Opinion de Denis Durand dans le débat sur les candidatures à la présidentielle de 2017

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Opinion de Denis Durand dans le débat sur les candidatures à la présidentielle de 2017

Le 5 novembre, les communistes n’auront pas à choisir entre deux option exclusives l’une de l’autre qui seraient celle d’une candidature communiste ou celle d’une bataille pour faire émerger une candidature rassemblant toutes les forces qui rejettent l’austérité et sont porteuses de solutions répondant aux attentes de notre peuple.

Notre but est d’empêcher le cauchemar d’un deuxième tour d’où ces forces seraient éliminées. Cela déchaînerait les pires régressions réactionnaires, racistes et nationalistes. Mais pour réussir, il faut être crédibles pour ces millions d’ouvriers, d’employés, de fonctionnaires, de cadres, de jeunes, de chômeurs qui ont, à l’heure où nous parlons, la ferme intention de s’abstenir parce que l’« offre politique » des candidats actuellement déclarés ne répond pas à leurs attentes.

C’est pourquoi nous avons besoin d’une candidature qui porte nos idées et nos propositions dans cette bataille. Trois exemples.

1. L’indignation contre l’évasion fiscale est un phénomène politique. Je suis impatient de lire le livre des frères Bocquet mais j’ai lu le rapport d’Éric Bocquet pour le Sénat : il montre que tout passe par les banques ! Les propositions sur la nationalisation des banques ont été les plus applaudies à l’université d’été du PCF mais elles ne prennent leur sens que si elles sont des outils au service des mobilisations sociales pour orienter les crédits bancaires vers l’emploi et les services publics. Il faut un candidat qui porte avec conviction cette cohérence sinon on pourra faire les discours les plus enflammés pour dénoncer dans l’abstrait la dictature de l’argent, les Français diront : François Hollande nous a déjà fait le coup en 2012 quand il a dit « mon ennemi, c’est la finance ».

2. Tout le monde sait qu’un gouvernement de gauche aura un problème avec les institutions européennes et avec la BCE. Mais là encore, les bavardages sur la « sortie des traités européens » ne feront pas le poids au regard de ce qui s’est passé en 2012 et depuis. En revanche, notre proposition de développer des mobilisations à partir de projets concrets pour imposer que l’argent de la BCE – plus de 1 000 milliards d’euros injectés sur les marchés financiers depuis mars 2015 – serve à l’emploi et aux services publics rencontre énormément de convergences, par exemple dans les milieux écologistes. Mais elles ce ne sera pas un éventuel candidat des Verts qui la portera. Notre candidature est donc nécessaire pour en faire une proposition phare de la campagne.

3. Et s’il n’y a pas ces propositions dans le débat, exprimées de façon concrète, comme le fait notre proposition pour une loi de sécurisation de l’emploi et de la formation, nos discours seront en-dessous de ce qui s’est exprimé dans le mouvement contre la loi El Khomri en matière de sécurisation des emplois et des revenus, de réduction du temps de travail, d’émancipation vis-à-vis de la précarité inhérente au salariat capitaliste.

Une candidature communiste est également nécessaire à nos efforts de rassemblement dans les circonscriptions législatives. Les élections législatives ne sont pas des élections locales. L’enjeu sera la constitution, ou non, d’une majorité parlementaire pour gouverner le pays avec (ou contre) le président qui aura été élu un mois auparavant.

Les candidats communistes, et les idées dont ils sont porteurs, n’auront une présence suffisante dans la bataille des législatives que si cette présence se manifeste simultanément dans la campagne présidentielle.

Ce sera particulièrement important dans l’hypothèse – certes pas la plus vraisemblable aujourd’hui - où l’élection présidentielle serait gagnée par un candidat de rassemblement à gauche qui aurait notre soutien.

Enfin, présenter une candidature communiste peut aider à préserver l’unité du Parti. Je suis conscient des pressions qui s’exercent à l’appui de la candidature Mélenchon et des menaces qu’elles peuvent comporter de ce point de vue. Mais j’appelle à réfléchir sur les dangers, pour l’unité du parti, d’une situation où les communistes auraient l’impression qu’ils ont le choix entre deux humiliations : le ralliement à une aventure de division ou le ralliement à des compromis programmatiques qui ignoreraient leur apport et leurs idées.

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