Niger une intervention militaire de la CEDEAO de plus en plus rejetée par les peuples et les Etats africainss!

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Les jours qui suivent la réunion de jeudi au Nigéria où seulement 8 Etats africains sur 15 membres de la Cédéao ont participé, sont difficiles pour mettre en oeuvre une intervention militaire au Niger.

 

Ces 8 Etats ont décidé à Abuja "d’activer et de déployer la force en attente" de la communauté ouest-africaine pour la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger. Depuis il s'avère que cette décision divise fortement les Etats africains qui doivent tenir compte de leurs populations qui exigent de rompre avec des politiques qui prolongent le passé colonial de ces pays et des anciennes puissances coloniales.

 

Au Nigéria, le sénat refuse de déclarer la guerre, il en est de même au Bénin et au Cap Vert. Le Mali, le Guinée et le Burkina Faso ont déclaré leur hostilité à toute intervention militaire et leur volonté de se tenir aux côtés du Niger. L'Algérie avec des frontières communes avec le Niger a signifié également son refus d'une intervention. Au Tchad le sentiment de rejet de la France est aussi fort et rend difficile une participation d'autant que cet Etat coopére étroitement avec l'armée nigérienne contre les terroristes de Boko Haram.

 

Il ne reste plus que la Côte d'Ivoire et le Sénégal qui se disent prêts à envoyer de forces militaires. Bien qu'au Sénégal une participation embraserait certainement le pays. Aissata Tall Sall, la ministre des Affaires a expliqué qu'au Niger c’était le « coup d’État de trop » en reprenant les mots de Madame Colonna, mais cela ne passe pas à Dakar. Le Sénégal se débat déjà dans des difficultés économique et la classe politique est déjà en pleine ébullition suite au décret interdisant le Pastef, le parti d'Ousmane Sonko placé en détention.

 

À Dakar, une potentielle intervention militaire de la Cédéao au Niger ne fait donc pas l’unanimité. Plusieurs tribunes publiées s’y opposent. C'est plus de 170 personnalités du monde politique et de la société civile à avoir signé celle publiée par Seneplus. « Une telle intervention serait une régression dans le cours de l’histoire » et « l’avenir immédiat du Niger doit être déterminé par les Nigériens eux-mêmes », indique la tribune signée par les écrivains Felwin Sarr et Boubacar Boris Diop mais aussi par Birahim Seck, coordinateur de Transparency international à Dakar. Des politiques ont aussi signé comme le député Mamadou Lamine Diallo ou l’ancienne Première ministre Aminata Touré. « Toute intervention mènerait à une catastrophe dans la sous-région », commente l’ex-chef de gouvernement. « Le Sénégal n’a pas les moyens d’intervenir militairement alors que le pays a d’autres urgences à régler comme la cherté de la vie », explique la femme politique qui espère toujours qu’une solution soit trouvée par le dialogue.

 

Le député non-aligné, Thierno Alassane Sall, qui s’était déjà opposé à une intervention militaire à l’Assemblée nationale a de nouveau fait une déclaration : « La Cédéao n’a aucune base juridique pour déclarer la guerre au Niger qui n’a agressé personne et ne s’est immiscé dans aucune affaire d’État membre », estime l’ancien ministre de Macky Sall, qui appelle les citoyens sénégalais à une marche pacifique.

 

Ainsi dans tous les pays africains l'on retrouve le refus d'une intervention extérieure au Niger et le refus de la guerre.

 

La Cédéao qui n'a aucun mandat de l'ONU pour intervenir militairement agirait comme couverture d'une intervention voulue par la France qui s'est d'ailleurs félicitée de la décision issue de la réunion de la Cédéao tenue au Nigeria, alors que le Niger et ses voisins agissent avec prudence afin d’éviter un conflit militaire pouvant être effroyable.

 

Les nouveaux dirigeants du Niger ont annoncé que le pays mettrait fin à la coopération militaire avec la France qui a gouverné le Niger jusqu’en 1960, dont la présence envahissante dans son ancienne colonie est une source majeure de ressentiment dans ce pays riche en ressources, mais toujours frappé par la pauvreté.

 

Les soutiens au coup d’Etat ont manifesté dans les pays de la Cédéao pour dénoncer tous ceux qui prennent des mesures impopulaires et inhumaines contre le Niger qui est l’un des pays les plus pauvres du monde bien qu’il soit l’un des principaux exportateurs d’uranium et veut se libérer du joug de la colonisation.

 

Les nigériens voient de nombreuses installations et formations militaires, la base américaine de drones d’Agadez, dans tout le pays, sans qu’il y ait un développement économique substantiel. Cela explique les importantes manifestations des citoyens qui se révoltent. Le rôle des États-Unis, de la France et l’augmentation du développement militaire est l’une des raisons pour lesquelles ils soutiennent le coup d’État.

 

Les générations actuelles ne comprennent pas comment l’Afrique, avec tant de richesses sur son sol, avec une nature généreuse, de l’eau, du soleil et de l’abondance, soit aujourd’hui le continent le plus pauvre. L’Afrique est un continent qui a faim. Comment se fait-il qu’il y ait des chefs d’État africain qui mendient partout dans le monde ? Les peuples africains n'ont pas de réponse. Cette génération se demande aussi pourquoi cette pauvreté oblige des africains à traverser les mers pour essayer d’atteindre l’Europe et en meurent. Bientôt, ils ne les traverseront plus, parce qu’ils viendront chez les riches de leur pays chercher leur pain quotidien. C'est pourquoi, ces générations veulent nouer de nouvelles relations et coopérations pour offrir à leurs peuples un avenir meilleur.

 

Ainsi le Burkina Faso est confronté à la forme la plus barbare et la plus violente du néocolonialisme impérialiste. L’esclavage continue de s’imposer alors qu'ils savent qu'un esclave qui ne peut assumer sa propre révolte ne mérite pas d’être plaint. Le peuple burkinabé a décidé de se battre, de lutter contre le terrorisme, pour relancer son développement.

 

Le Washington Post a publié une tribune du chef d’État déchu du Niger, le président Bazoum. Il y parle du Niger comme du dernier bastion de la démocratie au Sahel. Une affirmation contestée par le journaliste du Washington Post : " quand je me suis rendu au Niger, je n'ai pas constaté que j'étais dans l’État le plus démocratique. Si vous lisez les rapports du département d’État, vous verrez qu’il y a énormément d’abus contre les citoyens. L’armée, que nous soutenons depuis des années, a commis un nombre considérable d’atrocités. Cela a suscité beaucoup de mécontentement au sein de l’armée elle-même et de la population civile."

 

Il est important de connaître ces éléments du contexte local pour mieux comprendre ce que l’injection d'énormément d'argent dans l’appareil de sécurité au Sahel a pu signifier pour les gens qui y vivent et a provoqué leur colère et leur rejet.

 
Enfin trois remarques :
 
1) Il n'y aucun mandat du Conseil de sécurité pour autoriser pareille intervention.
 
2) Les mêmes va t'en guerre n'ont pas eu les mêmes scrupules "démocratiques" lors du coup d'état ukrainien en 2014 lorsque le "président élu" à été chassé du pouvoir par l'ultra droite nationaliste, avec l'appui des Américains et de l'UE).
 
3) De quelle démocratie parle t'on ?  Le Niger fournit à la France autour de 20% de ses besoins en Uranium pour assurer la production d'électricité en France et en Europe, mais seulement 18, 6% des Nigériens ont accès à l'électricité ! Tout est dit.
 
On peut comprendre que les peuples d'Afrique rejettent de plus en plus cette pseudo démocratie.

 

 

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