Présendentielle 2022. Intervention d'Amar Bellal au CN du PCF le 14 avril

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Présendentielle 2022. Intervention d'Amar Bellal au CN du PCF le 14 avril
Je ne vais pas répéter ici ce qui a été déja dit sur la dangerosité de la situation et la nécessité de battre Le Pen le 24 avril.
Je me joins surtout aux remerciements adressés à Fabien Roussel. On loue son énergie et son implication, mais il s'agit de plus que cela : il a eu l'intelligence politique de crever le plafond de verre médiatique et de mener des débats de qualité dans des interviews qui étaient difficiles pourtant. Y compris des journalistes qui ne sont pas de notre bord politique ont reconnu qu'il a été une des révélations de la campagne. C'est pour moi un exploit qu'il convient de souligner : il ne s'agit pas seulement d'énergie et de bonne humeur.
Je veux aussi remercier l'équipe qui l'a entourée durant des mois et qui a tenu le choc de la campagne malgré beaucoup de pression. Je trouve qu'ils ont fait preuve de professionnalisme, il faut le dire car cela fait 15 ans que nous avions plus eu cette expérience de mener une campagne nationale, sur notre propre projet et candidat.
Un regret cependant : je trouve que l'animation du CN n'a pas toujours été à la hauteur du soutien et de la dynamique qu'il aurait fallu impulser au cœur de la campagne. Tout le monde se rappelle d'un CN (décembre 2021 ) où la campagne de Fabien a été qualifiée de « campagne de bisounours » par le président du CN lui même, ce qui a donné le signal d'une série d'interventions visant à démobiliser et décrédibiliser la campagne, ce qui est une curieuse façon de soutenir notre candidat.
Bien sur quelques mois plus tard, peut être les sondages aidant, la mobilisation des militants étant au RDV, la campagne décollant, les attitudes ont quelque peu évolué depuis puisque tout le monde s'accorde sur la bonne qualité et tenue de la campagne ... c'est un constat bien triste et regrettable .
Cette campagne « nous oblige » : elle a montré que les grands sujets sur lesquels on nous attend surtout, c'est l'économie, l'industrie, l'écologie, c'est cela qui était au cœur des débats.
On l'oublie un peu trop vite : la question essentielle qui est posée à un parti politique est de savoir quel système économique il propose. Répondre à cela de façon crédible, c'est répondre à 75% de la demande politique.
On ne nous attend pas vraiment, ou beaucoup moins en tout cas, sur des sujets de littérature, d'histoire ou de philo, mais sur la crise gazière, le climat, l'emploi, la souveraineté industrielle...autant de sujets qu'il faut approfondir. Il faudra d'ailleurs s'y habituer pour les prochaines campagnes : la crise climatique s'aggravant, la crise des ressources également, et un capitalisme aux abois qui cherchent des parades pour retarder le plus loin possible les mesures à prendre qui tiennent compte des aspirations sociales (et qui ne soient pas simplement des mesures de décroissances violentes que les salariés paieront).
Pourtant sur ces sujets, notre parti n'est pas dimensionné pour répondre à cette demande politique. Sans jeu de mots, on manque de ressources, d'intellectuels, non pas dans sa définition étroite et restrictive, mais ouverte en incluant les ingénieurs, techniciens, ouvriers qui ont développé une expertise par leur pratique dans le monde du travail, leur recherche et expérience professionnelle.
Nous n'avons pas cette culture, même au sein de notre parti, il y a encore de la condescendance, pour ne pas dire un snobisme bien marqué, vis a vis de ces intellectuels organiques du monde du travail au sens donné par Gramsci.
Si on veut se préparer sérieusement aux échéances à venir, il va falloir changer de logiciel, faire entrer le monde du travail à tous les étages dans le parti : de la cave au grenier, afin de porter un projet le plus complet, précis et crédible possible. Projet qui ne peut pas être une somme d'expériences d'élus locaux : c'est un projet pour un pays, un continent, une planète, qu'il faut porter.
Il faut s'ouvrir au monde du travail sincèrement. Le mot clé dans la phrase précédente , c'est le mot « sincèrement », j'insiste bien là dessus.
Il faudrait dans nos initiatives régulières donner plus de places aux syndicalistes, aux experts du monde du travail en situation de travail. Sinon on va continuer comme toujours a construire des grands rdv en déroulant des universitaires plus intelligent les uns que les autres, et qui vont nous parler d'entreprises, de travail etc sans vraiment de prise et d'expérience réelle.
Je reste optimiste car Fabien par son discours précis sur un certains nombre d'enjeux, a remis la question du monde du travail au cœur. Sans doute les centaines d 'entreprises qu'il a visité, et dont il a rencontré les salariés pendant près de 3 ans, l'ont beaucoup aidé.
C'est maintenant aux militants communistes de s'approprier cette culture industrielle, économique, écologique : il faut s'en donner les moyens.

Amar Bellal  Membre du CN du PCF

Directeur de la revue Progressistes (science, travail et environnement)

 

Publié dans Présidentielle 2022, PCF

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B
Combien d'ouvriers et d'ingénieurs au Conseil national du Parti ?
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