Le système de santé "à bout de souffle", selon le président de l'Ordre des médecins

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Le système de santé "à bout de souffle", selon le président de l'Ordre des médecins

Depuis plusieurs mois, les personnels de santé et les syndicats dans les hôpitaux et les EHPAD attirent l'attention des responsables politiques, des patients et de l'opinion publique sur la gravité de la situation de notre système de santé. De nombreuses mobilisations ont lieu.

Alertés, les parlementaires communistes ont engagé un tour de France des hôpitaux et des EHPAD où ils recueillent témoignages, avis, idées et propositions. A plusieurs reprises ils sont intervenus à l'Assemblée Nationale ou au Sénat et ont réclamé des mesures d'urgence.

Le gouvernement veut remettre à plat un certain nombre de choses mais sur le fond, il n'entend rien et se contente de s'accrocher aux mêmes logiques comptables et d'austérité qui prévalent depuis 15 ans et ont conduit notre système de santé en crise profonde et grave.

D'où l'alerte, de professeurs, de médecins et de chercheurs spécialisés dans la santé et confrontés aux dysfonctionnements actuels, sources d'une dégradation des conditions de travail des personnels et de mise en danger des patients.

Dans l'Humanité de ce week-end c'est Emmanuel Vigneron, Géographe de la santé et professeur à l'Université de Montpellier qui tire la sonnette d'alarme.

Hier dans un entretien au "Journal du dimanche", c'est Patrick Bouet, Président du Conseil de l'ordre des médecins, qui alerte et plaide pour une "réforme globale" du système de santé.

C'est Philippe Halimi, le chef du service radiologie à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris qui publie avec Christian Marescaux "Hôpital en détresse, patients en danger", et alerte sur les dérives du management appliqué à l'hôpital public français. Ils dénoncent un système qui est en train de péricliter. "L'organisation hospitalière est remplie de dysfonctionnements majeurs. Si on continue dans cette direction, cela met en cause la survie de l’hôpital public." Le professeur dénonce également le "comportement autoritaire des directions hospitalières qui méprisent et humilient le personnel et les considèrent comme des pions".

Philippe Halimi est président-fondateur de l'association nationale Jean-Louis Mégnien, qui lutte contre le harcèlement moral et la maltraitance dans l'hôpital public. L'association porte le nom d'un cardiologue qui s'est suicidé en décembre 2015 à l'hôpital Georges-Pompidou. 

"Il y a urgence à tout repenser de fond en comble". Patrick Bouet demande au gouvernement "une réforme globale" du système de santé qu'il juge "à bout de souffle", dans un entretien au Journal du dimanche. "Nous sommes vraiment arrivés à la fin d'un cycle", déclare Patrick Bouet, auteur du livre Santé : Explosion programmée (éditions de l'Observatoire) qui paraît mercredi.

"Si la machine continue de tourner, c'est grâce à l'engagement des aides-soignantes, des infirmiers, des kinés et des médecins, étudiants, libéraux ou salariés du public et du privé. C'est miraculeux qu'ils continuent de croire en leur mission !, ajoute ce médecin généraliste en Seine-Saint-Denis. Emmanuel Macron s'était engagé à réformer les retraites mais il n'avait pas prévu de s'attaquer au système de santé. Aussi nous craignons que le projet en préparation au ministère de la Santé soit plus un cataplasme que la réforme globale attendue par l'ensemble de la population."

"L'économie de la santé et ses disciples ont imposé leur dictature"

Il estime que "toutes les réformes successives n'ont eu qu'un seul but : assurer l'équilibre budgétaire. Cela donne le tournis, un plan de retour à l'équilibre chaque année !" "L'économie de la santé et ses disciples ont imposé leur dictature dans les cabinets ministériels, la haute administration, au détriment de l'exigence de solidarité et d'innovation thérapeutique", ajoute-t-il.

Patrick Bouet juge que "la réforme du système de santé ne peut pas se cantonner à un toilettage de la T2A", la tarification à l'activité des hôpitaux. "Un autre problème important est le regroupement des établissements en groupes hospitaliers de territoire qui s'achève, selon lui.

La fausse bonne idée était de mutualiser les ressources et d'assurer une meilleure rentabilité en supprimant des services, en organisant des achats groupés. Dans les faits, cela ne fonctionne pas."

Cela conforte l'opinion des communistes qui constatent que beaucoup de monde est d'accord sur les causes de la situation et trouve nécessaire de rompre avec les dogmes libéraux qui ont prévalu ces 15 dernières années dans la santé. Le débat porte plus sur les solutions à mettre en oeuvre afin que notre politique de santé soit républicaine en faisant "vivre les idéaux de justice et d'égalité" comme le précise Emmanuel Vigneron dans son interview à l'Humanité.

Il y a deux volets à traiter simultanément d'une part l'immédiateté et d'autre part le long terme.

Il y a urgence à apporter de suite des réponses aux situations devenues insupportables et dangereuses tant pour les personnels et les patients. C'est ce que les communistes appellent plan d'urgence avec des créations d'emplois, des mises en formation massive tant dans les hôpitaux que les EHPAD, l'arrêt des restructurations, fermetures d'établissements de santé et de lits.

Ce plan d'urgence immédiat doit s'inscrire dans une logique de long terme visant à répondre aux besoins humains et ayant plusieurs axes afin de répondre à l'ensemble des problèmes rencontrés dans la santé tout en se fixant le développement comme objectif majeur. Ce qui nécessitera de faire des choix forts pour le financement. Il ne faudra plus bricoler comme tente de le faire le chef de l'Etat et son gouvernement avec veulent leur voler une journée de congé  qui les salariés devraient travailler gratuitement.

Publié dans Services Publics

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