Narbonne : pour Philippe Martinez, "Le FN joue sur la détresse"

L e secrétaire général national de la CGT était l'invité de la fête annuelle de la CGT de Narbonne, dimanche 3 mai, au domaine de Saint-Obre à Gruissan.

Le 1er mai s'est déroulé en ordre dispersé chez les syndicats...

Nous n'étions pas tous là. Mais la CGT a manifesté avec FSU, Solidaires et l'Unsa. Nous avons des divergences avec la CFDT : eux considèrent qu'on peut aménager un certain nombre de choses. Nous, nous pensons qu'il faut changer radicalement de politique.

Quoi qu'il en soit, l'ennemi commun des syndicats français, c'est le FN...

Sur ce point, la CGT est d'accord avec tous les syndicats. Nous disons que le problème de la crise et de l'emploi, ce n'est pas la faute des étrangers. Le meilleur exemple est celui des “salariés détachés”, c'est-à-dire ceux qui viennent d'autres pays pour travailler en France. Les principaux gagnants de ce système, ce sont les patrons qui sont exonérés de charges sociales. Et - le FN n'en parle pas - ce sont les Français qui sont le plus touchés par ce dispositif car on a inventé des salariés français détachés en France par des entreprises françaises qui ont installé leur siège social en Belgique, au Luxembourg ou en Suisse. Le FN fait semblant de ménager les salariés pour mieux ménager le patronat.

Toutefois, le FN marche sur vos plates bandes...

Le FN joue sur la détresse des gens. Effectivement, il y a du chômage et des problèmes de salaire. Et les partis de gouvernement font des promesses qu'ils ne tiennent pas. J'étais jeudi dans le Pas-de-Calais où ces questions-là sont particulièrement prégnantes et où, malheureusement, le FN fait des scores importants. On sent bien cette détresse. Mais, la CGT est là pour informer et non pour diviser. Afin de montrer les vraies responsabilités et non désigner mon voisin parce qu'il n'a pas la même couleur de peau ou parce qu'il ne parle pas la même langue ! Et quand on s'appelle Martinez, on sait de quoi on parle !

Quels sont les grands enjeux pour la CGT ?

Nous disons qu'il y a une alternative à la politique d'austérité. Il faut augmenter les salaires et nous allons lancer une campagne sur le temps de travail. Avec une revendication : la semaine à 32 heures en expliquant le nombre d'emplois que cela créerait. Et comment on peut améliorer les conditions de travail. L'argent, il y en a. Il faut le cherchait là où il est. Les valeurs du Cac 40 ont augmenté de 20 % depuis le début de l'année. Je rappelle que le candidat François Hollande avait dit que son ennemi c'était la finance et qu'il allait s'y attaquer !

Un "bureau mobile" au plus près des salariés

Un camping-car rouge, arborant le slogan "Fier de lutter, fier d’être à la CGT" va, désormais, servir de "bureau mobile" à la CGT de Narbonne. Objectif : "Être au plus près des salariés et les aider à s’organiser afin qu’ils prennent leur avenir en main". À partir du 22 mai prochain, le véhicule stationnera, alternativement, un vendredi sur deux, sur le littoral et les zones commerciales du Narbonnais.

Christophe Garreta, secrétaire de l’union locale, a résumé l’enjeu : "Les derniers chiffres de l’Insee concernant l’emploi sont alarmants pour notre bassin d’emploi. Ils pointent donc indirectement l’échec des politiques du 'tout tourisme' et de la concentration dans les mains d’une minorité de notre potentiel viticole dont est victime notre département. Ces chiffres nous confortent dans notre démarche autour de la nécessaire industrialisation de notre département, nécessaire politique d’aménagement du territoire par l’investissement public, le développement des services publics et la réappropriation publique des besoins élémentaires des populations, comme l’eau et les transports".

Christophe Garretta a, lui aussi, exhorté les adhérents et sympathisants de la CGT à "s’attaquer aux racines du vote FN". Surtout "en répondant positivement aux attentes des salariés et de la population pour pouvoir vivre dignement : emplois stables, salaires, pensions et organisation du travail permettant à chacun de s’épanouir".