Les médecins et les salariés malades nouvelles cibles de Bruno Le Maire !

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Alors que l'évasion fiscale avec notamment les paradis fiscaux, prive chaque année la France de dizaine de milliards dont elle a besoin pour nos services publics, l'emploi ou les retraites, le ministre de l'économie a décidé de partir en guerre contre les médecins et les salariés malades. Les premiers sont accusés de complaisance en accordant trop facilement des "arrêts maladie" et les seconds sont accusés d'être des "tire au cul" ou des fainéants qui profitent de la Sécu pour être payés sans travailler doutant qu'ils soient réellement malades !

 

Telles sont les nouvelles cibles du gouvernement pour tenter de justifier l'austérité imposée à notre système de santé avec le budget 2024 adopté avec le 49/3 !

 

Il est vrai que les arrêts maladies ont coûté 16 milliards d’€ à la Sécu en 2022. Le gouvernement veut lutter contre les médecins qui prescrivent trop facilement des arrêts de travail. Des mesures ont été lancées l’an dernier et de nouvelles dispositions entrent en vigueur au 1er janvier.

 

Ainsi, les médecins sont dans le collimateur du gouvernement. Il faut dire que les dépenses d’indemnités journalières maladie ont bondi de 60 % passant de onze milliards d’euros en 2010 à seize milliards en 2022. Au total, on a dénombré 8,8 millions d’arrêts maladie en 2022 contre 6,4 millions il y a dix ans. Les médecins sont accusés d'être trop complaisants et les salariés malades de ne pas être suffisamment malades pour justifier un arrêt maladie !

 

C’est ce que pense le ministère de l’Economie puisque Bruno Le Maire a assuré vouloir « lutter contre ces dérives ».

 

Ni une ni deux, dans la foulée l’assurance maladie a lancé une campagne pour contrôler les médecins qui prescrivent le plus d’arrêts. L’objectif est de mettre sous surveillance un gros millier de médecins dits « gros prescripteurs » soit environ 2 % du corps médical. Ces derniers prescrivent deux à quatre fois plus d’arrêts maladie que leurs confrères. Ils seront placés sous étroite surveillance avec une « mise sous objectif » pour se rapprocher de la moyenne de leurs confrères.

 

Ces mesures ont provoqué une levée de boucliers dans la profession qui ne souhaite pas être stigmatisée et refuse la mise en place d'une "police médicale". Malgré ces protestations, les filets de l’Assurance maladie ratissent de plus en plus large puisqu’on estime que 20 000 médecins sont actuellement surveillés et 5 000 d’entre eux vont recevoir la visite de contrôleurs qui passeront en revue leurs habitudes de prescription des arrêts maladie.

 

La loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 et son article 27 prévoit de « renforcer les modalités de contrôle » tant des médecins que des assurés en arrêt maladie. Le but est d’ « éviter tout arrêt de travail qui ne serait pas, ou plus, médicalement justifié » précise la loi. En 2022, 35 % des salariés français ont déposé un arrêt maladie.

 

Le plus cynique est que le gouvernement avait même prévu de donner le pouvoir aux patrons qui doutent de la sincérité de l’arrêt maladie. Ils pouvaient mandater un médecin contrôleur. S’il concluait au caractère injustifié de l’arrêt, le versement des indemnités journalières était suspendu automatiquement.

 

Mais heureusement le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition de la loi qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2024.

 

En revanche, les arrêts maladie obtenu par téléconsultation sont désormais limités à trois jours maximum sauf si c’est le médecin traitant habituel qui a mené la téléconsultation ou si le patient n’a pas pu obtenir un rendez-vous physique pour renouveler son arrêt de travail.

 

Ces mesures visent à réduire les arrêts maladies, (35 % des salariés y ont eu recours en 2022 selon baromètre d’Apicil avec une durée moyenne de 22,13 jours). Outre le Covid qui arrive en tête (1,6 million d’arrêts), les motifs sont : les syndromes dépressifs (1,52 million), la gastro-entérite (874 000), les lombalgies (787 000) et 479 000 arrêts pour « sciatique ».

 

Beaucoup de ces maladies proviennent d'une aggravation des conditions de travail dans les entreprises et notamment l'intensification des rythmes et charges de travail qui conduisent au mal être au travail et causent des dégâts sur la santé physique et mentale.

 

Ces réalités vécues quotidiennement sur les postes de travail, sur les chaînes, dans les bureaux rendent plus que jamais nécessaire et utile le renforcement de la médecine du travail afin d'anticiper, de prévenir voire d'empêcher la destruction de la santé et d'aider à la guérison qui suppose l'utilisation de l'arrêt maladie.

 

Les situations de souffrances au travail vont se multiplier chez les salariés les plus âgés obligés de travailler deux ans de plus, jusqu'à 64 ans, depuis la réforme des retraites adoptée aux forceps à l'Assemblée nationale. Monsieur Le Maire y a t-il seulement pensé ?

 

Du côté des médecins, c'est la bronca comme l'écrivent certains qui passent au crible la politique de santé publique du gouvernement depuis 2017. Une politique en pleine crise qui n'est plus en capacité de répondre avec efficacité aux besoins de santé des salariés et des populations.

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