La solidarité avec l'Ukraine vacille...
Alors que les regards sont tournés vers le Proche-Orient, l'OTAN lors d'une réunion de deux jours a tenu à réaffirmer que "le monde n'oublie pas l'Ukraine". Pourtant, plusieurs signaux sont au rouge.
Cela commence à ressembler à la méthode Coué. En résumé ce que nous dit l'OTAN : Non, nous ne sommes pas lassés de cette guerre qui entre dans son deuxième hiver, non nous ne sommes pas déçus de cette contre-offensive ukrainienne désormais figée sur des gains insignifiants, non on ne va pas cesser de s'investir et bien sûr que non, il n'est pas question de faire pression pour que s'ouvrent des négociations. Il est vrai que la guerre est la raison d'être de cette organisation militaire des puissances de "l'Occident" !
"Les Alliés poursuivront leur soutien aussi longtemps que nécessaire", c'est la déclaration finale de ce mercredi 29 novembre qui l'affirme. Difficile de faire plus clair.
Côté européen, l'Allemagne et les Pays-Bas viennent d'annoncer deux nouvelles enveloppes relativement conséquentes, mais pour ce qui est des munitions, les 27 ne pourront pas livrer un million d'obus d'ici le printemps, les capacités de production ne sont pas suffisantes.
Sur le plan politique aussi ça commence à tanguer. Les résultats électoraux viennent perturber l'unité européenne autour de l'Ukraine : le nouveau Premier ministre slovaque Robert Fitzo et le leader d'extrême droite néerlandais Geert Wilders, tous les deux sont opposés à la poursuite de l'aide à l'Ukraine alors que la hongrois Viktor Orban ne cesse de mettre le pied sur le frein.
Aux Etats-Unis ça ne va pas beaucoup mieux, l'argent de Washington est bloqué au Congrès par les républicains qui ne veulent plus contribuer à l'effort de guerre, en tout cas pas avant d'avoir évalué les besoins d'Israël. Ainsi 425 millions d'aide supplémentaire à l'Ukraine sont bloqués.
En Europe, plusieurs pays rechignent à débourser davantage. Les discussions prévues sur le budget européen seront difficiles, les milliards prévus pour Kiev probablement revus à la baisse. Le versement d’une aide de 20 milliards d’euros suggérée par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell est bloqué, et l’enveloppe globale de 50 milliards d’euros envisagée est restée lettre morte.
Pendant ce temps, sur le terrain, l'armée russe consolide ses positions. Le 29 novembre, elle a annoncé la prise d'un village près de Bakhmut et, toujours dans l'Est, elle progresse sensiblement dans Avdiivka, le nouveau point de fixation du front, notamment grâce à la tactique des vagues humaines : des soldats qui avancent par milliers en même temps au même endroit.
La Russie a basculé en économie de guerre, elle n'a pas de problème de ressources, ni en hommes, ni en matériel. C'est le message qu'a tenté de faire passer le ministre des Affaires étrangères ukrainien à Bruxelles : plus la guerre dure et plus c'est la Russie qui en profite.
Il serait temps d'initier des négociations et ne pas compter sur la guerre pour régler les différents existants au risque de tout perdre en particulier la jeunesse ukrainienne sacrifiée.