Le rapport Chilcot esquinte la guerre du Royaume-Uni en Irak en 2003

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Le rapport Chilcot esquinte la guerre du Royaume-Uni en Irak en 2003

La guerre en Irak, de 2003, était mal préparée, pas nécessaire et uniquement au service des alliés américains. Le rapport Chilcot affirme que la base légale qui a engagé la Grande Bretagne dans la guerre, par la décision de Tony Blair, était "loin d'être acceptable". "Nous avons conclu que le Royaume-Uni avait décidé de se joindre à l'invasion de l'Irak avant que toutes les alternatives pacifiques pour obtenir le désarmement (du pays) ne soient épuisées. L'action militaire n'était pas inévitable à l'époque", a déclaré John Chilcot, président de la commission éponyme, en présentant les conclusions de son rapport ce mercredi.

Commandé en 2009 et agrégeant les conclusions de l'audition de 120 témoins dont celle de Tony Blair et de son successeur Gordon Brown, ce rapport qui devait initialement être rendu dans un délai d'un an est lui-même devenu controversé au fil des reports.

Résumé des conclusions du rapport Le 28 juillet 2002, soit huit mois avant l'invasion de l'Irak, Tony Blair écrit au président américain George Bush pour lui assurer qu'il serait avec lui "quoi qu'il arrive". Le premier ministre n'a pas non plus "insisté auprès du président Bush pour obtenir des assurances fermes sur les plans américains".

"En 2003, il n'y avait pas de menace imminente de Saddam Hussein. La stratégie de confinement pouvait continuer pour un certain temps". "Nous avons conclu que le Royaume-Uni avait choisi de se joindre à l'invasion de l'Irak avant que les options pacifiques pour un désarmement aient été épuisées. L'intervention militaire n'était alors pas l'ultime recours".

"Il est maintenant clair que la stratégie en Irak a été conçue sur la base de renseignements et d'estimations déficientes. Elles n'ont pas été critiquées, et elles auraient dû l'être". "Les conclusions sur la gravité de la menace posée par des armes de destruction massive irakiennes ont été présentées avec une certitude qui n'était pas justifiée".

Le gouvernement a échoué à prendre en compte l'ampleur de la tâche nécessaire pour stabiliser, administrer et reconstruire l'Irak et les responsabilités qui allaient incomber au Royaume-Uni". "Le gouvernement n'était pas préparé pour le rôle dans lequel le Royaume-Uni s'est retrouvé à partir d'avril 2003. La plus grande partie de ce qui s'est mal passé à partir de là a pour origine ce manque de préparation".

Le rapport constate aussi que les ressources militaires engagées ont été faibles et inadaptées. "Nous avons trouvé que le ministère de la Défense s'était montré lent à répondre à la menace présentée par les engins explosifs improvisés et que les retards enregistrés pour fournir les engins de patrouille blindés adéquats n'auraient pas dû être tolérés".

Vers une action en justice ? Le nom des 179 soldats britanniques morts pendant l'intervention britannique, entre 2003 et 2009, au cours de laquelle 45.000 Britanniques au total ont été engagés, ont été égrenés lors de la présentation du rapport. "Blair a menti, des milliers de personnes sont mortes", criaient les manifestants rassemblés à l'appel de la coalition Stop the War devant le bâtiment. Certains avaient enfilé un masque à l'effigie de l'ancien Premier ministre et s'étaient peint les mains en rouge.

"Tony Blair est un criminel de guerre", Michael Culver, un retraité de 78 ans qui appelle à la tenue d'un procès de "Nuremberg" pour les responsables politiques britanniques. Plus tôt, des manifestants avaient déjà brandi une grande banderole proclamant "Blair doit être poursuivi pour crimes de guerre", devant le domicile de l'ancien Premier ministre.

Les avocats des familles de 29 des soldats morts en Irak ont indiqué qu'ils allaient éplucher le rapport. "Il pourrait servir de base à une action en justice contre Blair, ses ministres ou le gouvernement en général".

L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a exprimé mercredi sa "peine", ses "regrets" et ses "excuses". "C'était la décision la plus difficile que j'ai jamais prise (...) je l'ai prise de bonne foi. J'en endosse l'entière responsabilité. J'exprime ma peine, mes regrets et mes excuses", a déclaré l'ex-chef du gouvernement, visiblement ému, lors d'une conférence de presse à Londres.

Publié dans Moyen Orient

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