Macron : une prestation décevante et à côté des attentes !

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Emmanuel Macron à l'émission des Paroles et des actes diffusée sur Antenne 2

Emmanuel Macron à l'émission des Paroles et des actes diffusée sur Antenne 2

Invité de France 2, le ministre Macron a livré une prestation peu convaincante, loin d’être à la hauteur des attentes de nos concitoyens et des défis posés au pays. Une certitude, Macron c’est à droite toute !

J’ai fait l’effort de regarder l’émission de Pujadas. Il fallut résister pour que je ne zappe pas en cours d’émission tant les propos étaient connus, archi connus et très vieillots.

"Des paroles et des actes" ne fut pas une grande émission politique de télévision, comme on a pu en connaître. Elle était faite pour le ministre, ça a fait pschittttt ! Je vous livre mon opinion sur cette prestation décevante du ministre de l’économie.

Une carrière politique se construit autant dans les médias, les lieux de pouvoir qu’avec le temps passé auprès de ses électeurs. Pas de chance pour Macron, il n’est pas élu, mais ministre ! Allez comprendre cette constitution ou les « techniques » dirigent les élus légitimés par leur élection.

Après un baptême du feu manqué avec des agressions inadmissibles à l’égard de salariés en grève qui rappellent le « Casse toi povcon de Sarkozy », sa rentrée institutionnelle ne fut pas plus réussie à l’Assemblée Nationale avec le projet de loi qui porte son nom. Incapable de rassembler une majorité de députés sur son texte mal ficelé, il a obligé Hollande et Valls à utiliser le passage en force avec le 49-3. Epreuve lamentable où Valls a dû voler à son secours pour faire voter un texte foncièrement de droite et grave pour le devenir du pays !

Emmanuel Macron devait se récupérer. Il fut donc invité par le servile Pujadas pour réussir ce premier oral médiatique. Hélas pour lui, ce fut un bide. Pourtant Pujadas a utilisé les ficelles les plus grossières pour le valoriser : peu interrompu et le tapis tendu dès que le ministre était en difficulté.

Crispé, peu sûr de lui, répétitif au point de lasser, ne répondant pas aux questions quand il était interpellé sur la place des êtres humains dans la politique gouvernementale, vague sur des questions essentielles ou assenant des théories scabreuses et usées jusqu’à la corde, Macron sombra peu à peu, au point de s’énerver voire de s’emporter usant de propos de plus en plus droitiers. On souffrait à l’entendre.

Seuls les irréductibles de droite ont pu être heureux et peut être convaincus que cet homme était un des leurs ! Convaincre à droite fut réussi mais ceux là étaient déjà convaincus. Cela explique sans nul doute, la progression de sa cote de popularité en fin d’émission. La droite soutient les siens quand elle arrive à les dénicher et à les placer au cœur de la politique gouvernementale comme cela est le cas avec Macron.

Il a tenté d’être offensif mais il fut souvent très maladroit et utilisa le mépris, ce qui, en règle générale, les téléspectateurs n’apprécient pas.

Bien sur, Pujadas avait invité l’extrême droite représentée par Philippot. Une fois encore, Antenne 2, chaîne publique, a permis à l’extrême droite de faire sa pub ! Sans doute avec l’assentiment du PS tant celui-ci cherche à réduire le vote de droite peu important pour lui, que l’extrême droite fasse un score, pas en nombre de voix mais en pourcentage !

Une force dite de gauche comme le PS, aurait du profiter de ce moment médiatique pour essayer de convaincre les abstentionnistes notamment celles et ceux de gauche. Que nenni ! Il est vrai que Hollande,  en affirmant : quel que soit le résultat des départementales qu’il ne changerait pas de politique ni de gouvernement, n’avait pas rendu la tâche facile au jeune ministre ! C’était mission impossible pour lui et de plus contre sa nature !

Dans le débat qui l’a opposé à Philippot, certes Macron fut agressif, mais au final il s’emporta, perdit ses nerfs et se fit ridiculiser par son contradicteur qui lui tendit, avec un plaisir mal dissimulé, un tube de tranquillisants qui finit de le déstabiliser. Coup médiatique réussi ! 

Que retenir de cette émission ? Un jeune millionnaire ambitieux qui a encore beaucoup d’heures de vol à faire avant de devenir « un animal politique » qui est loin de l’être malgré une couverture médiatique avantageuse mais qui au final ne le sert pas.

Il ne pouvait pas convaincre les gens de gauche, tout au contraire il leur fait peur alors qu’il rassure à droite. Mais n’est ce pas la stratégie politique de Valls, séduire à droite pour demain peut être gouverner ensemble ou du moins avec une partie. De ce point de vue, Macron lui est utile même si médiatiquement le jeune ministre n’est pas à la hauteur. N’est pas Georges Marchais qui veut !

L’émission aura levé une ambiguïté : Emmanuel Macron n’est pas de gauche. Les masques sont tombés. Cela fut très net dans son débat avec Philippe Martinez de la CGT, il y avait d’un côté le représentant des salariés, de ceux qui souffrent de la pauvreté, du manque de logement, de surtravail ou du chômage et de l’autre Macron qui parla comme un porte parole du patronat, des actionnaires et des millionnaires !

Il fut en difficulté face au patron de la CGT. Il a tenté de prouver qu’il ne méprisait pas les salariés et leurs défenseurs mais fut loin d’être convaincant. On a ressenti son agacement et son dédain qu’un élève de l’ENA peut avoir face aux ouvriers ou aux syndicalistes qui lui démontrent arguments à l’appui, que le cap politique pris mène dans le mur et que la cause centrale de la crise sociale, économique et politique se trouve être dans le coût du capital.

Macron eut beau rabâcher ses arguments éculés pour défendre le libéralisme, il fut chaque fois envoyé au tapis par les arguments fondés et justes du leader de la CGT. Ce débat fût un moment politique fort de l’émission qui n’a pas grandi le ministre. Comme quoi, on peut être brillant à l’école et être un piètre politique, mais Macron a encore du temps devant lui pour apprendre.

A l’inverse, dans son débat avec Apparu de l’UMP, il sembla plus à l’aise, voire complice. Comme quoi avec la droite quand on défend, sur le fond, les mêmes idées on évite de se faire la guerre, on reste à la surface des choses en cherchant à ne pas aborder les enjeux véritables. On fait du bla, bla, bla… 

Trop riche, trop beau, coupé du peuple, privé d’humanité, le jeune ministre au CV d’ancien banquier d’affaires ne dispose pas des qualités pour convaincre. Ce qui devrait être pour lui des atouts se transforme en autant d'obstacles à sa carrière politique !

D’ailleurs, beaucoup de socialistes peinent à lui décerner un brevet de socialiste voire d’homme de gauche. Ceci explique sans doute pourquoi, il fut contraint de se justifier en permanence. « On peut être de gauche et réussir. Être banquier, ce n’est pas la finance », insistant à plusieurs reprises sur le fait qu’il avait « beaucoup travaillé ». Certes oui, mais mal peut être ?

Macron a une ambition folle : faire évoluer le logiciel du Parti socialiste, encore trop archaïque à son goût.

Défendre les ouvriers, les employés, les sans droits, les sans logement, les privés d’emploi, les étudiants en galère pour essayer de réussir dans un monde de requins, tout cela n’est pas valorisant pour lui. Alors, Il les méprise, les dédaigne, les regarde de haut ou les pietine.

Il incarne ce social libéralisme qu’il dit moderne et responsable vanté par Manuel Valls. Les militants socialistes n’y trouvent pas leur compte et les français de gauche ou sans sensibilité particulière, sont méfiants et peu séduits tant son discours est loin de leurs préoccupations et des intérêts de notre pays.

Reste au jeune ambitieux à se faire une place. Face à l’UMP qui voudrait s’appeler « les Républicains », il aura peut être l’idée d’appeler le Parti Socialiste, « les démocrates ». Il n’aurait rien inventé, ceci existe déjà outre atlantique, aux USA. Mais n’est ce pas son modèle ? 

 

Publié dans Politique nationale

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