui fera des concessions à Lecornu et donc à Macron mis sur la sellette ?
Quand les enchères sont montées haut, il est difficile alors de faire des concessions sans donner l'impression de se coucher. LFI joue l'échec immédiat de Lecornu et passe son énergie à mener bataille pour la destitution de Macron, l'Extrême droite veut une "rupture" avec le macronisme ou le retour aux urnes avec une dissolution de l'Assemblée, les Communistes proposent un pacte pour une issue à la crise et pour la croissance avec une logique radicalement opposée à celle imposée par Macron depuis 2017.
Il reste le PS ? Est-il capable de ne pas répondre aux exigences de sa base ? Des mesures techniques répondraient-elles aux enjeux et aux attentes ? Il y a des signaux à donner, à envoyer en pensant aussi à Macron. Il semblerait donc que tout se jouera avec les mobilisations. C'est le rapport des force et son expression dans l'action du plus grand nombre qui sera décisif pour les semaines et mois à venir. C'est la seule chose qui fera bouger les lignes !
En fin de semaine à Arras (Pas-de-Calais), Lecornu a tenu un discours de remobilisation des macronistes, les appelant à défendre le bilan mais aussi à êtres, « plus humbles », car des choses n'ont pas été bien faites. « Le pays change, si on ne montre pas que nous changeons nous aussi, ce sont les Français qui nous changeront », a prévenu Lecornu. Un message pour des concessions pour la stabilité, qui semblait s'adresser au-delà des seuls parlementaires macronistes. Mais les macronistes en sont-ils capables ?
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