39ème congrès. Intervention d'Amar Bellal au CN du PCF des 3 et 4 décembre.

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Il est utile d’abord de rappeler que ce texte est une proposition de base commune, pour permettre la discussion, et non la clore. Il sera enrichi par les amendements et propositions de modification qui seront sans nul doute faits ce WE de CN, mais aussi par la suite, par les militants de toute la France dans les congrès de sections puis de fédération.
 
 
Cela fait réagir et c’est normal, et les nombreuses interventions le montrent. J’entends ici et là qu’il manque tel ou tel aspect dans le texte de base commune, que certains sujets ont été éludés. Mais je suis moi-même favorable à ce qu’on intègre quelques lignes pour évoquer par exemple le printemps arabe ou la lutte des femmes (et des hommes) en Iran comme cela vient d’être proposé ! je n ai donc pas de problème avec l’intervention précédente de ce point de vue (Note : en réalité ces deux sujets sont bien évoqués dans le texte initial...)

 
Ce qui nous importe aujourd’hui, notre responsabilité en tant que direction, c’est de vérifier que ce texte permet vraiment la discussion dans de bonnes conditions dans le parti et qu’il suscitera un débat de qualité auprès des militants en n’éludant aucun sujet, et non pas d’arrêter un texte définitif.


Je veux aussi souligner la démarche collective qui a présidé à l’écriture de ce texte dans la commission du texte. Il y a eu une volonté honnête et sincère de faire participer tout le monde, dans la diversité de ses « compétences » et sur les sujets de prédilection de chacun, même si chacun pouvait intervenir sur tous les sujets bien sur.


Sur l’écologie justement, je crois que le texte présente une vraie avancée avec des chapitres majeurs ouvrant à chaque fois sur les défis de civilisation que portent les crises écologiques. Cela peut même être déroutant tellement l’approche est en rupture avec les autres congrès. Cette place de l’écologie montre à quel point ce sujet est de plus en plus central dans notre réflexion. 4 ans se sont écoulés depuis le dernier congrès : entre temps il y a eu le 6eme rapport du GIEC, la COP 26 et 27 avec la montée de l’exigence d’atteindre la neutralité carbone, avec la nécessité plus que jamais d’engager des politiques d’atténuation mais aussi d’adaptation, car le réchauffement climatique est déjà là et il faudra s’y adapter.
 
 
On insiste également sur l’importance d’appliquer les principes de l’économie circulaire au secteur industriel pour diminuer la pression sur les ressources et se donner les chances d’assurer la réponse aux besoins d’une planète peuplée de 8 milliards, bientôt 10 milliards, d’êtres humains.


Mais surtout, l’avancée majeure dans ce texte, c’est que nous disons clairement que certaines crises écologiques sont des problèmes qui vont bien au-delà du seul dépassement du capitalisme. Je crois que c’est nouveau écrit ainsi noir sur blanc et aussi clairement exprimé. La crise climatique, les ressources qui s’épuisent, sont des problèmes objectifs que le capitalisme aggrave bien sur et dont il empêche la résolution. Mais insistons, nous auront nous-même à faire face à la difficulté de décarboner toute l’économie et organiser nos moyens de productions et de consommations autrement pour qu’ils soient durables pour une planète de 10 milliards d’habitants, quand bien même le monde entier serait organisé suivant les principes du communisme. Nous aurons aussi à faire face à d’autres pandémies, à assurer la sécurité sanitaire, alimentaire, : c’est un défi politique et scientifique en soit au delà du seul dépassement du capitalisme. C’est novateur et je pense que cela nous rendra plus crédible et audible de le reconnaitre et de l’exprimer ainsi aussi clairement.


 
Cette idée est amenée dans le texte par la notion d’Anthropocène, période qui consacre l’action humaine comme une des forces géologiques majeures, au côté des autres forces géophysiques naturelles. Depuis 10 000 ans et l’invention de l’agriculture, l’humanité a transformé tout son milieu, avec un impact majeur. Ainsi il n’y a plus aucun paysage vraiment sauvage autour de nous: même la forêt Amazonienne a été façonnée par des millénaires de présence humaine contrairement à ce que l’on pourrait croire ! Cette nouvelle période, où l’humanité a répondu de façon légitime à ses besoins en transformant et exploitant son milieu, nous l’assumons : il ne s’agit pas de revenir en arrière dans une nature sauvage intacte, fantasmée, pensée hors de l’humanité, et qui n a jamais vraiment existé, mais au contraire de se donner les conditions pour que notre environnement reste vivable et que nous puissions continuer à en tirer les richesses nécessaires pour répondre aux besoins légitimes de l’Humanité, ce que le capitalisme ne permet pas dans sa folie de gaspillage et d’inefficacité.
 
 
Et c’est possible d’atteindre cet objectif, au-delà des discours catastrophiques et démobilisateurs insistants sur les limites planétaires, sans poser les questions hautement politiques de l’organisation de nos sociétés, de nos modes de production et de consommation, des potentialités du progrès scientifiques et technologiques. En cela l'Anthropocène nous oblige, il perdurera au delà du capitalisme.

 
L'Anthropocène est une notion importante, que la communauté scientifique s’est appropriée et qui est présent dans les débats sur l’écologie, mais importante surtout pour les questions politiques qu’elle pose sur notre rapport à la nature et donc le rapport qu'entretiennent les êtres humains entre eux : en effet nous ne pouvons pas résoudre la crise environnementale, sans résoudre les rapports de domination et d’exploitation entre les êtres humains. Cela nécessite de dépasser le capitalisme, première condition incontournable, pour se donner des chances de résoudre tous ces problèmes.
 
 
Amar Bellal

Publié dans 39ème congrès, PCF

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