L'Hôpital Necker ou une récupération politique qui ne grandit ni les médias ni le gouvernement...

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

L'Hôpital Necker ou une récupération politique qui ne grandit ni les médias ni le gouvernement...

La destruction de 15 vitres de l’hôpital Necker, en marge de la plus grande manifestation contre la loi Travail, le 14 juin, a suscité une vive émotion au travers des médias qui ont popularisé l'évènement à outrance. Mais 48 heures après ce déferlement d'informations tronquées, des membres du personnel dénoncent une récupération politique qui ne grandit pas leurs auteurs.

En quelques heures, l’hôpital Necker, à Paris, a été catapulté au cœur du débat politique. Le jour de la mobilisation et en marge de celle-ci, des vitres de l’établissement ont été brisées et des tags ont été aussi inscrits sur la façade. Un acte de vandalisme parmi beaucoup d’autres qui a suscité une émotion d'autant plus logique qu'il s'agit de l’hôpital, spécialisé dans les soins pour enfants malades. Il venait d’accueillir le petit garçon dont les deux parents ont été assassinés la veille par un extrêmiste radicalisé, Larossi Abballa.

Aussitôt, Francetv info déroule le récit. Un journaliste filme des individus brisant une quinzaine de vitres. A proximité, les casseurs affrontaient depuis une heure, les CRS à l’angle du boulevard des Invalides et de la rue de Sèvres. Soudain, un homme muni d’une masse est venu briser plusieurs baies vitrées de l’établissement. La scène a été filmée par un journaliste du Monde. En arrière-plan, on peut voir un second manifestant donner un coup de pied sur un carreau, avant que l’on entende un autre homme l’interpeller : « Eh, c’est un hôpital de gosses, putain ! » « J’ai l’impression que c’est un acte isolé. Aucun projectile n’a été envoyé contre la façade », explique le journaliste au Huffington Post.

Alors que la manifestation se poursuivait pacifiquement, les images se sont répandues comme une traînée de poudre. L‘AP-HP annonce qu’elle va porter plainte et Martin Hirsch, le directeur de l’établissement public, rappelle que « derrière les vitres visées, il y a des blocs opératoires ». « Pendant ces attaques, il y avait des enfants qui étaient opérés et des équipes soignantes au travail, sous les bruits et les menaces des projectiles. Les soins ont été perturbés », explique-t-il dans un message destiné au personnel. Les équipes que nous avons rencontrées sont sous le choc. On les comprend et on partage leur indignation, leur émotion. Rien ne peut expliquer ou justifier une violence tournée vers un hôpital. »

Aussitôt, les ministres s’emparent du dossier et sans plus d'informations menacent de limiter le droit de manifester. Le dossier fait boule de neige, lorsque Bernard Cazeneuve en rajoute annonçant au « 20 heures » de France 2 que le petit Mathieu était pris en charge dans l’hôpital Necker. Le lendemain, c’est Manuel Valls bien évidemment qui fait le déplacement pour constater les dégâts. « C’est la première fois, de mémoire, que l’on s’attaque à un hôpital (…). Des casseurs s’attaquent non seulement à des bâtiments publics, mais voulaient aussi tuer des policiers" , lance avec outrance le Premier ministre devant les caméras.

Comme des choses bien réglées, quelques heures plus tard et à huis clos lors du Conseil des ministres, François Hollande parle d’une « attaque vandale contre un lieu de solidarité qui discrédite tout ceux qui en sont à l’origine" , selon Le Parisien. A la sortie de ce rendez-vous, Stéphane Le Foll monte le ton et fait de la surenchère. « Il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes, je pense en particulier à ce qu’il s’est passé à l’hôpital, ne sont pas garantis », lance le porte-parole du gouvernement.

Des membres du personnel et un représentant du personnel dénoncent une récupération politique Droit de manifester, violences entre policiers et casseurs, assassinats terroristes : en l’espace de quelques heures, l’hôpital Necker est devenu le symbole de tout ce qui secoue la France. Au point de susciter « la colère » de certains membres du personnel de l’établissement, qui dénoncent une opération politique.

Trop c'est trop ! Interrogé par francetv info, un membre de l’équipe médicale fustige une entorse vis-à-vis du secret médical de la part de Bernard Cazeneuve. "Beaucoup d’entre nous ne savaient pas que cet enfant était là et ce n’était pas au ministre de l’annoncer en ‘prime time‘. Les médecins ont besoin de tranquillité pour gérer ce petit garçon qui, en l’espace de 24 heures, est devenu orphelin et a été instrumentalisé par l’échec politique de ce gouvernement, explique-t-elle. Des voyous ont vandalisé l’hôpital, mais il faut laisser la justice faire son travail".

Même son de cloche du côté des syndicats de l’hôpital, qui dénonce l'instrumentalisation politique. « Nous condamnons d’emblée les faits. Cette attaque de casseurs contre un hôpital public est inacceptable et n’a rien à voir avec la mobilisation, explique à francetv info Olivier Cammas, représentant CGT à l’AP-HP.

"Le problème, c’est qu’on se retrouve à ne plus traiter le fond, c’est-à-dire l’opposition à la loi Travail, mais seulement à se focaliser sur cet événement médiatique et politique."

Publié dans Politique nationale

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