Pourquoi l'horizon s'assombrit pour le gouvernement et Macron en 2019

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Pourquoi l'horizon s'assombrit pour le gouvernement et Macron en 2019

Le consensus des économistes vient d'être revu à la baisse pour l'an prochain, à +1,7 % contre +1,9 % selon les prévisions de Bercy. Le gouvernement espérait jusqu'ici une croissance forte lui permettant de financer les réformes tout en réduisant le déficit public.

L'affaire Benalla qui va rebondir dès la rentrée va de nouveau gâcher la rentrée de l'exécutif. Mais il n'y a pas que cela. Emmanuel Macron dès sont retour de vacances est dans le vif du sujet avec une réunion en petit comité tenue avec Edouard Philippe et quelques ministres autour des arbitrages du budget pour 2019 . Une rencontre sur laquelle plane la mauvaise nouvelle économique de ces dernières semaines que constitue le ralentissement de la croissance.

Un nouvel indicateur vient ainsi d'alerter en ce sens. Les prévisions recueillies par Consensus Economics auprès d'une vingtaine d'économistes ont été revues à la baisse en fin de semaine dernière : désormais la croissance en France est attendue à + 1,7 % cette année et autant l'année suivante. C'est 0,2 point de PIB en moins pour 2018, et 0,1 point pour 2019 par rapport aux anticipations d'il y a trois mois. C'est surtout inférieur aux chiffres qu'avait avancés Bercy au printemps, à savoir 2 % cette année et 1,9 % l'an prochain, et qui devront être révisés dans le projet de loi de finances présenté fin septembre.

La confiance de l'opinion au plus bas

Il ne faut certes pas grossir ces difficultés bien qu'elles soient réelles. Certains économistes restent optimistes. « Il est encore possible que la France enregistre une croissance de 1,8 % l'an prochain », estime Jean-Baptiste Pethe, économiste chez Exane BNP Paribas. « Il faut prendre du recul. La moyenne entre la croissance de 2017, qui avait surpris par sa vigueur, et celle de 2018, est de l'ordre de 2 %. Et comme l'économie française se situera en milieu de cycle l'année prochaine, il ne serait pas anormal que le PIB progresse d'environ 1,8 % », veut croire l'économiste. D'autre part, la moindre croissance ne signifie en rien une entrée en crise.

Ces propos optimistes visent en fait à cacher la gravité de la situation qui s'annonce. D'autant qu'il est clair que les raisons de ces difficultés se résument en deux points d'une part d'une baisse de la consommation populaire du au recul du pouvoir d'achat et d'autre part au recul des investissements. Les gains de productivité du travail sont allés pour l'essentiel dans le financement des dividendes comme le montrent clairement les statistiques sortis ces denièrs jours (voir autre article sur ce blog). En fait ce qui pèse toujours en négatif, c'est le coût du capital auquel refuse de s'attaquer Macron et sa clique.

De fait une chose est sûre : la confiance dans une activité économique robuste est en train de s'effriter. « Etant donné le ralentissement du commerce mondial et le fait que les ménages français s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat, on voit mal d'où proviendra l'impulsion dans les prochains trimestres. Dans ces conditions, la croissance risque de rester modérée », explique Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.

Les dossiers qui vont rythmer la rentrée politique (résumés en 3 minutes)

 

Le déficit menacé

Ce ralentissement arrive au mauvais moment pour l'exécutif qui a pris des engagements en matière de baisse de la fiscalité pour les riches, financés par des efforts sur la dépense publique.

"La croissance, elle, devait permettre de réduire le déficit", remarque Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « L'équation budgétaire tenait avec une croissance forte. Si la croissance en 2019 ralentit aux alentours de 1,5 %, le déficit public pourrait alors dépasser celui de 2017 », estime-t-il.

Dans les dernières prévisions du gouvernement, le déficit devait atterrir à 2,3 % cette année comme l'an prochain (où le surcoût constitué par la transformation du CICE en baisse de charges pèsera).

Mais Joël Giraud, le rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, avait prévenu en juillet : « la cible de déficit public pour 2019 pourrait être relevée à 2,6 % du PIB en cas de fléchissement de la croissance à 1,7 % en 2018 et 2019 »écrivait-il dans un rapport .

Ce qui ressort ces derniers jours c'est que l'exécutif a décidé de serrer un peu plus la vis sur les économies, c'est une nouvelle phase d'austérité qui s'annonce notamment avec le budget 2019 qui verrait la progression des dépenses hors inflation ramenée de 0,7 % à 0,4 % un niveau guère atteint ces deux dernières décennies.

Dans ces conditions, tout ce qui est à l'origine de la crise va être accentué et la situation va encore se dégrader. Il faudrait au contraire changer la logique actuelle et faire le choix de relever le défi de la dépense sociale qui permettrait de faire reculer la pauvreté, les inégalités et le chômage. C'est un choix politique de refuse pour l'instant de faire Macron quitte à voir son image se dégrader chez les Français comme dans son électorat. Jusqu'à quand ?

Publié dans Economie

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