Intervention de Sphie Binet à Beziers le 23 avril pour les libertés et contre l'extrême droite

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Camarades,

 

La maison brûle. Italie, Pays-Bas, Hongrie, Slovaquie, Suède, Russie, Argentine, Israël, Inde, etc… la liste donne le tournis. Dans plus en plus de pays du monde, l’extrême droite arrive au pouvoir. Elle y arrive toujours dans la même configuration, une alliance avec la droite. Et jamais par hasard, elle bénéficie du soutien des puissants et d’une partie du capital. C’est ce que fait Vincent Bolloré en France qui étend son emprise sur un maximum de médias et sur le monde de l’édition pour installer ses idées rances. C’est aussi ce que fait Elon Musk aux Etats-Unis qui a racheté Twitter.

 

Résultat : une partie de nos réseaux sociaux servent désormais de caisse de résonnance à la fachosphère et à l’extrême droite. L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir a un impact immédiat : la multiplication des conflits guerriers dans le monde.

 

Quel est le point commun entre Poutine et Benyamin Netanyahou ? Ils sont tous les deux d’extrême droite et ils assassinent tous les deux des milliers de civils. Je veux dire ici, à nouveau, à nos camarades Ukrainiennes et ukrainiens, à nos camarades Palestiniennes et palestiniens, qui sont assassiné.es sous les bombes combien le syndicalisme international est solidaire et ne les laissera pas seuls. Nous dénonçons l’armement de l’Europe et de la France et les livraisons d’armes qui continuent en direction d’Israël et permettent à l’Etat
d’Israël d’assassiner les civils par dizaine de milliers.

 

La maison brûle. En France, il est « minuit moins le quart » et ici, à Béziers, il est « minuit un quart ». Il est « minuit moins le quart » et c’est la responsabilité directe du Président de la République, car c’est lui qui, comme jamais, a banalisé l’extrême droite en présentant le RN comme un parti républicain comme les autres. C’est Emmanuel Macron qui a banalisé les idées d’extrême droite en les reprenant dans sa loi Asile-Immigration qui, pour la première fois depuis 1789 et la Révolution française, remet en cause du droit du sol. C’est Emmanuel Macron qui devra s’expliquer devant l’histoire face à ses responsabilités écrasantes parce qu’avec sa politique d’une violence sociale sans précédent au service des puissants, il déroule le tapis rouge à l’extrême droite. Oui, il faut le dire et le redire, l’extrême droite prospère sur les cendres laissées derrière elle par les politiques néolibérales.

 

Nous sommes ici car nous sommes déterminés à lutter contre ce fléau. Nous sommes ici parce que ce qui nous rassemble, face à l’ED, face au fascisme, c’est qu’il ne faut jamais – je dis bien JAMAIS – avoir la main qui tremble. L’extrême droite c’est comme la gangrène. Quand on ne coupe pas, quand on ne met pas une frontière claire, ça ronge l’ensemble du corps. Il faut donc continuer à être clair et à dire dans nos organisations, dans nos luttes, que l’extrême droite n’y a pas et n’y aura jamais sa place.

 

Contrairement à Emmanuel Macron, nous ne mettrons jamais l’extrême droite dos à dos avec une quelconque autre force. L’extrême droite n’est pas républicaine par ses idées, son histoire, mais aussi par sa différence de nature fondamentale. Si l’extrême droite arrive au pouvoir souvent par les urnes, elle rechigne toujours à rendre le pouvoir, et quand elle peut le garder, elle le garde. C’est ce que fait Poutine en Russie, ce qu’a essayé Trump avec sa tentative de coup d’Etat au capitole comme Bolsonaro au Brésil.

 

Rappelons-le, il n’y a pas de pire ennemi pour le monde du travail que l’extrême droite. Continuons à démasquer son imposture sociale. Qui vote contre les augmentations de salaires en France, comme à Bruxelles ? C’est l’extrême droite et le RN. Qui continue à porter des orientations racistes, sexistes et homophobes, c’est l’extrême droite et le RN. A l’image d’ailleurs de M. Ménard qui aujourd’hui n’est pas à Béziers mais comparait au Tribunal parce qu’il refuse d’appliquer la loi de la République et de marier des couples de même sexe.

 

S’il faut rappeler la vraie nature de l’extrême droite, il faut aussi continuer à aller au débat avec les électeurs de l’extrême droite et du RN car ce ne sont pas nos ennemis. Il faut aller au débat pour comprendre et analyser les causes profondes de la montée de l’extrême droite dans le pays et pour pouvoir en tirer les leçons.

 

Il y a près de vingt ans, jour pour jour le 21 avril 2002, en France pour la première fois sous la Vème République, l’extrême droite arrivait au deuxième tour de l’élection présidentielle. Pourquoi ? Parce qu’auparavant dans la campagne, le candidat principal progressiste (Lionnel Jospin, premier ministre sortant) avait déclaré devant les salariés de chez LU, qui se mobilisaient pour sauver leur emploi, « l’Etat ne peut pas tout ». S’il avait, par rapport à d’autres, le mérite de la franchise, ses paroles signaient le terrible renoncement du politique face aux forces de l’argent.

 

Et sur quoi prospère l’extrême droite ? Justement sur ce sentiment de désespoir et d’impuissance. L’extrême droite prospère sur le fait que, trop souvent quand elle est arrivée au pouvoir, la gauche a fait les mêmes politiques que la droite en renonçant à transformer la société et à affronter le capital.

 

L’extrême droite prospère sur le sentiment de déclassement, sur la destruction de l’emploi et le fait que le travail ne permet plus de vivre dignement. L’extrême droite prospère sur les désordres de la mondialisation capitaliste, qui en mettant en place un grand marché de capitaux et de marchandises met en concurrence les travailleuses et les travailleurs du monde, organise le dumping social, fiscal et environnemental. Si nous voulons lutter contre l’extrême droite, nous avons besoin de tirer les leçons et d’ouvrir les perspectives progressistes.

 

Ici, c’est peut-être la ville de Robert Ménard, mais il sera vite oublié par l’histoire. Ici, c’est d’abord la ville de Jean Moulin. Ici, à Béziers, est né celui qui a fondé le Conseil National de la Résistance, le CNR qui, il y a 80 ans, a adopté un programme incroyable. Ces résistants et résistantes ont eu le courage et la clairvoyance, aux heures les plus sombres de l’histoire et ce au péril de leur vie - 3 membres du CNR ont été assassinés dont Jean Moulin - d’écrire le programme des Jours Heureux.

 

Pourquoi ont-ils écrit ce programme ? Parce que, malgré leurs énormes différences, ce qui les rassemblait c’était que plus jamais l’extrême droite ne revienne au pouvoir. Pour cela, il était nécessaire de dégager des perspectives progressistes, sociales et rassembleuses. Et c’est la première leçon qu’il faut tirer.

 

La deuxième leçon, c’est l’unité. Le CNR rassemblait des gens très différents. D’abord, il y avait nous, les syndicalistes. Nous représentions un tiers des membres du CNR avec des camarades de la CFTC (aujourd’hui CDFT), avec évidemment la CGT qui, grâce à Louis Saillant, a assuré la présidence du CNR après Jean Moulin et Georges Bidault. Il y avait aussi toutes les forces politiques non collaborationnistes, de gauche à droite, et qui ont adopté ce programme révolutionnaire. Ils étaient unis sur la nécessité que le fascisme ne revienne pas mais aussi parce que les seuls absents de ce programme, c’étaient évidemment les forces politiques proches du régime de Vichy mais aussi le patronat et les forces de l’argent qui s’étaient vautrées dans la collaboration.

 

La conviction du CNR, pour empêcher que le fascisme revienne, était de remettre les puissants à leur place et de reprendre en main l’économie. C’est cela le sens fondamental du programme du CNR.
 

Si nous sommes rassemblés, toutes et tous ici à Béziers, c’est pour dire qu’aujourd’hui nous avons besoin de construire une dynamique identique à celle du CNR et de son programme. C’est d’une unité aussi large que celle du CNR dont nous avons besoin. Nous, organisations syndicales, nous savons nous rassembler. Nous l’avons démontré contre la réforme des retraites et nous avons réussi aujourd’hui à conserver et approfondir cette unité. Je me permets de dire aux organisations politiques : les salariés aspirent à l’unité des forces progressistes. C’est ce qui leur permet d’avoir confiance et de s’engager dans l’action.

 

Souvenons-nous des paroles du poète Louis Aragon « quand le blé est sous la grêle, fou qui fait le délicat ». Nous avons entre nous mille et un désaccords, mille et une raisons de nous diviser. Mais quelle est la priorité aujourd’hui quand l’extrême est aux portes du pouvoir ? Se rassembler n’empêche pas de débattre. Alors unissons-nous camarades !
Mais se rassembler, ce n’est pas le faire sur le plus petit dénominateur commun. C’est le faire à l’image de ce que nous avons fait pendant la Résistance. Nous avons aujourd’hui besoin de perspectives aussi ambitieuses que ne l’étaient celles du CNR, en rupture avec le néolibéralisme et ses impasses sociales et environnementales.

 

Ce que nous enseigne l’histoire, c’est que rien n’est jamais écrit d’avance. Rien n’est jamais écrit d’avance, c’est ce que nos camarades espagnols ont démontré avec une mobilisation très forte contre le fascisme qui a permis à ce que VOX n’arrive au pouvoir.
Rien n’est jamais écrit d’avance, c’est ce qu’ont démontré nos camarades brésiliens qui ont gagné la réélection de Lula contre l’immonde Bolsonaro et qui luttent maintenant pour faire entendre les exigences sociales et environnementales.

 

Rien n’est jamais écrit d’avance, c’est ce que nos camarades féministes polonaises ont réussi en sortant le PIS du pouvoir pour défendre enfin les libertés et les droits des femmes.

 

Rien n’est jamais écrit d’avance et nous le savons bien ici en France. En 1934 après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, les ligues d’extrême droite ont essayé de faire un coup d’Etat. La CGT a appelé à l’unité, nous nous sommes réunifiés nous avons multiplié les luttes et gagné le front populaire.

 

Alors cher.es camarades ; pour celles et ceux qui doutent, pour celles et ceux qui se disent qu’on a tout essayé et que l’extrême droite serait la seule solution, nous leur disons de ne pas se faire enfumer par le parti du mensonge. S’il y a bien une solution pour changer son quotidien, c’est de se syndiquer pour reprendre sa vie et son travail en main.

 

Se syndiquer et s’organiser ça change la donne ! C’est ce qu’ont fait nos camarades d’ONET, dans le nettoyage à Montpellier avec une lutte historique et plusieurs semaines de grève jusqu’à la victoire. Bravo les camarades !

 

Se syndiquer et s’organiser ça change la donne ! C’est ce qu’ont fait nos camarades du nettoyage des ordures à Perpignan, qui grâce à leur grève ont arraché des augmentations de salaires.

 

Se syndiquer et s’organiser ça change la donne ! C’est ce que les camarades de VECTALIA, celles et ceux qui conduisent les bus ici de Béziers, viennent de démontrer de façon flamboyante. Ce patron voyou, qui très bizarrement a en gestion les bus de Perpignan et de Béziers (cherchez le point commun…), a multiplié les manœuvres de discriminations syndicales, 7 salariés qui ont osé s’afficher CGT ont été licenciés, notre camarade Mounir, délégué syndical CGT a lui eut droit à plus de 10 procédures disciplinaires contre lui ; Et bien sachez que grâce au courage, à la force et à l’intelligence des salariés et des camarades, la CGT vient de devenir majoritaire dans l’entreprise, mettant ainsi fin à plus de 10 ans de peur, au management violent et arbitraire qui régnait dans cette entreprise.

 

Oui, nos vies c’est nous qui les prenons en main. Il n’y a pas de sauveur suprême, nous n’attendons pas que les choses viennent d’en haut, nous nous organisons et nous empêcherons la catastrophe d’advenir.

 

No pasarán !

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