La jeunesse pense, raisonne et agit ! Le retour du marxisme...

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

La jeunesse pense, raisonne et agit ! Le retour du marxisme...

L'intransigeance actuelle et imbécile de Valls illustre la volonte du libéralisme d'obtenir la defaite du mouvement social et du syndicalisme. Tout comme Thatcher a obtenu dans les annees 80, la defaite des mineurs anglais.

Mais nous ne sommes plus dans les annees 80. A l'époque le liberalisme etait présent dans tous les pays de l'Europe couplé d'un anti-communisme et d'un anti-soviètisme féroce engagés au plan international par Reagan et Tatcher avec en première ligne la Pologne, Solidarnosc et Walesa.

Ils avaient leurs relais en France avec la droite chiraquienne et le parti socialiste parvenu au pouvoir en 1981 avec Mitterand, Le Pen commençait tout juste à être utilisé pour diviser alors que certains intellectuels renonçaient au combat de classe et prenaient leur distance avec la classe ouvrière. Il en est ainsi de Montand devenu anti-communiste qui faisait l'apologie du libéralisme, culpabilisait les Français de gagner trop et prônait la fatalisme et le défaitisme en nous affirmant qu'aucune alternative progressite au capitalisme n'existait autre que le stalinisme, dans un numero de télé :"Vive la Crise" qui marquat les militants.

Ils prônaient un liberalisme synonyme d'abattoir pour les plus faibles, les classes populaires ne possédant rien étaient promises au nom du réalisme à la souffrance et à la pauvrete. Pour s'en sortir il fallait être "gagneur" et ne pas hésiter à écraser les autres, peu importe la méthode. En ce sens B. Tapi était le modèle qui envahissait les familles à la télé au moment du souper pour mieux les empoisonner !

Depuis l'histoire est passée par là. Rien de ce qu'ils affrmaient à l'époque ne s'est passé. Tout au contraire la crise est devenue systémique, les couches populaires et moyennes ont vu leur situation se dégrader avec la montée des inégalités, de la pauvreté et du chômage. Le capitalisme agonise et tente de sauver sa peau en martelant toujours les mêmes arguments et contre vérités, en divisant, en réprimant et en excluant férocement toute idée d' alternative.

Mais cela ne prend plus, est fortement et massivement rejeté au point qu'il n'y a plus personne pour defendre a la télé la loi El Khomri, même un Fillipot du FN est obligé de dire qu'il est contre cette loi scélérate. Il est vrai que les élections ont lieu dans moins d'un an. Tels sont les signes de la longue agonie du libéralisme que la mobilisation anti Loi Travail ébranle sérieusement comme en témoignent les Nuits Debout.

Ce mouvement social contre une loi de recul social que même Sarkozy n'avait pas osée, se double d'une remise en cause des possédants de la grande finance et de leurs vecteurs de communication que sont les Drahi, Berge, Bollore, Lagardere, Pinault, Arnault, Dassault...

Le Peuple francais a repris la main, il réinvestit la politique et a engagé la lutte pour son émancipation avec ce mouvement social aux formes diversifiées qui mobilise toujours plus de monde. Il rompt avec 40 ans de resignation, de reculades sociales ininterrompues, de divisions syndicales organisées par les partis au pouvoir, droite et social libéralisme.

Une grande question est posée à ce mouvement, à ses acteurs et ses organisateurs : quelles alliances vont devoir construire les classes populaires pour gagner et pour s'émanciper durablement, notamment avec les classes moyennes qui objectivement y ont aussi le plus grand intérêt et qui ont été fortement marquées par les idées réformistes d'accompagnement aux exigences du libéralisme.

Deux reponses sont possibles et font actuellement débat. Il y a ceux qui soutiennent la thése d'Alain ACCARDO, qui dans une chronique écrit : "Aucune emancipation des classes populaires ne sera possible, tant que ces dernières resteront en tutelle, sous le magistère politique, moral et culturel d'une classe moyenne corrompue a l'idolatrie de l'argent, de la consommation, le désir forcené de singer les riches. Ce serait une erreur grossière d'espérer que la chevalerie petite-bourgeoise déserte en masse l'armée de ses puissants suzerains (l'oligarchie), pour faire alliance avec la pietaille plébèienne et renverser en masse le trone des riches" (sic).

Et il y a ceux qui pensent qu'un renversement d'alliances est possible et nécessaire. Si les ouvriers et les employés représentent encore la majorité du salariat, ils ne peuvent seuls avec la démocratie renverser les pouvoirs actuels même si leur objectif final serait de conquérir le bien et le bonheur pour tous. On peut toujours réver du "grand soir" mais avec qui, comment et pourquoi faire ? Retenons la leçon de l'Histoire, on ne fait pas le bonheur d'un peuple sans lui, sans toutes les parties de celui-ci, sans leur intervention et leur implication conrète.

D'autant qu'aujourd'hui la terrible crise sociale découlant de la crise systèmique du capitalisme multiplie ses victimes. Certes en premier lieu les plus vulnérables, et aussi de larges fractions des classes moyennes et notamment les jeunes qui sont aujourd'hui parmi les victimes.

Il y a donc objectivement des causes profondes aux rapprochements solidaires des différentes classes sociales entre elles. C'est un des enseignements du mouvement social actuel et des Nuits Debout. Ce qui explique sans nul doute l'acharnement du pouvoir et du Medef à ne pas lâcher, car une victoire pourrait porter beaucoup plus loin que le simple retrait d'une loi!

La classe moyenne n'est pas un bloc monolythique. Si en effet, sa fraction supèrieure partage le culte du pouvoir, de l'argent, de la domination sur les autres : il en est tout autrement d'une autre fraction, victime elle aussi, d'une surexploitation sans bornes qui la frappe et enfin d'une autre fraction composée des jeunes diplômés à la recherche d'un premier emploi durable et auxquels on promet comme seul avenir, la fléxiprécarité.

Les chiffres sont sans appel. 190 000 jeunes (chiffre de l'OFCE) debarquent chaque annee sur le marche du travail. 57 000 postes ont ete créés en 2015 (chiffre INSEE). Encore s'agit-il a 91% d'emplois précaires. Le taux de chomage des jeunes est de 25%.

Pire encore, une etude de l'INSEE du 4 decembre 2014 montre que 49% des jeunes non qualifies sont au chômage en 2012. Contre 29% en 1990, soit +18 points en 22 ans.

Affirmer donc, comme Alain Accardio, que la classe moyenne dans sa globalité est corrompue par l'argent facile, la consommation de masse, est profondement inexact.

La présence des jeunes dans les manifs anti-Khomri ne doit donc rien au hasard. Ou au seul fait qu'elle se connecte tous les jours sur les reseaux sociaux, afin d'avoir de la contre information au bourrage de crânes des médias libéraux a la botte du pouvoir. La jeunesse subit tous les jours les publicités tapageuses : maisons somptueuses, belles voitures, vie facile, "cool", femmes extraordinaires, etc...Il arrive un moment ou elle se dit que ça ne peut plus durer!

Les slogans de la jeunesse nous apprennent sur leurs motivations, notamment économiques : "Parti Socialiste : chose promise, chomedu" ; "Feuilleton Khomri : plus môche la vie" ; "Notre futur" remplacé par "No futur". "Ni chair a patron, ni chair a police" ; "Hollande, t'es pire que Sarkosy", etc.

Ainsi, malgrè l'absence de perspectives economiques offertes aux jeunes, l'absence d'un emploi, l'installation dans une précarité durable, le non-respect de leurs savoirs et de leur dignité lorsqu'ils ont un emploi, on assiste à un retour du marxisme chez les jeunes.

Cela est bien réel comme le montrent les slogans des jeunes manifestants, les articles présents dans les réseaux sociaux écrits par des jeunes hommes, des jeunes femmes, qui adhèrent au marxisme de notre temps ou la présence de jeunes dans des débats animés par des marxistes et qui sont en recherche d'une radicalité que seul le marxisme peut leur offrir.

On peut également noter la lutte des intermittents du spectacle, l'intervention des acteurs à Cannes exprimant leur solidarité avec le peuple du Brésil confronté au coup d'Etat, celle de Ken Loach sur la crise du capitalisme financiarisé qui peut faire exploser le monde, ou les luttes des chercheurs contre l'abaissement de leur bdget ou encore dans certaines entreprises privées les mobilisations des techniciens, techniciens supérieurs et ingénieurs contre la casse de leurs activités industrielles ou leur bradage à des groupes étrangers, comme c'est le cas à STMélectronics ou à la division informatique de Renault Trucks à Lyon.

Déjà en 2010, les jeunes ont participé au Mouvement social contre les retraites. Avec leurs slogans spécifiques : "pour la France d'en haut, des couilles en or. Pour la France d'en bas, des nouilles d"abord". "Les jeunes dans la galere, les vieux dans la misere".

La mobilisation des jeunes contre la loi Khomri peut donc s'analyser comme la poursuite d'un processus long de radicalisation, de politisation, de conscientisation des moins de 30 ans.

Cela ouvre des perspectives nouvelles d'un renforcement (quantitatif et qualitatif) du parti communiste qui fait des efforts importants pour se transformer, sans s'effacer ni se renier, mais pour mieux être un parti révolutionnaire de notre temps en se fixant une double ambition construire un rassemblement majoritaire de toutes celles et de tous ceux dont les intérêts individuels et collectifs nécessitent de changer radicalement les choses dans notre pays, en Europe et dans le monde et mener l'action concrète pour transformer le possible en réalité par la prise des pouvoirs partout où ceux-ci sont détenus par la finance et partout où se discute et se décide l'avenir du pays et de son peuple, de l'entreprise jusqu'à l'Assemblée Nationale en passant par les villes, les régions et les banques.

De ce point de vue l'intervention de Pierre Laurent, jeudi au congrès du PCF est en tout point remarquable. Elle nous donne des bases solides pour construire ce rassemblement maloritaire victorieux en respectant les diverses sensibilités qui traversent actuellement les mouvements sociaux et la vie politique française.

Si les jeunes sont actuellement moins présents dans les manifs, pour cause de partiels et d'examens, leur engagement auprés des classes populaires va se poursuivre a la rentrée en construisant de nouvelles mobilisations et en agissant pour un rassemblement large, ample et divers avec un contenu transformateur, socle de l'engagement des candidats à la présidentielle et des législatives de 2017!

Publié dans PCF

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