Le 7 octobre 2023 est un crime épouvantable. On le condamne avec vigueur mais évitons de réécrire l'histoire sous l'effet de l'émotion ou de l'esprit de revanche !
Condamner avec vigueur le Hamas coupable d'un acte terroriste inqualifiable, ne saurait être un prétexte pour taire le génocide des gazaouis qui suivit par le gouvernement fasciste de Nétanyahou !
Peut-on commémorer un carnage en en oubliant un autre ? Telle est la question qui se pose deux ans après l’attentat terroriste du 7 octobre. Un article de Jack Dion posté sur Linkedin.
Fort normalement, les médias se sont mobilisés pour rendre compte des initiatives prises à cette occasion. On a pu entendre des Juifs raconter le drame qui a endeuillé toute une communauté, des témoignages souvent bouleversants et une peur justifiée de l’antisémitisme.
Mais curieusement, rares étaient ceux qui osaient évoquer la catastrophe quotidienne vécue par les Palestiniens en général et les Gazaouis en particulier, comme si les 1200 morts assassinés par un Hamas sanguinaire devaient faire oublier les 66.000 morts écrasés par le rouleau compresseur israélien, dont 20.000 enfants.
Certains argueront que le Hamas porte la responsabilité de l’engrenage meurtrier. Singulière manière de réécrire une histoire qui a commencé en 1948, lors de la création d’Israël au prix de milliers de morts palestiniens et de 700.000 expulsés obligés de fuir pour éviter une mort assurée par ceux qui, alors, se comportaient en terroristes patentés.
La suite a été la longue et sanglante histoire d’une colonisation rampante, jusqu’à la transformation de la Cisjordanie en terre de conquêtes coloniales et au génocide en cours à Gaza, pour reprendre un mot qui fait réagir de bonnes âmes soudain pointilleuses avec le vocabulaire.
Pour avoir utilisé la formule interdite, sur France Inter, l’animateur Nagui a été l’objet d’un procès de la pire espèce. Il avait pourtant dénoncé le 7 octobre sans détour. Mais parler de « génocide » à Gaza, c’est franchir la ligne rouge. On peut, comme Raphaël Glucksmann, le faire à propos des Ouïgours de Chine, mais quand il s’agit des Palestiniens, la réserve s’impose. Ainsi s’instaure une grille de lecture émotionnelle à deux vitesses. S’il s’agit des otages israéliens, il n’y a pas de limite à l’apitoiement. S’il s’agit des Palestiniens bombardés, affamés, pourchassés, la prudence verbale s’impose, vu que l’ombre d’un militant du Hamas rode derrière tout Gazaoui.
Il est d’ailleurs significatif d’entendre si souvent sur les ondes des représentants du gouvernement israélien, ou leurs porte-paroles officieux. Ils sont traités avec déférence et respect, comme si le simple fait de les contredire pouvait être assimilé à de l’antisémitisme. En revanche, les Palestiniens brillent par leur absence sur les plateaux télévisés, à croire qu’ils sont analphabètes, ou que l’on hésite à inviter des gens suspectés d’avoir un jour faire la rupture du jeûne avec un fan du Hamas.
La sympathie avec un pouvoir israélien composé de racistes et de fascistes, passe encore ; mais l’accointance avec des personnes osant revendiquer pour leur peuple le droit à la souveraineté, pas question. Ainsi perdure une présentation manichéenne à peine troublée par l’irruption de personnalités israéliennes qui osent appeler un chat un chat ; une colonisation, une colonisation, et une extermination, une extermination.
Jack Dion
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