Chômage : le gouvernement charge les seniors pour justifier son échec

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Chômage : le gouvernement charge les seniors pour justifier son échec Chômage : le gouvernement charge les seniors pour justifier son échec

Depuis une dizaine de jours, le gouvernement multiplie les déclarations contre les privés d’emploi âgés, plutôt que de remettre en cause sa politique contre le chômage de masse qui est en échec. Pire, toutes les mesures prises par le gouvernement ces dernières années et derniers mois ne peuvent conduire qu'à une aggravation du nombre de chômeurs qui avec les salaires et les pensions reste parmi les préoccupations principales des Français. Il lui faut alors trouver des boucs émissaires.

 

Les demandeurs d’emploi seniors sont plus que jamais dans le viseur. Lundi, le gouvernement a confirmé qu’il n’allait pas agréer en l’état la nouvelle convention d’assurance-chômage issue de l’accord entre le patronat, la CFDT, FO et la CFTC, le 10 novembre, envisageant plutôt de prolonger les règles actuelles par décret jusqu’en juin. L’exécutif veut en effet attendre l’aboutissement de la négociation sur l’emploi des seniors qui devrait démarrer d’ici peu.

 

Dans un document envoyé aux syndicats et au patronat, le gouvernement annonce viser un taux d’emploi des 60-64 ans de 65 % (contre 33 % aujourd’hui) à l’horizon 2030, notamment en aménageant les fins de carrière ou en renforçant la formation professionnelle.

 

Les mesures concernant l’indemnisation des quinquagénaires seront abordées dans cette discussion, même si l’accord régressif sur l’assurance-chômage prévoit déjà 440 millions d’euros d’économies à réaliser sur leur dos pour la période 2024-2027.

 

Mais, sans attendre, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà prévenu qu’il souhaitait abaisser la durée d’indemnisation pour les plus 55 ans, pointant le fait qu’elle dure « vingt-sept mois » à cet âge contre « dix-huit mois pour les chômeurs plus jeunes », avait-il déclaré.

 

Une façon selon lui « de mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans ». Pour le ministre : « Si on ne secoue pas les puces, il n’y aura pas 5 % de taux de chômage en fin de quinquennat, soit le plein-emploi (contre 7,4 % aujourd’hui NDLR). » Si le gouvernement multiplie les déclarations stigmatisantes, c’est que les statistiques du chômage continuent de remonter en flèche depuis deux trimestres consécutifs, selon l’Insee. Une tendance confirmée par les dernières statistiques de la Dares, parues ce lundi.

 

En incluant les chômeurs n’ayant pas travaillé (catégorie A) et ceux en activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi en France (hors Mayotte) augmente de 0,29 % (+15 800) par rapport à septembre et s’établit à 5,377 millions. Le nombre d’inscrits de 50 ans et plus, traditionnellement élevé, est de 1,39 million en octobre, contre 1,38 million en septembre. Ils sont 835 800 âgés de 50 ans et plus à être présents sur les listes de Pôle emploi en octobre depuis un an ou plus, en légère hausse par rapport à septembre.

 

Plutôt que de remettre en cause sa politique axée sur la précarisation de l’emploi, qui risque de frapper encore plus fort les seniors à l’avenir avec la récente réforme des retraites, le gouvernement persiste à réduire leurs droits. Pour faire passer ses reculs sociaux, il les désigne comme les boucs émissaire, les travailleurs âgés seraient responsables de la montée du chômage ! Inacceptable !

 

Face à la dégradation des chiffres du chômage, la première ministre a sonné le tocsin. Une réunion doit se tenir entre Élisabeth Borne et plusieurs ministres, pour plancher en urgence sur de nouvelles mesures destinées à atteindre le plein-emploi d’ici la fin du quinquennat.

 

L’avenir des ruptures conventionnelles pourrait se retrouver au menu des discussions : Matignon laisse entendre que cet outil de septembre 2007 sous pression du Medef, gonflerait les statistiques du chômage. Ouvert uniquement aux salariés en CDI, ce dispositif permet au salarié de quitter l’entreprise avec une indemnité financière plus ou moins importante, tout en bénéficiant du chômage. Un demi-million de ruptures conventionnelles a été signé l’an dernier. Mais depuis 10 ans chaque année le record de ruptures conventionnelles est dépassé.

 

L’exécutif pourrait tenter de freiner leur essor, en alourdissant leur fiscalité par exemple. Pour autant, est-ce vraiment une bonne idée pour faire baisser le chômage ?

 

Rappelons tout d’abord qu’il ne s’agit pas de la méthode privilégiée par les entreprises pour mettre leurs salariés à la porte. Au deuxième trimestre 2023, 1,1 million de CDI ont été rompus selon les chiffres de la Dares. Les 126 000 ruptures conventionnelles ne représentent que 11,4 % de l’ensemble, loin derrière les démissions, les fins de périodes d’essai et les licenciements non économiques.

 

Par ailleurs, les spécialistes soulignent l’aspect ambivalent des ruptures conventionnelles, à la fois outil de flexibilisation et issue de secours pour salariés au bout du rouleau. Gwendal Roblin termine une thèse de sociologie sur le sujet. « C’est tout d’abord un mode de rupture très sécurisant pour l’employeur, peut-être le plus sécurisé d’ailleurs, explique-t-il. Les contentieux sont très peu nombreux, puisque cela se fait d’un commun accord. Par ailleurs, la jurisprudence a tracé des contours très larges à l’utilisation des ruptures conventionnelles : contexte économique difficile, différend entre salarié et employeur, etc. »

 

Outil de flexibilisation, c’est aussi un outil de « pacification des rapports sociaux au travail », poursuit le chercheur, puisqu’il permet d’éviter le recours aux prud’hommes ou autres conflits avec l’employeur.

 

Mais, en se penchant sur l’usage des ruptures conventionnelles, il a surtout découvert à quel point c’était une forme d’échappatoire. « Il faut se demander ce qui amène des salariés à quitter un emploi en CDI dans un contexte de chômage de masse, interroge-t-il. Il s’agit bien souvent d’un choix mûrement réfléchi, pris par des personnes à bout physiquement ou psychiquement, malmenées par les conditions de travail. »

 

« En un sens, cela vient déresponsabiliser l’employeur, qui n’a pas à questionner l’organisation du travail pathogène qu’il a mise en place », prévient le chercheur. Restreindre l’utilisation des ruptures conventionnelles améliorera-t-il vraiment la situation des salariés ? « S’il veut à tout prix diminuer le nombre de ruptures conventionnelles, le gouvernement ferait mieux de s’interroger sur les vraies raisons de leur succès », résume t-il.

 

Les salariés âgés (55ans à 60 ans) sont certainement les plus attirés par la rupture conventionnelle. Nombre d'entre-eux sont au bout du rouleau notamment parmi les ouvriers, les employés, les travailleurs précaires, après avoir très souvent connu des conditions de travail difficiles. Cela a été vérifié lors des manifestations de masse contre le recul de l'âge de la retraite à 64 ans imposé de force par Macron et Borne. On comprend alors pourquoi les ruptures conventionnelles explosent entre 55 et 60 ans. 

 

Plutôt que de libérer l'emploi occupée avec le départ en retraite dès 60 ans et favoriser ainsi l'emploi d'un jeune, Mme Borne préfère maintenir au boulot dans des conditions intenables les salariés âgés quitte à ce qu'ile en meurent les privant d'une retraite bien gagnée !

 

Selon les informations de la Tribune dimanche, la première ministre Élisabeth Borne envisagerait désormais de limiter en pointant une nouvelle fois du doigt les bénéficiaires âgés. Mais sans lutter contre les discriminations liées à l’âge chez les employeurs, souvent prompts à se débarrasser des salariés les plus matures et les plus usés car jugés pas assez rentables !

 

Encore une fois, c'est une mauvaise réponse à un vrai problème qu'est l'aggravation du chômage et plus largement de l'emploi.

 

Sources Humanité et Dares

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