Lutte chez Boehringer à Saint Priest pour les salaires...
Depuis mardi 23 janvier, la grève reconductible sur le site de production de vaccins pour animaux de Boehringer Ingelheim à Saint-Priest. En cause, les salaires et les conditions de travail.
Entre 700 et 800 salariés (R & D et production) travaillent sur le site de cette entreprise familiale qui emploie 2300 salariés en France dont 1500 en région lyonnaise. Saint Priest est l’un des plus grands sites de production de vaccins vétérinaires au monde.
Malgré le froid, des salariés sont rassemblés dehors. « Pas de pognon, pas de flacons » lit-on sur une banderole. Depuis mardi, la grève est reconductible. La production est à l’arrêt. Faute d’accord trouvé lors des NAO entamées en décembre, la production de flacons de vaccin pour les animaux est à l’arrêt sur le site Porte des Alpes de Boehringer Ingelheim.
Mais le mécontentement va plus loin que les salaires notamment sur les questions de l'emploi et les conditions de travail qui se déteriorent. En effet, depuis le rachat, Boehringer Ingelheim licencie à tout va selon les salariés. Les NAO avec une direction qui ne bouge pas a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la colère qui montait.
D’habitude, les NAO se déroulent en trois réunions. Cette année, encore plus que les fois précédentes, nous n’étions pas d’accord avec ce qui était proposé. Parce qu’on a mis la pression, la direction a décidé d’une 4e réunion en urgence, mais pour ne lâcher que des miettes.
Mécontents, les salariés ont décidé la grève », détaille Meziane Zernoune, porte-parole de l’intersyndicale CGT, CFE-CGC, FO. Les salaires sont en cause, mais les conditions de travail pèsent lourd aussi dans la balance. « Depuis le rachat, il y a 7 ans, Boehringer Ingelheim licencie à tout va. Les conditions de travail sont très dégradées. Dernièrement, on a perdu 150 salariés en production. Le service paie, lui, est envoyé en Pologne », s’alarme le délégué FO.
Et d’expliquer ce que l’on entend si souvent. « Lors de la vente par Sanofi, l'engagement a été pris de ne pas toucher aux accords collectifs, ni aux emplois pendant 2 ans. Le délai passé, ce sont des PSE et des ruptures conventionnelles collectives qui s’enchaînent. Résultat, il y a eu 3 ou 4 plans sociaux en 7 ans »
Les salariés qui ne sont pas tombés de la dernière pluie, sont affirmatifs : « L’industrie pharmaceutique n’est pas à plaindre. Dans le monde, l’entreprise réalise 25 milliards par an. En moyenne, ce sont 4 à 5 milliards d’euros qui vont aux actionnaires, que sont la famille Boehringer Ingelheim, alors que nous on se bat pour des miettes en NAO. »
Ce constat qui peut être fait dans beaucoup entreprises est amer mais juste. « Je ne tiendrais pas ce discours si j’étais employé dans une PME en proie à de réelles difficultés. Je vois bien ce qui se passe. Ici, on n’est pas à plaindre. Ce sont des choix », affirme Meziane Zernoune.
Sur 800 salariés, environ 200 cadres étaient en grève. Majoritairement, les producteurs, mais pas seulement. Parmi ceux qui n’ont pas cessé le travail, bon nombre, cadres compris, alimentent une caisse de grève proche des 10 000 euros. « Avant, il n’y avait que la base pour se battre pour de meilleurs salaires qui profitent à tout le monde. Or, maintenant des cadres font grève. Pour eux aussi, les conditions se dégradent », relève le porte-parole de l’intersyndicale.
Pas moins de 3,8 %, avec un minimum de 1200 € par an, revendiquent les salariés avec leurs syndicats.
« Depuis le début de la crise inflationniste, Boehringer Ingelheim, groupe familial mondial, a toujours agi pour préserver le pouvoir d’achat des salariés », ose souligner Bruno Erhard, le directeur. Son affirmation est démentie en regardant de près les chiffres issus des NAO.
Selon les syndicats, pour les non-cadres, l’augmentation générale proposée est de 2,6 % et 0,7 % d’augmentation individuelle. Pour les cadres, elle est de 1,6 % et 1,7 % d’augmentation individuelle. Nous sommes loin de la hausse des prix que nous subissons et loin de notre revendication estime l'intersyndicale. comme rajoute un syndicaliste ; « On se bat pour des miettes, alors que les actionnaires engrangent des milliards »
Sources : La CGT et Le Progrès