Pour un service public ferroviaire affranchi du diktat de la rentabilité !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Pour un service public ferroviaire affranchi du diktat de la rentabilité !

En matière ferroviaire, la politique du gouvernement et de la direction de la SNCF tient du dogme qui prévalut en médecine pendant des siècles, avec le succès qu'on sait : tout mal se soigne par une saignée !

Tous les plans de « sauvetage » du fret ferroviaire qui se sont succédé depuis au moins quinze ans ont consisté à abandonner des activités, fermer des triages, supprimer des postes, transférer des trafics sur routes avec pour résultat, ô combien étonnant, l'effondrement du transport de marchandises par voie ferrée et l'explosion du trafic de camions.

Mais nos gouvernants expliquent que les dégâts qu'ils ont eux-mêmes causés au fret ferroviaire ne peuvent être corrigés que par de nouvelles saignées. Ainsi le dernier plan de « relance » du fret continue-t-il de prévoir des suppressions de postes, de se concentrer sur les trafics « rentables » et d'achever de séparer le secteur du reste de l'activité ferroviaire, interdisant toute mutualisation et toute péréquation.

L'austérité ne concerne pas que les marchandises : la direction de la SNCF multiplie les suppressions de dessertes, les fermetures de gares, guichets, ou les réductions de leurs horaires d'ouverture, avec plus de 900 suppressions d'emplois à la clé.

La réduction des moyens humains se traduit entre autres aussi par des suppressions de postes de contrôleurs, dont le rôle d'accueil, d'information,
de sécurisation, d'accompagnement est pourtant indispensable à un service public de qualité. Le gouvernement chercherait-il à dégrader sciemment le transport, notamment sur les « petites » lignes, pour obtenir une baisse de fréquentation lui permettant de justifier leur fermeture qu'il ne s'y prendrait pas autrement !

Le démantèlement progressif du service public ferroviaire continuant, gouvernement et directions SNCF sous-traitent en général la saignée aux collectivités territoriales, dépourvues de moyens supplémentaires mais sommées d'assumer la charge financière de dessertes ou d'infrastructures relevant pourtant
du réseau ferré national si elles ne veulent pas les voir disparaître

On ne saurait expliquer l'austérité antiferroviaire généralisée par l'ignorance, comme pour la médecine de l'époque de Molière, incapable de proposer d'autre traitement que la saignée.

La ligne suivie est politique, et assumée : le rail doit avant tout être soumis à la concurrence « libre et non faussée », les cheminots doivent être mis au pas, le train doit cesser de coûter cher à la puissance publique (pas les camions ni les subventions aux compagnies aériennes à bas coût ). Tant pis pour la transition écologique, tant pis pour le service public !

La dette « du système ferroviaire » n'a jamais été qu'une dette d'état, imposée
par la puissance publique qui a été utilisée pour justifier l'austérité dans le secteur, sa reprise partielle sert aujourd'hui à justifier les sacrifices imposés aux usagers, aux cheminots et à de nombreux territoires ruraux de notre pays.

Face à cela, la Convergence nationale rail appelle à multiplier les luttes, les fédérer et leur donner une perspective politique nationale pour un autre modèle d'organisation du territoire, des transports, des services publics, affranchi du diktat destructeur et anti-écologique de rentabilité financière.

Membres du bureau de la Convergence nationale rail (CNR) ■

Didier Le Reste, Aurélien Djament, Laurent Russeil, Francis Portes et Vincent Jouillé

Article paru dans l'Humanité du 26 octobre

Publié dans Services Publics

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article