Endettement, Macron serait-il aveugle ? Par Pierre Ivorra

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Endettement, Macron serait-il aveugle ? Par Pierre Ivorra

Macron serait-il aveugle ?

Surprenant, en apparence ! Macron en France, les néolibéraux de tous poils dans la plupart des pays développés, s’acharnent sur la dette publique et ne disent mot d’un endettement privé bien plus important, qui dépasse même son niveau des mois de l’avant crise de 2007-2008.

Ainsi, dans notre pays, si l’endettement des administrations publiques atteint 98,9 % du PIB, celui des agents non financiers privés (ménages et entreprises) en représente 129,6 %. L’endettement des entreprises culmine à 140,7 % de leur valeur ajoutée, c’est-à-dire des richesses qu’elles créent, en hausse de 7 points en un an. Les grandes entreprises en sont les principaux supports. La situation est assez similaire dans les grands pays développés.

Nos gouvernants seraient-ils aveugles ? Il y a plutôt l’illusion qu’en réduisant la dépense publique, ils vont donner davantage de marge aux grands groupes, offrir une rentabilité financière suffisante à l’énorme masse de capitaux accumulés sur les marchés financiers et éviter ainsi une nouvelle convulsion.

En vérité, ils accélèrent l’irruption d’une nouvelle crise en prétendant l’éviter. Ce sont les économistes du Crédit Agricole qui notent que « ce recours accru à l’endettement » des grandes entreprises « est utilisé, au-delà du besoin de financement, pour des investissements financiers : acquisitions d’actions, de participations, etc. et notamment d’investissements directs à l’étranger », c’est-à-dire d’exportations de capitaux.

Elles s’endettent afin de réaliser de nouvelles opérations financières et non pour développer une croissance saine et créer des emplois de manière pérenne.

En huit ans, la capitalisation boursière mondiale a été multipliée par trois ! Le soufflet financier, alimenté par la masse énorme de liquidités déversées par les banques centrales des grands pays capitalistes, enfle alors que la reprise de l’activité reste des plus modérée, bridée par l’affaiblissement des services publics, les pressions sur les salaires, l’accroissement de la précarité du travail.

Ce n’est certainement pas en l’alimentant, notamment en démantelant le code du travail, que l’on va purger cette inflation financière. Il s’agit plutôt de commencer à déconnecter entreprises et services publics de la finance en réduisant progressivement le recours aux emprunts sur les marchés et, au contraire, de solliciter le concours des banques, notamment de la BCE, afin qu’elles prêtent à des taux très bas dès lors qu’il s’agit de financer des activités utiles, porteuses de croissance, créatrices d’emplois avec des salariés mieux formés, bénéficiant de bons salaires.

Pierre Ivorra

Publié dans Economie

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