Intervention d'Evelyne Ternant au CN du PCF du 5 mai

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

 

Dans cette campagne, nous sommes en difficulté sur la mobilisation du parti en dehors des initiatives marquantes, et nous ressentons des réserves, pour ne pas dire des réticences, de la part de notre électorat habituel.
 

Cela tient certes à un certain découragement provoqué par les sondages – dont on connaît les limites de fiabilité mais qui ont un aspect autoréalisateur dans la mesure où ils conditionnent les comportements.
 

Cela tient aussi et peut-être surtout à la sous-estimation des enjeux de cette élection :

-des enjeux européens , autrement dit, ce qui devra changer en Europe pour changer notre quotidien, et le chemin pour y parvenir ;

-l’impact de cette élection sur le rapport de force politique interne, sur la suite électorale, des municipales à la présidentielle.
 

La sous-estimation de l’importance de cette élection nourrit l’abstention et aussi la tentation du vote tactique, prétendument « utile », par exemple le vote « Glucksman » pour qu’il arrive en 2ème position, devant la liste soutenue par Macron !
 

Dans le mois qui vient, il nous faut convaincre que le vote utile à gauche est le vote pour notre liste, non pas seulement parce qu’il donnera 5 ou 6 députés « de plus » à gauche, mais parce-que ce seront des députés différents, qui porteront au parlement européen des propositions de transformation partagées par d’autres forces progressistes européennes.

 

Nous n’évoquons pas suffisamment nos liens internationaux dans cette campagne, dont la belle journée d’hier pour la paix est une manifestation éclatante, nous ne faisons pas suffisamment valoir notre activité notre activité au sein du PGE.

 

Pour mobiliser le vote en notre faveur, il nous faut à mon avis :

  1. Renforcer la perception internationaliste de notre projet ;
  2. Nous identifier sur quelques mesures qui font obstacle à la logique du capital.

 

Prenons l’exemple de Stellantis : la rémunération de Carlos Tavares est certes extravagante et indécente, 36,5 millions par an, c’est-à-dire 100 000 euros par jour ! Il est normal de la dénoncer. Mais est-ce que nous devons centrer nos propositions sur le plafonnement des rémunérations des PDG et DG à 12 fois le salaire moyen des salariés de l’entreprise, même si elle fait largement consensus ?

 

Autrement dit, est-ce que le plafonnement de la rémunération de Tavares est de nature à améliorer le sort de salariés et donner un avenir à une industrie automobile française et européenne, qui est actuellement sur le fil du rasoir ? A l’évidence non ! (D’ailleurs, en redistribuant les 36, 5 millions d’euros de Tavares aux 400 000 salariés de Stellantis dans le monde, cela leur ferait 90 euros chacun !!!)
 

Quels sont les problèmes de fond posés par la gestion de Stellantis ?
 

1-un des taux de marge les plus élevés au monde parmi les constructeurs automobiles : 12,8% en 2023, qui a donné un profit de 18,6 milliards, redistribué aux actionnaires à hauteur de 7,7 milliards en dividendes et rachat d’actions.
 

2-une trésorerie de 61 milliards d’euros, qui peut lui permettre aujourd’hui de s’offrir en bourse Renault, ce qui plairait paraît-il au gouvernement !
 

3-Un déplacement du centre de gravité du groupe sur le territoire américain, depuis le rachat de Fiat-Chrysler, où il réalise près de 60% de son bénéfice. Il faut bien se rendre compte qu’aujourd’hui, les intérêts français de ce groupe italiano-américain sont minoritaires, et le deviennent de plus en plus, avec des délocalisations massives sous couvert de mutation technologique vers le moteur électrique.
 

4-Par la création d’une filiale commune avec le constructeur chinois de voitures électriques Leapmotor, Stellantis s’apprête à commercialiser et importer massivement en Europe des voitures électriques chinoises.
 

5-Le prix en est payé par l’emploi : le bilan de Carlos Tavares, c’est : 38% des emplois en CDI supprimés depuis son arrivée à la tête de l’entreprise, moins 2600 rien qu’en 2022 -2023 ; des volumes de production en France en réduction constantes ; des charrettes d’intérimaires virés du jour au lendemain ( 700 à Sochaux en 2023, 600 à Mulhouse en 2024 ) ; la réponse aux pics de production par des samedis travaillés sans heures supplémentaires ; les centres de Recherche-Développement en France dévitalisés, avec des transferts d’activités et de projets en Inde et aux Etats Unis.
 

Face à cette destruction programmée des bases matérielles et immatérielles de l’industrie automobile en France et en Europe, la rémunération de Tavares, symbole certes d’un capitalisme arrogant et décomplexé, n’est quand-même qu’un épiphénomène.
 

Le pire, c’est que cette désindustrialisation est financée massivement par des fonds publics : Stellantis émarge aux fonds européens, nationaux et régionaux, au titre des batteries, de l’hydrogène, du Crédit Impôt Recherche, il use et abuse du chômage partiel pour gérer la flexibilité du carnet de commandes !

 

Nous devrions nous faire identifier sur quelques leviers d’intervention face à ces prédations :
 

-contrôle et suivi par les salariés des aides publiques, conditionnées à des critères d’activité, d’emploi, de formation, d’environnement ;

-droits des salariés face aux délocalisations : droit de veto suspensif, droit effectif de contre-proposition ; participation aux orientation stratégiques.

-sélectivité du crédit bancaire, qui renvoie lui-même à la sélectivité du refinancement des banques par la BCE, avec des pénalisations en cas de délocalisations. Stellantis prévoit d’investir 30 milliards d’’euros d’ici 2025 pour l’électrification et le logiciel des voitures connectées. Le groupe va donc emprunter à des banques, notamment européennes !
 

Ces mesures anti-capital ne sont pas portées ailleurs à gauche. Nous avons l’obligation, même si la communication sur ces sujets n’est pas toujours facile, de ne pas rester à la surface mais d’aller à la racine des problèmes. Je suis disponible pour travailler sur ces questions avec l’équipe de campagne.

Publié dans PCF, Europe

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