Intervention d'Amar Bellal au CN du PCF le 5 février à Marseille

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Intervention d'Amar Bellal au CN du PCF le 5 février à Marseille

Je me réjouis du contenu de la campagne de Fabien Roussel, et je le dis en ayant conscience que nous revenons de très loin. Imaginons un seul instant si, sur tous ces sujets incontournables de la campagne, l’énergie nucléaire, la ré-industrialisation, les questions autour de notre rapport à la république, la laïcité, si nous avions flanché et cédé il y a quelques années ?

Nos positions seraient aujourd’hui perçues comme opportunistes, dans le seul but de se différencier des autres, et ainsi inaudibles.

Or ces positions sont le fruit d’un travail de fond, de débats qui ont été menés par des commissions, des revues, et ce pendant des années, et il faut le dire, cela n’a pas toujours été facile de se faire entendre.

Cela devrait nous faire réfléchir et retrouver confiance en nous, en notre propre réflexion, et non pas forcément « sous-traiter » une part de nos propositions en collant aux idées d’ONG ou de certaines associations en vogue pour plaire.

Il faut dire aussi que la réalité hélas nous a beaucoup « aidé » sur plusieurs de ces débats : par exemple les feux de forêts gigantesques de cet été et d’autres évènements à travers la planète liés au changement climatique déjà bien mesurable, pour rappel +1,1 degré de réchauffement par rapport à l’ère industrielle, et d’ici 2030 d’après les prévisions des scientifiques nous connaitrons une température jamais atteinte depuis des centaines de milliers d’années, tous ces évènements climatiques ont fait beaucoup plus que des millions de tracts sensibilisant sur le climat : cela a participé à faire bouger les lignes sur le nucléaire par exemple.

Rappelons qu'en 2018, le GIEC avait mis en avant 5 scénarios énergétiques mondiaux compatibles avec un réchauffement limité à 1.5 degré, et où la production d’électricité nucléaire progressait du double au quintuple par rapport à la production actuelle : cela devrait faire réfléchir les antinucléaires, il n’est pas honnête d’invoquer le GIEC que lorsque cela arrange.

Cette campagne nous montre qu’il y a un espace pour les idées communistes : face au défi climatique, au défi de l’épuisement des ressources, de la pollution, le chemin est très étroit et nous ne pouvons plus perdre de temps avec le capitalisme, la réalité nous donne encore une fois raison. C’est la nécessité d’un monde de coopération, de planification, de financements massifs échappant au critère de rentabilité et de profit , la nécessité de dépenses pour la formation et l’élévation des qualifications pour toute l’humanité, qui doivent prévaloir.

On le voit aussi avec la pandémie où il faudrait vacciner la planète entière pour y mettre fin, libérer les brevets et produire en masse à prix coutant des vaccins, mais cela heurte les fondements du capitalisme. Face au TINA (There is no alternative) de Margaret Tatcher, il faut opposer maintenant l’alternative communiste.

Face à ces défis, nous sommes hélas encore trop prisonniers d’une vision étroite de la figure de l’ « intellectuel » : on y voit avant tout des historiens, des sociologues ou des philosophes. Pourtant on a aujourd’hui besoin d’autres intellectuels : des économistes, des scientifiques, des ingénieurs, ainsi que des techniciens et des ouvriers qui ont pu développer une réflexion dans leurs domaines d’activité, car les défis à affronter sont à la fois politiques, mais aussi industriels, scientifiques et logistiques. C’est primordial pour construire des analyses et des propositions crédibles et dépasser les simples slogans.

Et je ne peux plus, ne veux plus, entendre qu’il y aurait d’un côté des grands penseurs qui réfléchiraient aux grandes questions politiques et à la visée communiste, et pour le reste, pour la résolution concrète du problème climatique, du défi alimentaire, de l’épuisement des ressources, se contenter de se dire que « l’intendance suivra », que c’est qu’une simple formalité. C’est une vision étroite, paresseuse pour ne pas dire présomptueuse. D’accord avec le mot d’ordre de « l’écologie des solutions et non de la punition » mais il faut se donner les moyens de cette ambition et travailler à comment le traduire réellement.

Enfin il a été évoqué la question des grandes écoles favorisées par Macron en les opposant aux universités et leur manque de financement bien connu. Il faut faire attention au discours, bien faire la distinction avec les grandes écoles d’ingénieurs qui ont grandement participé à la construction industrielle de notre pays : sans Polytechnique, Centrale, les Mines, ENSI, ENSAM, INSA, Supelec, Supaero et autres, il n’y aurait pas eu d’ EDF, de SNCF, d’ Airbus, de Framatome, d’Aerospatiale,de Rhone Poulenc, d’Alstom, France Telecom etc, tels que nous les connaissons ou les avons connus ...

Le projet de Macron c’est de vider l’originalité et la spécificité de ces écoles, les vider de leur contenus scientifiques pour en faire de vulgaires écoles de management et de commerce, et de les rendre totalement inaccessibles aux classes populaires. Il faut donc les défendre malgré certaines dérives, ce sont des outils incontournables, les ingénieurs français sont enviés à travers le monde pour leur niveau de formation, et ces écoles sont des lieux où il y aussi de la contestation à l’ordre établi, beaucoup de jeunes ingénieurs dénoncent les délocalisations des industries et la vente des savoirs faire de la France, de ses brevets, beaucoup ont conscience de l’impératif écologique et de la nécessité de produire autrement.

Par contre on peut tout à fait supprimer les grandes écoles de commerce de type ESSEC ou HEC, véritables vecteurs idéologiques du néolibéralisme, ou tout au moins les transformer en profondeur en écoles au service de l’administration du pays, pour travailler dans de grandes banques de services publics financiers par exemple.

Publié dans PCF, Présidentielle 2022

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