Café citoyen à Pierre Bénite, très bon débat sur le thème du droit à l'énergie pour tous.

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Café citoyen à Pierre Bénite, très bon débat sur le thème du droit à l'énergie pour tous.
Café citoyen à Pierre Bénite, très bon débat sur le thème du droit à l'énergie pour tous.
Café citoyen à Pierre Bénite, très bon débat sur le thème du droit à l'énergie pour tous.
Café citoyen à Pierre Bénite, très bon débat sur le thème du droit à l'énergie pour tous.

Comment relever le défi écologique et assurer le droit à l’énergie ? C'était le thème du café citoyen à Pierre Bénite tenu ce vendredi avec Gilles Pereyron, auteur du livre : "L'énergie pour tous. Un droit fondamental."

Une vingtaine de personnes étaient présentes et ont participé au débat ouvert par Gilles Pereyron dont nous livrons l'essentiel de son exposé.

Gilles est syndicaliste militant dans l'énergie, Vice président de "l'ONG Droit à l'énergie SOS Futur". Il est élu municipal communiste à Saint-Genis-Laval (69).

" Que dit le rapport du GIEC ? Il dit qu’il faut rester en dessous de 1,5° C d’augmentation de la température d’ici 2030. Or on est déjà à 1°C d’augmentation. 2°C serai déjà une catastrophe. Si on n’inverse pas nous sommes sur au moins +3°C d’ici la fin du siècle.

Pour être en dessous de 2°C, il ne faudrait pas émettre plus de 1,5 tonnes de CO2/Habitants. Or actuellement ce sont 4,9 tonnes CO2/ Habitants (moyenne mondiale). Le défi est donc considérable !

Qui émet le CO2 et combien ?

  • Union Européenne : 6,3 tonnes CO2/ Habitant
  • Etats Unis : +16 tonnes CO2/ Habitant
  • France : 4,3 tonnes CO2/ Habitant
  • Allemagne : 9 tonnes CO2/ Habitant
  • Chine : 6,7 tonnes CO2/ Habitant
  • Afrique subsaharienne : 0,84 tonnes CO2/ Habitant
  • Niger : 0,08 tonnes CO2/ Habitant

Un habitant des 1% des riches au monde émet en moyenne 175 fois plus de CO2 qu’un habitant des 10% les pauvres. Cela remet en cause la théorie qui voudrait  que les pauvres gaspillent et seraient les grands responsables des émissions de CO2. Idée véhiculée par les Mouvements écologiques, qui trouve ses racines dans le scénario NEGAWATT.

  • En 2017, émission de CO2 dans le monde 42 milliards de tonnes
  • La CHINE : 10,2 milliards de tonnes
  • Les Etats Unis : 5,3 milliards de tonnes
  • L’Allemagne : 905 millions de tonnes
  • La France : 330 millions de tonnes
  • Ethiopie : 100 milles tonnes

Pour le GIEC c’est encore possible et nous avons les outils nécessaire encore faut-il une volonté politique !!

Un petit rappel, le GIEC a été créé par l’ONU en 1980, et les COP se font aussi sous l’égide de l’ONU. C’est l’ONU qui a adopté le cadre de ces instances et fixé les limites notamment avec l’article 3 de la convention cadre des nations unis pour le climat qui stipule :

« Toute Politique climatique doit respecter le libre échange et ne pas fausser la concurrence »,

avec un tel article qui pose problème, le GIEC ne parle jamais de l’économie et du marché. Comme les accords des COP qui ne sont jamais contraignants pour les multinationales et qui ne remettent pas en cause non plus le marché.

Alors attention de ne pas faire des raccourcis, comme La crainte de la fin du monde cette situation à un non le Capitalisme et ce sont les conséquences de 5 siècles du capitalisme et de son évolution.

Il y a une nécessité d’appréhender le réchauffement climatique du point vue géopolitique, car il faut relier les choix politiques et leurs conséquences humaines environnementales. Le concept d’effondrement (fin du monde) sert le discours dominant qui déresponsabilise les politiques et le système capitalisme, qui renvoie sur la responsabilité individuelle et prépare les peuples à des lendemains difficiles où seuls les riches et les dominants s’en sortiront.

L’accès à l’énergie est un des secteurs où l’on constate déjà que l’on renvoie sur l’individu la responsabilité des émissions de CO2 et l’augmentation de la consommation.

La production d’électricité est le 1er secteur émetteur de CO2 au monde. Mais regardons de pus près ces chiffres et ce qu'ils recouvrent :

  • 40% des émissions de CO2, des émissions dans le monde
  • 36 % des émissions de CO2, des émissions dans l’Union Européenne
  • 32% des émissions de CO2, des émissions de l’Allemagne (293 millions de tonnes)
  • 11% des émissions de CO2, des émissions de la France (47 millions de tonne).

Un autre constat : depuis 1980, ce secteur a connu une vague d'attaques de la part du libéralisme avec la création d’un marché de l’électricité. En Europe la première directive de libéralisation du marché date de 1996, et depuis toutes les politiques menées par l’U.E conduisent à la privatisation du secteur, la France reste avec encore un peu de service public mais pour combien de temps avec ce gouvernement qui continue la politique des gouvernements précédents avec la volonté de privatiser les barrages hydrauliques.

Mesurons que les privatisations n’ont ni permis d’éradiquer la pauvreté énergétique bien au contraire puisqu'elle touche entre 70 à 125 millions d’Européens, ni de maîtriser les prix, dans tout l’UE ils ont augmenté entre 70% à 140%, avec l’Allemagne et le Danemark en tête avec un KWH atteignant les 30C cts d’euro, alors qu'en France, grâce aux tarifs réglementés et la péréquation, il est aux alentours de 15 ct le KWH.

Et elles n'ont pas permis de baisser les émissions de CO2 émit par KWH, + de 450gr/ kwh en Allemagne, la France + de 90 gr/kwh en 2017.

Par contre ces privatisations en Europe ont permis aux actionnaires d’engranger des profits. Entre les OPA et dividendes c’est + de 250 milliards qu’ils se sont partagés entre 1996 et 2006, et cela a continué depuis, on l’a vue cet été quand Total a racheter Direct Energie à 3 fois au dessus sa valeur.

Ce constat on peu le faire dans le reste du monde, et je renvoie à l’article 3 de cadrage de l’ONU.

Et pourtant l’ONU en 2015, a constaté l’absence d’accès à l’énergie, à une énergie propre abordable et fiable, entrave le développement humain social, économique et contribue à un obstacle majeur à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement qui on été fixé en 2000 par l’ONU qui sont :

  1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim.

  2. Assurer l’éducation primaire à tous.

  3. Promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.

  4. Réduire la mortalité infantile.

  5. Améliorer la santé maternelle.

  6. Combattre les maladies.

  7. Assurer un environnement humain durable.

  8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Pour l’ONU l’accès à l’énergie est un droit vital pour le développement durable.

Mais la situation de l’accès à l’énergie est loin d’être un Droit, les multinationales de l’énergie sont juste intéressées aux profits pour leurs actionnaires, la réponse aux besoins des populations n’est pas leur priorité, on le constate dans l’ensemble du monde. Là encore regardons les chiffres :

  • 1,4 milliards d’être Humain privé de tout accès à l’énergie et vit sans électricité.
  • 2,8 milliards soit 40% de la population mondiale ont recours à une énergie polluante pour la cuisine et le chauffage, qui conduit 4 millions de morts prématuré, essentiellement des femmes et des enfants. OMS
  • 125 millions d’européen en précarité énergétique
  • 12 millions de Français en précarité énergétique

Plusieurs millions d’européens privé d’électricité chaque années pour cause de pauvreté et impayés, plus de 500 000 en France !

  • 1 Palestinien a à peine 4heures par jour d’électricité.
  • 1 Africain consomme 290 kwh par an
  • 1 Nigérien consomme 51 kwh par an.

65% de la planète n’ont que 180 W par jour, l'espérance de vie pour ces gens est de 36ans.

Alors avec ce constat, comment faisons-nous pour inscrire ce droit fondamental dans les constitutions de chaque Pays. Comment l’on sort les énergies de la loi du marché et de la concurrence libre et non faussé, voilà un enjeu éminemment politique et un choix de société.

L’électricité doit être un droit de l’homme fondamental et universel car elle permet l’accès à tous les droits fondamentaux.

Pour relever ce défi, il faut massivement "décarbonner" les 24 000TWH produit chaque années en augmentant cette production pour répondre aux besoins fondamentaux de tous sur la planète, et en même temps sortir l’énergie de la loi du marché avec la création de services publics démocratiques de l’énergie.

Mais là encore pas de dogme, la réalité de la France n’est pas la réalité de l’Allemagne ni de UE,

  • La moyenne mondiale 525gr de CO2 /kwh
  • La moyenne UE 400gr de CO2 /kwh
  • La moyenne de l’Allemagne +500gr de CO2/kwh
  • La moyenne de la France 90gr de CO2/kwh

Les libéraux, les médias nous parlent de la loi "transition énergétique" en France et nous citent comme seul modèle l’Allemagne, en réalité cette loi contribue à finir la privatisation de l’électricité, ce qui ne ne règle en rien les 122 millions de tonnes démission de CO2 du secteur du transport qui est le premier secteur émetteur de CO2 en France. Avec en prime le projet la privatisation de la SNCF par Macron et son gouvernement.

La France fait parti des pays les moins mauvais, des pays développés pour ces émissions CO2.

Sur la place du nucléaire civil, le GIEC dans son dernier rapport affirme comme dans ces précédents rapport, que l’on ne décabonnera pas l’électricité sans une augmentation du nucléaire civil. La question du service public démocratique est aussi un enjeu fondamental.

Pourtant nombre de politiques Français demandent la baisse de la part du nucléaire civil dans le mix électrique. Et pourtant le rapport de janvier 2018, du ministère de la transition écologique et solidaire constate une augmentation des émission de CO2 en 2016 et 2017, de l’ordre de 3% (c’est le constat que l’on peut faire dans l’UE).

Pour le ministère les causes de cette augmentation des émissions de CO2, son le Transport, la raison évoqué serait le prix du carburant trop bas, d'où son remède augmenter les prix des carburants pour dissuader mais sans proposer d'alternative ! On revient au vieille adage les pauvres gaspillent et l’on va faire des économies par les prix. Cela n’a jamais été vrai et ne le sera jamais les exemples ne manquent pas.

L’autre cause le bâtiment, là encore la question du service public du logement est la réponse aux besoins.

Nicolas Hulot pointait aussi le fait que les centrales nucléaires avaient été moins disponibles, d’où le recours aux centrales thermiques fossile surtout les centrales gaz +77% de production en 2ans.

Un constat les centrales nucléaires ont représenté à peine 70% de la production d’électricité en 2016 et 2017, contre + de 79% en 2014, la conséquence est notable, en 2016 émission de 78gr de CO2/KWH en 2017 +de 90gr de CO2/KWH. En 2014, 48gr de CO2/kwh.

Et Nicolas Hulot remarque que malgré une augmentation importante de la puissance installée d’éolienne + 13% celle-ci n’ont pas pu compenser le manque production des centrales nucléaires pour raison climatique. Ce rapport du ministère de Nicolas Hulot montre qu’il faut faire attention au raccourci et qu’une décision politique peut vite contribuer à une augmentation de la production de l’électricité.

Pour finir cette introduction, les moyens de production ENR comme les autres moyens doivent être sortis du marché et contribuer au développement du service public de l’électricité, sans oublier rien n’est neutre chaque moyen de production en plus d’être + ou – émetteurs de CO2, ont un impact non négligeable sur l’environnement. Déchet nucléaire, terres rares, gaz de schiste ect.

C’est bien des choix politiques qu'il nous faut faire, une réalité s’impose il faut sortir du système. Nicolas Hulot l’a dit sans le nommé complètement,

Oui il faut sortir l’énergie du marché avec la création d'un vrai service public démocratisé c'est à dire des pouvoirs nouveaux pour les salariés et les citoyens afin qu'ils interviennent sur les choix stratégiques et de gestion qui garantissent l'intérêt général c'est à dire la réponse au enjeux climatiques et l’accès à l’énergie droit fondamental. Dire et faire cela, conduit à oeuvrer pour la sortie du système capitaliste."

Le débat s'est ensuite engagé : il est venu conforté les idées apportées par Gilles Pereyron et notamment le besoin de bien mesurer le défi posé à l'humanité avec la réduction de 3.4 tonnes d'émission de CO2 par habitant pour avoir une chance de maintenir une augmentation de la température de la planète en dessous de 2°. Cela suppose de prendre dès maintenant des mesures politiques drastiques tant au plan mondial, que dans chaque continent et chaque pays.

La discussion a montré qu'il était possible d'obtenir cette réduction tout en réduisant les inégalités sociales et notamment celle de l'accès à l'énergie pour en faire un droit fondamental. Cela suppose d'en faire un droit universel et garanti par les institutions internationales et les constitutions de chaque pays. Qui dit droit fondamental dit service public et dit démocratie, ce qui n'est pas compatible avec le 4ème paquet énergétique en discussion au parlement européen qui va encore étendre les possibilités de marchandisation de l'électricité. Cela suppose aussi de faire évoluer les missions de l'ONU et notamment l'article 3 en supprimant la clause affirmant que toute Politique climatique doit respecter le libre échange et ne pas fausser la concurrence qui vise à laisser tranquille le capitalisme alors qu'il le responsable premier des émissions de CO2 et du réchauffement climatique.

En France il est noté une situation particulière, puisque la production d'énergie n'est pas le 1er secteur émetteur de CO2 bien qu'il doit être amélioré avec les énergies renouvelables associées à l'hydraulique et au nucléaire civil qui a fait la démonstration de son efficacité bien que les questions de sureté et de traitements des déchets doivent être renforcées. En France il y a donc lieu de prendre à bras le corps les secteurs des transports 1er émetteur de CO2, du bâtiment, de la production industrielle.

Tout en se gardant de fausses solutions qui peuvent apparaître de bon sens mais qui s'avèrent dangereuses pour les populations. Le rôle de la recherche fondamentale a été fortement pointée pour inventer des réponses nouvelles que peut-être on a du mal à imaginer aujourd'hui. Mais seule la recherche publique avec des objectifs clairs fixés est en capacité de jouer ce rôle.

Autre question pointée dans le débat le financement. Selon le GIEC il faut un financement annuel mondial de 2400 milliards de dollars. Cela nécessite d'avoir une vision à long terme et de mettre à contribution les multinationales, les banques, les marchés financiers et de coupler ces contributions d'un autre crédit qui s'appuie sur un secteur nationalisé fort qui finance à des taux réduits des plans écologiques visant à abaisser l'émission de CO2. L'Europe a aussi une responsabilité. Alors qu'elle a gâché des milliers d'euros dans la spéculation, la BCE pourrait avec cet argent alimenter un fonds européen social et écologique pour le développement des services publics sur la base de projets construits par chaque état de l'UE et visant une réduction rapide et importante des émissions de CO2..

Un intervenant devant les défis pointé, relève qu'au fond, il y a besoin d'avoir un fonctionnement de la société qui ne soit plus conçu en fonction de la valeur possible à réaliser. Car c'est cette recherche d'une valeur toujours plus grande qui détruit les hommes et la nature et qui nous a conduit là où nous en sommes aujourd'hui.

Si au plan mondial, les institutions internationales notamment l'ONU, ont été pointées fortement, un intervenir a précisé que si cela était nécessaire ce qui l'était encore plus c'est de s'engager dans la proximité son entreprise, sa commune, sa région et l'Etat afin que toute décision prise soit conforme à des objectifs de réduction d'émission de CO2 et ne favorise pas la marchandisation de tout qui va génèrer une dégradation de l'environnement.

Le débat a été conclu sur le besoin de mener la bataille pour la gratuité de l'électricité car droit fondamental comme elle commence à être menée dans les transports urbains et périurbains afin d'encourager à l'usage des transports collectifs.

Gilles Pereyron a ensuite dédicacé son livre et pris le pot fraternel avec l'ensemble des présents.
 


 


 


 


 


 


 


 

Publié dans Pierre Bénite

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