USA : le mouvement de contestation ne faiblit pas !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

USA : le mouvement de contestation ne faiblit pas !

Deux mois après l'assassinat de George Floyd, la contestation aux USA ne faiblit pas et connaît un rebond important. A Portland, la police a du investir les rues pour réprimer les manifestants. Les dockers ou les chauffeurs de bus ont fait grève par solidarité. Trump cherche à briser le mouvement, mais il ne fait que le raviver.

Partout dans le pays à Los Angeles, Seattle, Richmond… les colères s'expriment dans les manifestations massives, des émeutes ont repris, des barricades se lèvent où s’affrontent les manifestants et les forces de l’ordre. Trump menace d’autres villes, elles seraient soumises à une intervention fédérale avec le déploiement de 75 000 policiers fédéraux à New York, Chicago, Cleveland, Milwaukee, Philadelphie, Detroit, Baltimore, Oakland et Albuquerque…

Les revendications, les manifestants ne contestent pas seulement le rôle de la police, sont bien plus larges. La crise sociale est profonde et le gouvernement Trump s’attend à une éruption des protestations sociales. Ils préparent une répression terrible. Il s’était déclaré président de «l’ordre rétabli», menaçant d’invoquer la loi de 1807 sur l’insurrection afin de qualifier les personnes qui protestent contre la violence policière de «terroristes domestiques».

Les médias français sont quasi muets sur la gravité de la situation étasunienne devenue une poudrière sociale et politique. La pandémie a exacerbé les inégalités et les dysfonctionnements avec toutes ses conséquences, de la société américaine et de ses institutions. La recherche implacable de profits et de richesses a créé les conditions de la révolte. Alors même que le virus se propage et que le nombre des morts augmente, le gouvernement Trump insiste pour que les travailleurs restent au travail ou y retournent et que les écoles rouvrent, peu importe les conséquences pour les enseignants et les élèves. 

- Chaque jour plus de 1.100 décès du covid 19. Au Texas, en Floride, en Californie, en Arizona et dans d’autres États, les hôpitaux sont débordés. les assurances privées font toujours la loi, les soins et médicaments sont si chers que les dépenses de santé sont plus élevées que dans n’importe quel autre pays riche, la pandémie met un coup de projecteur tragique sur les inégalités et sur la dramatique absence d’un système de santé collectif.

- Plus de 27 millions d’Américains n’ont aucune assurance maladie, soit 8,5 % de la population. 

- Les personnes les plus à risques ont subi de plein fouet la volonté du gouvernement de ne rien faire et montrent la fragilité du système de santé US soumis aux exigences du capital. 

- L'économie américaine a plongé de 32,9 % au deuxième trimestre. La crise économique frappe et fragilise les plus précaires.

- Les chiffres du chômage au mois de juin (Taux à 11.1%) reste bien supérieur aux 3,5 % du début d'année. Donald Trump, s'est félicité des chiffres : « Notre économie est en train de se remettre à vrombir », s'est-il réjoui. « Nous allons avoir un superbe troisième trimestre. La bonne chose, c'est que ces chiffres vont sortir juste avant l'élection, donc les gens pourront les voir ! »

- Les licenciements enregistrés au printemps ont été si massifs que le gain de 4,8 millions d'emplois en juin laisse encore des millions d'Américains sans travail. Au total, 17,8 millions de personnes étaient sans emploi en juin, soit 12 millions de plus qu'en février. Les économistes estiment que le taux de chômage réel se situerait au-delà des 16 %.

- Le moratoire sur les expulsions a expiré, menaçant des millions de gens. 23 millions de familles américaines, en retard sur le paiement de leur loyer à cause de la pandémie, risque d’être expulsées de leur logement d’ici fin septembre, des expulsions pourraient avoir lieu dans près de 30 % des logements locatifs du pays. En Virginie-Occidentale près de 60 % des locataires risquent ainsi d’être expulsés.

- Des millions de familles vont se retrouver dans la misère, sans abri et affamées. Pour les chômeurs, l’arrivée du mois d’août marque la fin d’une aide cruciale de 600 dollars par semaine, mise en place depuis avril, dans le cadre du plan de relance américain. “Cela pourrait entraîner une perte de revenus substantielle pour quelques 30 millions d’Américains”, a expliqué l’économiste Ernie Tedeschi. Selon ses calculs, cette mesure risque d’engendrer une baisse de 30 à 50 % des revenus de millions de chômeurs.

- Des milliers de salariés sont aujourd’hui face à un dilemme. Rappelés ces derniers jours par leur employeur, ils hésitent à revenir travailler par peur d’être contaminés. S’ils refusent : “ils risquent de perdre leurs allocations chômage”, rappelle le quotidien californien. “Les gens doivent choisir entre leur paie et leur santé”, résume l’experte en politique sanitaire Laura Stock, au Los Angeles Times.

- On estime que 16 millions de travailleurs américains ont perdu l’assurance maladie fournie par leur employeur.

Si la crise du coronavirus a porté un coup à l'économie mondiale, elle profite à quelques-uns. Entre le 18 mars et le 19 mai 2020, la valeur nette des 600 plus grosses fortunes américaines a augmenté de 434 milliards de dollars. Cela représente 398 milliards d'euros, et un bond de 15% en seulement deux mois.

Les cinq premiers milliardaires américains, Jeff Bezos, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Warren Buffett et Larry Ellison, ont à eux seuls gagné 75,5 milliards de dollars (69,3 milliards d'euros).

«Alors que des millions de personnes risquent leur vie et leur gagne-pain en tant que travailleurs mis en première ligne, ces milliardaires bénéficient d'une économie et d'un système fiscal qui est câblé pour canaliser la richesse vers le sommet», a déclaré Chuck Collins, directeur du programme sur l’inégalité à l’Institute for Policy Studies

Les milliardaires ont profité de la crise pour s’enrichir encore, alors que la grande masse de la population connait une situation désespérée. Les antagonismes de classe se révèlent au grand jour dans le système capitaliste. 

Trump à cent jours des élections présidentielles, peine à rassembler. Les défections s’enchainent, comme celle Colin Powell, ancien secrétaire d’Etat, Républicain, qui soutient le candidat démocrate.

Mais au Congrès, Démocrates et Républicains se sont mis d'accord en mars sur un plan de sauvetage avec un plan de 2.000 milliards de dollars, l'équivalent de 10 % du PIB américain, mais aucune mesure n'est prise pour les ménages. Les Américains risquent de ne pas s'y retrouver au moment de faire leur choix. A suivre.
 

 

Publié dans Amérique du Nord

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