Dialogue social : les libertés à l'entreprise menacées
Les grandes lignes confirment ce qui avait filtré dans la presse cette semaine (voir notre édition d’hier). Au chapitre des avancées, le premier ministre a confirmé la création de commissions paritaires régionales pour représenter les salariés des très petites entreprises (TPE), mais elles seraient treize seulement et n’auraient « aucun droit d’ingérence ». Pour le reste, le projet consiste à simplifier de façon drastique les obligations pesant sur les employeurs : réduction du nombre de consultations des IRP et des thèmes de négociation obligatoire avec les syndicats.
Pour les IRP elles-mêmes, il s’agit d’élargir le dispositif de « délégation unique du personnel » existant aujourd’hui, en relevant le plafond de 200 salariés à 300, et en incluant le CHSCT. Un « regroupement » qui réduit le nombre de délégués et d’heures de délégation, reste à savoir où le projet placera la barre.
Un flou sur la question des « moyens », que les syndicats n’ont pas manqué de soulever à la sortie de la rencontre. « Je ne suis pas rassuré », a lancé Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, tandis que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a déploré un projet qui « ressemble beaucoup » à celui du Medef, avec « moins de moyens pour les élus et une perte de spécificité » de leur action. Et d’alerter sur un autre danger annoncé par Manuel Valls : une réflexion confiée à France Stratégie pour doper encore la négociation d’entreprise ou de branche, aux dépens de la loi.