La macronie s’enferre dans le déni. Par Laurent Mouloud de l'Humanité

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Sur France 2, Sébastien Lecornu, premier ministre démissionnaire, a annoncé un délai de 48 heures avant la nomination de son successeur par Emmanuel Macron. © Ludovic MARIN / AFP

Sur France 2, Sébastien Lecornu, premier ministre démissionnaire, a annoncé un délai de 48 heures avant la nomination de son successeur par Emmanuel Macron. © Ludovic MARIN / AFP

 

 

Il n’y avait pas grand-chose à en attendre. Sans surprise, la « mission flash » de 48 heures menée par Sébastien Lecornu n’a pas apporté de solution miracle à la crise politique dans laquelle Emmanuel Macron a plongé le pays. Ni donné d’indice sur l’identité du prochain locataire de Matignon – la patate chaude est renvoyée au chef de l’État.

 

Mais le premier ministre démissionnaire a, néanmoins, énuméré les futurs sujets qui fâchent. Et parmi eux, la réforme des retraites. « Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu », a concédé Sébastien Lecornu, au grand dam de la droite et des milieux patronaux. Il était temps.

 

Rien d’étonnant à ce que la réforme des retraites soit, aujourd’hui, au cœur de toutes les négociations. Elle demeure une profonde ligne de fracture politique. Mais pas seulement. Elle est aussi l’emblème de la présidence jupitérienne d’Emmanuel Macron : un texte technocratique, élaboré sans concertation, destiné avant tout à satisfaire les marchés financiers sur la maîtrise des dépenses publiques, le tout adopté par 49.3 au mépris de la représentation nationale, de millions de manifestants et d’une opinion publique largement hostile… Un condensé d’arrogance antidémocratique et antisociale. Une rupture entre la minorité de la France « d’en haut » et la majorité de la France « d’en bas ».

 

Voir aujourd’hui ce totem macroniste vaciller sur ses fondations est une victoire pour la gauche et les organisations syndicales. La démonstration que l’on ne dirige pas un pays contre lui-même.

 

Désormais, quelle que soit la décision du chef de l’État dans les heures ou les jours qui viennent, une évidence s’impose : aucun exécutif ne pourra espérer apaiser la crise sociale et politique sans suspendre ou abroger cette réforme ni prendre en compte les attentes réitérées par les Français en matière de justice fiscale, de pouvoir d’achat et de contrôle des aides publiques aux entreprises.

 

Toute autre option reviendra à prolonger l’impasse d’une Macronie à l’agonie. Et le déni démocratique sur lequel elle tente de survivre depuis bien trop longtemps.

 

Laurent Mouloud Editorial de l'Humanité

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