Intervention de Denis Durand au Conseil National du 13 décembre

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Intervention de Denis Durand au Conseil National du 13 décembre

Présenté initialement comme une jacquerie fiscale contre les taxes sur les carburants, le mouvement des gilets jaunes, avec tout ce qu’il charrie de contradictoire, s’est révélé porteur de beaucoup plus. Il s’est révélé porteur de revendications de classe, aussi bien dans leur contenu social que dans une forme d’expression de cette crise démocratique qui donne à la période un certain caractère révolutionnaire.

Grâce à la réorientation décidée par le congrès, nous sommes en état d’apporter une contribution pertinente au mouvement. En mettant tout de suite en avant la revendication du pouvoir d’achat, nous avons bien anticipé la situation, comme l’a rappelé Fabien Roussel dans son rapport.

Après les annonces de Macron, on voit mieux dans quelle voie il faut aller pour répondre aux exigences populaires. Macron est prêt à lâcher 10 milliards de fonds publics et à déroger, au moins formellement, aux normes budgétaires européennes si c’est le prix à payer pour préserver le pouvoir du capital et pour poursuivre sa politique de baisse du coût du travail et de baisse des moyens consacrés aux services publics.

Nous sommes donc alors extrêmement bien placés pour dire : si on veut revaloriser vraiment le pouvoir d’achat, faire du XXIe siècle un siècle de profond renouveau des services publics, qui sont au nœud de la question sociale et de la question écologique, c’est au coût du capital qu’il faut s’attaquer ! Aux 180 milliards de dividendes versés aux actionnaires, aux 67 milliards d’intérêts versé aux financiers et aux banques, à l’évasion fiscale, aux exportations de capitaux.

Le plus important c’est l’argent des banques, le crédit et on peut agir sur le crédit. Avec l’argent dépensé chaque année pour le CICE, on pourrait mettre en place un programme de crédits bancaires bonifiés à taux zéro sélectivement réservé aux entreprises qui embauchent, qui augmentent le SMIC et tous les salaires, qui investissent pour développer les territoires, pour combattre le réchauffement climatique, pour garantir la qualité de l’environnement.

Pour nous attaquer encore plus efficacement au coût du capital, nous menons campagne pour que la BCE réserve à ces crédits les refinancements à taux négatifs – c’est-à-dire les subventions – dont elle fait aujourd’hui bénéficier indistinctement les banques qui financent les entreprises.

Des bonifications d’intérêts spéciales et des garanties d’emprunts viendraient renforcer ce dispositif pour aider les PME à se développer et à dégager les moyens d’augmenter les salaires.

Ce nouveau crédit viendrait à l’appui des luttes sociales pour une autre utilisation de l’argent des entreprises. Y contribueraient également la modulation de l’impôt sur les bénéfices des sociétés que nous préconisons, et la taxation des revenus financiers des entreprises.

De la même façon, libérer les services publics de l’austérité budgétaire, c’est bien sûr une fiscalité des ménages plus juste, avec la réduction des taxes sur la consommation, la remise en cause de la CSG, le rétablissement de l’ISF et un impôt sur le revenu plus progressif. Mais c’est, là encore, mener le combat de classe pour une autre utilisation de l’argent et contre le coût du capital – les 43 milliards d’euros d’intérêts payés par l’État, les collectivités territoriales et les organismes de sécurité sociale aux marchés financiers et aux banques. Ça va compter énormément dans les élections municipales.

C’est l’objet du financement par la BCE du fonds de développement économique, social et écologique européen qui figure parmi nos principales propositions pour les élections européennes.

Il est très significatif que ces deux décisions – proposer Ian Brossat comme tête de liste et mener effectivement une campagne contre le coût du capital et pour la démocratisation du pouvoir dans l’entreprise – aient fait l’objet de débats au congrès et, à chaque fois, d’une approbation à 80 %.

Les communistes jugeront notre action sur notre capacité à mettre effectivement en œuvre ces décisions.

Mais surtout, elles sont vitales pour permettre au mouvement social de libérer son potentiel révolutionnaire face aux redoutables menaces du capitalisme financiarisé en crise. En particulier, la première condition est de faire de la campagne contre le coût du capital l’affaire de tout le Parti, avec conviction, créativité et persévérance, de la base – qui le demande – au sommet et dans tout le pays.

Publié dans PCF

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