Ports et Docks, une nouvelle brèche ouverte dans les ordonnances Macron

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Ports et Docks, une nouvelle brèche ouverte dans les ordonnances Macron

Après les routiers, la fédération CGT des ports et docks a signé un deuxième accord « dérogatoire » avec le patronat pour que les ordonnances Macron ne s’appliquent pas en totalité aux salariés du secteur.

Et de deux. Après les transports, la fédération ports et docks CGT a obtenu, jeudi 12 octobre, qu’une partie des ordonnances ne s’appliquent pas aux salariés de son secteur. Les dispositions sociales contenues dans la convention collective restent seules maîtresses à bord et il ne sera pas possible de négocier en deçà, entreprise par entreprise, sur des questions aussi cruciales que la baisse ou la suppression de toutes les primes, ou des avantages liés au travail, comme les congés spéciaux. C’est une remise en cause de ce qui est pourtant désormais au cœur de la philosophie du code du travail, version Macron.

Il s’agit de la deuxième entorse aux ordonnances, signées le 27 septembre dernier par le président, et elle va concerner des dizaines de milliers de salariés œuvrant dans la manutention, la logistique et la sécurité portuaires. Début octobre, les organisations syndicales et patronales du transport, face à la menace accrue de blocages, avaient ouvert la voie en sanctuarisant eux aussi la branche, notamment sur le 13e mois et les frais de déplacement des routiers.

La puissante fédération des ports et docks CGT, très majoritaire dans le secteur et connue pour son mutisme vis-à-vis des médias, s’est contentée d’un communiqué pour fêter cette annonce. « Au regard des spécificités du “monde portuaire” (…), il a été conclu un protocole d’accord actant le maintien du principe de faveur de notre convention collective nationale unifiée. »

Les organisations patronales, un communiqueront lundi. Le ministère du transport est muet, et le ministère du travail sans doute penaud, ne répond pas non plus.

Pour le gouvernement, il n'est pas question de faire de la publicité sur les accords entre les organisations patronales et syndicales qui dérogent aux ordonnances..

Pour la CGT, il n’y a rien de « contradictoire » dans la signature d’un tel accord avec l’action de la centrale. « Ce n’est pas une manière de se désolidariser de notre combat commun, au contraire, cet accord montre aux salariés que lorsqu’il y a un rapport de force, on peut obtenir plein de choses », argumente Fabrice Angeï, dirigeant de la CGT chargé des questions d’emploi.

Pas d’inquiétudes non plus sur la possible désertion des fractions traditionnellement les plus actives du monde syndical, « Pour nous ce n’est pas un frein, plutôt un effet d’entraînement », assure Fabrice Angeï. De fait, les Ports et Docks CGT note dans son communiqué qu’elle appelle toujours à un arrêt de travail de 24 heures le 19 octobre, prochaine journée de mobilisation.

En effet avec pertinence la fédération note « Dans ces ordonnances, il y a bien d’autres choses que les éléments de rémunération, insiste Fabrice Angéï. La question des licenciements assouplis, la disparition du CHSCT, le plafonnement des indemnités prud’homales… Un tel accord ne règle pas tout. »

Du côté patronal, un responsable syndical, présent il y a dix jours dans les négociations pour les routiers, estime « qu’il y a effectivement le souci d’éviter le conflit avec toutes les organisations syndicales », au moment de revoir à la baisse certaines règles (lire l’article sur les frais de route, à l’origine de l’accord verrouillant le pouvoir de la branche).

En clair, aucun patron de la route n’avait vraiment envie d’aller au clash, face à des syndicats bien organisés et unis.

Officiellement, « les organisations patronales ont également dit leur refus de voir s’installer une forme d’anarchie dans la concurrence entre entreprises », raconte Jérôme Vérité, de la fédération des transports CGT.

Leurs homologues dans le domaine portuaire ont dû faire le même calcul, au risque de désavouer le patron des patrons. Gattaz.a aussi ses contestataires qui savent fort bien que l'on ne manie pas les salariés à côtés de bâton comme semble le croire le jeune et inexpérimenté président de la République.

Espérons que le rapport des forces, en train de bouger dans le bon sens, créera les mêmes divisions au sein de la majorité gouvernementale "godillot". Chez ceux-là, il bien y en avoir quelques-uns qui réfléchissent avec leur tête plutôt qu'avec leurs pieds !

Publié dans Politique nationale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article