Proche-Orient : « Nous avons besoin d’une paix régionale », exhorte Lior Amihai

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

 

Le principal dirigeant de l’organisation la Paix maintenant, Lior Amihai, raconte l’anxiété dans laquelle est plongée la société israélienne. Il appelle à mettre en place une solution à deux États.

 

Lior Amihai est directeur exécutif de la Paix maintenant, une organisation non gouvernementale israélienne créée en 1978 par 300 officiers de réserve de l’armée israélienne, dont l’objectif était de « convaincre l’opinion publique et le gouvernement israélien qu’il est possible et nécessaire d’aboutir, par la négociation d’abord, à une paix juste et durable fondée sur le principe Deux peuples, deux États ».

 

Qu’est-ce qui a changé en Israël depuis l’attaque iranienne ?

 

Les Israéliens étaient très occupés, nerveux, inquiets de la réaction de l’Iran et le point culminant a bien sûr été atteint ce week-end avec des mises en garde du gouvernement et des militaires. Ils ont fermé les écoles pendant un jour ou deux. Le sentiment d’anxiété était palpable.

 

Une discussion au sein du cabinet de guerre est engagée et l’extrême droite demande une réponse à l’attaque de l’Iran. Il faut entendre notre appel. Nous n’avons pas besoin d’une guerre régionale, nous avons besoin d’une paix régionale, nous avons besoin d’accords régionaux et non de guerres.

 

Ce qui s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche a montré à quel point les alliances diplomatiques sont importantes et que le système de défense israélien dépend du soutien international. Nous avons vu une coalition de pays, dirigée par les États-Unis, mais aussi la Jordanie et d’autres qui ont soutenu la défense d’Israël lors de cette attaque. Et je pense que le message qui devrait être transmis est que les accords et les alliances sont importants pour la sécurité, la sûreté et la paix régionale.

 

Pensez-vous que cette idée soit majoritaire parmi le peuple israélien ? Manifestez-vous pour cela ?

 

Les sondages montrent qu’il y a un soutien pour les accords régionaux basés sur la solution à deux États. Dans son ensemble, le peuple d’Israël vit dans la confusion à l’heure actuelle. Il veut retrouver sa normalité, sortir de l’anxiété. Je suis certain que si nous avions eu un gouvernement différent qui conduirait Israël sur cette voie, il aurait un large soutien dans la société.

 

Comment analysez-vous la situation à Gaza ?

 

La guerre est insupportable. Il y a tant de morts à Gaza et il n’y a pas de plan du gouvernement pour y mettre fin. Il semble au contraire que l’exécutif soit en train de lancer une opération qui rendra la situation encore plus horrible : de plus en plus de soldats dans la bande de Gaza, des otages toujours captifs et aucune garantie de sécurité, ni au Sud ni au Nord, pour les habitants d’Israël. C’est donc une situation dévastatrice, sans parler des relations d’Israël avec la communauté internationale.

 

Qu’est-ce qui a changé dans l’esprit des Israéliens depuis le 7 octobre ?

 

Ils ont perdu beaucoup de leur croyance selon laquelle l’armée pouvait les protéger. Il y a une compréhension croissante qu’on ne peut gagner une guerre sans accords politiques, que cette guerre ne peut pas être traitée militairement seulement. C’est surtout vrai au centre gauche et moins au sein de l’aile droite. On ne peut pas simplement aller combattre le Hamas pour obtenir la sécurité. Il doit y avoir un horizon politique. Les gens sont toujours très inquiets pour leur sécurité et leur avenir ici. Beaucoup ne savent pas quoi faire.

 

Comment arrêter la guerre ? Quel genre d’action Peace Now mène-t-il actuellement ?

 

Notre message principal est de faire comprendre qu’une solution existe. Avant le 7 octobre, nous avions l’impression que la solution à deux États était plutôt de pure forme au sein de la communauté internationale et, en même temps, il nous était très difficile de convaincre les Israéliens que le conflit palestinien et l’occupation des territoires palestiniens sont quelque chose d’urgent que nous devons traiter.

 

Nous en étions au point où il était question de normalisation avec l’Arabie saoudite. Les Israéliens pensaient pouvoir ignorer la question palestinienne, continuer à construire des colonies. Maintenant, ils comprennent que la question la plus importante est le conflit israélo-palestinien. Nous devons utiliser cela pour convaincre les gens que la solution réside dans un accord autour de la solution à deux États.

 

Malheureusement, le gouvernement n’en est pas là. Au sein de la population israélienne, le mécontentement monte contre la droite radicale, Bezalel Smotrich et Itamar ben Gvir, ces ministres d’extrême droite. Les gens voient en eux et leur politique une certaine violence, ils constatent leur manque de motivation pour ramener les otages, pour des raisons politiques.

 

Mais il semble que seule une minorité de la société israélienne veuille arrêter la guerre et parvenir aux solutions à deux États, non ?

 

Oui et non. Une minorité appelle directement à une solution à deux États. Elle s’exprime publiquement et à haute voix, et essaie de créer une atmosphère où cette solution serait légitimée et vers laquelle l’État d’Israël devrait aller. Cependant, si vous regardez les sondages, une majorité appuie cette solution à deux États qui créera également une normalisation avec l’Arabie saoudite et des frontières sûres…

 

Je suis certain que, si la politique change un peu, le soutien à cette voie augmentera. Contrairement aux apparences, la majorité des Israéliens ne soutient pas la politique d’extrême droite consistant à s’installer dans des avant-postes et des colonies radicales. Si la politique en Israël change légèrement et qu’il y a une pression croissante de la communauté internationale et de mouvements comme Peace Now pour convaincre le public israélien que la solution à deux États est possible, alors la paix sera envisageable.

 

Avez-vous prévu des manifestations dans les prochains jours ?

 

Oui, notamment devant l’ambassade des États-Unis. Nous voulons montrer au monde et aux Américains qu’il existe une opinion publique israélienne en faveur d’une solution à deux États, qui pense qu’il est temps de mettre fin à la guerre, de signer un accord, de faire revenir les otages et d’avoir un chemin pour deux, pour les Israéliens et les Palestiniens en premier lieu.

 

Pierre Barbancey Article publié das l'Humanité

Publié dans Moyen Orient, Paix

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