Le capitalisme prépare Gluksman à relever Macron. Qui est cet homme politique propulsé par les médias libéraux et la Social Démocatie ?

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Le capitalisme prépare Gluksman à relever Macron. Qui est cet homme politique propulsé par les médias libéraux et la Social Démocatie ?
Entre 2009 et 2012, l’essayiste Raphaël Glucksmann, fut l’indispensable « conseiller spécial » du président Géorgien pro-occidental Mikhaïl Saakachvili, au point d'être au cœur de discussions sur l’importation d’armes en violation d'embargo en vigueur... 
 
 
La première rencontre entre les deux hommes, date de 2004, à Kiev. En pleine révolution orange, Raphaël Glucksmann tourne un documentaire sur les mobilisations contre Moscou. De son côté, Mikhaïl Saakachvili, alias « Micha », a été élu président de la Géorgie. Entre les deux hommes, c’est un coup de foudre. Et un même vœu : que les anciennes républiques soviétiques se rapprochent de l’Occident capitaliste.
 
 
Les années suivantes, Glucksmann multiplie les voyages à Tbilissi, la capitale géorgienne, séjournant souvent à l’hôtel Ambassadori, à deux pas de la présidence. L’ambiance du tout nouveau régime le happe. En août 2008, alors que les troupes russes envahissent la Géorgie après que Saakachvili ait décidé de récupérer l’Ossétie du Sud par la force, Raphaël Glucksmann le soutient face à la Russie qui est son obsession. Dans Libération, il écrit :
 
 
« Certes Saakachvili n’est pas Gandhi, mais sous son impulsion, la Géorgie changé de visage. La corruption a été presque réduite à néant, les journalistes étrangers y jouissent d’une liberté totale, les élections s’y déroulent sous le contrôle des organisations internationales, l’économie décolle sans rente pétrolière, le gouvernement est formé de jeunes gens dont la double nationalité américaine, anglaise ou israélienne fait ressembler Tbilissi à une Babel occidentale plantée au cœur du Caucase ».
 
 
Avec son père, André Glucksmann, le jeunes Raphaël avait soutenu l’atlantiste Sarkozy à la présidentielle de 2007. Mais, en août 2008, si Sarkozy sauve le régime de Saakachvili en négociant un cessez-le-feu, il confie de fait à la Russie l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. C'est insupportable pour Raphaël Gluksmann qui milite alors auprès des néoconservateurs parisiens, ceux de la revue Le meilleur des mondes et du cercle dit de l’Oratoire, comme le philosophe Pascal Bruckner ou le cinéaste Romain Goupil, qui ont soutenu l’intervention américaine en Irak.
 
 
Opération de lobbying
 
 
Du jour au lendemain, Glucksmann débarque en Géorgie. Il était motivé par sa conviction antirusse, mais il n’était pas un agent yankee, tient à préciser un Français qui l’a côtoyé en Géorgie et qui connait les fantasmes suscités par son parcours: "Il a de vraies convictions, il aime être dans le fond de l’action". Un second petit BHL en somme. Les Américains sont alors omniprésents en Géorgie et, on peut penser logiquement que le jeune "conseiller" de Micha a forcément dû composer avec eux.
 
 
Modeste conseiller technique, simple plume, ou conseiller du soir ? Non "conseiller spécial" du président, assure un habitué du Palais présidentiel géorgien. Raphaël Glucksmann « passait entre dix sept et dix huit heures par jour avec Saakaschvili, il était en permanence avec lui, c’était son ombre ». Il lui est arrivé de rencontrer Madeleine Albright, chargée de représenter Barack Obama.
 
 
A l’ambassade française, cette omniprésence n’échappe à personne.
 
 
A la fin des années 2000, Glucksmann est comme chez lui en Géorgie. Il connaît tous les ministres, responsables politiques, hauts gradés et chefs d’état-major. Un tropisme militaire car les Russes menacent, et le président Saakachvili veut augmenter ses capacités militaires et renouveler son armement dans le cadre de l’OTAN. Les premières discussions en ce sens commencent un an avant la guerre de l’été 2008, notamment avec des acteurs français de la Défense, et se prolongent ensuite tant bien que mal.
 
 
Après les accords obtenus par Sarkozy entre Russes et Géorgiens, un embargo sur les armes, certes officieux mais bien réel, est instauré contre Tbilissi : Moscou veille à interdire toute importation d’armes dans la petite république du Caucase. Si les occidentaux n’ont pas officiellement apporté leur soutien à cet embargo, dans les faits, ils le respectent, de peur de déplaire à la Russie.
 
 
La Géorgie doit donc mobiliser des canaux parallèles pour récupérer des armes, anticipant une nouvelle offensive russe quitte à violer l'ambargo. Devenu conseiller du président Saakachvili en janvier 2009, Glucksmann organise de nombreuses réunions entre des généraux et des financiers géorgiens ainsi que des marchands d’armes à la présidence et permet aux mêmes de visiter une base militaire. Lors de ces rencontres, Glucksmann reste discret ; il est d’abord les yeux et les oreilles du président, lui transmettant des compte-rendus détaillés.
 
 
Au cœur des discussions la modernisation des avions soviétiques Sukhoï Su 25 ou d’hélicoptères. Pour contourner l’embargo russe, Glucksmann et ses amis géorgiens entament des discussions avec ATE, une discrète entreprise d’armement proche du groupe Dassault et des milieux de défense israéliens, cofondée par deux Français en Afrique du sud au beau milieu de l’apartheid dans les années 1980, et qui s’est fait une spécialité de contourner les embargos.
 
 
Les Sud-Africains se sont spécialisés dans la modernisation de matériels russes.
 
 
Dans les années 1990, ils en ont fourni à l’Algérie pour combattre le GIA. Raphaël Glucksmann le savait, lui qui avait fait un stage de journalisme au Soir d’Algérie et dont le père était proche des généraux du régime algérien. A cette époque, Glucksmann se rend régulièrement à Paris. Il côtoie les réseaux franco-géorgiens et multiplie les rendez-vous dans les palaces, parfois au Plazza Athénée, pour faire avancer les dossiers d’armement de la Géorgie. Il rencontre Alexandre Vulic conseiller de Pierre Lellouche, secrétaire d’État aux Affaires européennes, au cœur des réseaux franco-américains, et assure le lien avec Mamuka Kudava, ambassadeur géorgien en France, tout en mettant en œuvre un lobbying intense auprès des pouvoirs publics et des médias.
 
 
Un activisme considéré comme "une résistance à la Russie" dont Macron a besoin pour son idéologie de guerre.
 
 
Des connexion à … Washington. Dans cette dernière mission, il s’aide de son ami Felix Marquant, rencontré chez ses parents. Cet Austro-Américain, lobbyiste et communiquant, grand mondain à Paris, conseillait aussi Saakachvili et organisait des voyages en Géorgie à l’époque.
 
 
En octobre 2010, les deux compères publient dans le Figaro une tribune s’interrogeant sur l’émergence de la Chine. Le même mois, Feliz Marquant organisait à Paris un grand diner en l’honneur de Noursoultan Nazarbaïev président autocrate du Kazakhstan, en présence d’une partie de l’élite politico-industrielle française.
 
 
La « Géorgie connexion » de Glucksmann serait incomplète si l’on oubliait la lobbyiste Zoe Reyners, qui l’aide actuellement pour sa communication politique : il y a quinze ans, cette dernière travaillait déjà pour sa société Noe Conseil afin de faire connaitre la Géorgie à l’opinion publique occidentale.
 
 
Elle aussi a eu un coup de foudre : naturalisée géorgienne, Zoé Reyners s’envole un temps à Washington pour travailler à l’Ambassade de la petite république avant de devenir l’assistante de Saakachvili. Mais quand Micha perd les législatives de 2012, Glucksmann retourne à Kiev, pour participer au coup d'Etat de Maïdan, en compagnie de son épouse de l’époque, Eka Zgouladze, vice-ministre de l’intérieur de Géorgie entre 2005 et 2012, devenue vice-ministre en Ukraine, elle qui avait bénéficié d’une bourse américaine pour faire des études aux États-Unis.
 
 
Si l’on en croit le Monde, Raphaël Glucksmann se décrit alors comme « consultant en révolution ». Pour notre part, nous optons pour "consultant en contre-révolution" .
 
 
Sources : un article de Marc Endeweld publié dans Marianne .
Republiées dans Histoire et société

Publié dans Droite, Divers

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