Un article de José Fort sur l'évolution de la constitution cubaine

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Un article de José Fort sur l'évolution de la constitution cubaine

Cuba : nouvelle Constitution pour étape nouvelle de la Révolution

L’Assemblée nationale cubaine vient d’adopter un avant projet de réforme de la Constitution promulguée en 1976. Le débat sur le texte a été retransmis en direct à la télévision. Le projet sera discuté lors d’une consultation populaire à travers tout le pays du 13 août au 15 novembre. Puis, après une deuxième lecture, il sera soumis à référendum.

A Cuba, il y a une règle : pas de précipitation dans l’action politique. Un conseil que l’on me donnait dans les rues de La Havane sous forte chaleur en m’invitant à marcher moins vite. Pas de précipitation en se concentrant sur l’objectif. La récente réunion de l’Assemblée nationale confirme la règle.

Les changements intervenus ces dix dernières années, dans les domaines économique et politique, avec la transmission progressive des pouvoirs aux jeunes générations se prolongent sereinement. Maître mot : évolution.

La révolution cubaine évolue à son rythme, prenant en compte les mutations dans la société, les impératifs économiques et le contexte international, le panorama régional ne lui étant pas particulièrement favorable en ce moment.

Nous ne vivons plus en 1976 année de la promulgation de la Constitution actuelle et depuis bien des vagues sont venues frapper le Malecon, le front de mer de La Havane. Nous ne sommes plus au début des années 2000 avec l’émergence de chefs d’Etat et de gouvernement progressistes dans plusieurs pays de la région. Nous assistons en 2018, à une violente contre offensive économique, politique, idéologique et médiatique conduite par l’impérialisme nord-américain et ses alliés oligarchiques locaux et un blocus économique US renforcé contre la Grande Ile. Pourtant, malgré les difficultés de tous ordres et les calamités naturelles, Cuba atteint une croissance de 1,1%.

Sur quoi vont porter les changements ou plutôt les ajustements constitutionnels ?

La propriété socialiste reste la base du système. Dans le même temps, le champ de la propriété privée s’élargit. « L’avance vers la société socialiste » est stipulée sans faire référence à la société communiste comme précédemment. Les libertés et les droits font débat : le droit à l’expression ou à la parole ? Le rôle des médias? Un Etat socialiste de droit avec notamment l’habeas corpus, garantie pour toute personne arrêtée. La légalisation du mariage entre personnes du même sexe.

« Chaque Cubain pourra librement exprimer des opinions et contribuer à la réalisation de la nouvelle Constitution qui reflètera le présent et l’avenir de la Patrie, a déclaré Miguel Diaz Canel Bermudez, le nouveau président cubain, lors de la séance de clôture de la session parlementaire.

Cuba ne finira pas de nous étonner. Voici un petit pays par la taille et le nombre d’habitants (un peu plus de 11 millions) réussissant, depuis un demi siècle et malgré vents et marées, à résister à la première puissance mondiale et à assurer l’essentiel à ses habitants. L’essentiel, c’est à dire la santé, l’éducation, l’alimentation de base qui manquent cruellement dans de nombreux pays de la région.

Fidel Castro avait pour habitude de rappeler qu’une révolution doit être continuellement en mouvement au risque sinon de disparaître. Le débat sur la nouvelle Constitution entre dans ce cadre : un nouveau départ invitant la population à échanger, discuter, enrichir le texte fondamental du pays Qui dit mieux dans la région et… ailleurs ?

José Fort

(Article publié dans « La Marseillaise », samedi 28 juillet)

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Miguel Diaz-Canel, nouveau président cubain :

« Avec l’oreille collée à la terre ».

L’après Castro est assuré à la Présidence de la République cubaine par Miguel Diaz-Canel. Extraits de son allocution.

« Tout ce que nous avons fait ou tenté de faire au cours de ces derniers mois vise l'objectif premier de servir Cuba, avec l’oreille collée à la terre et les yeux grand ouverts avec à l'esprit une phrase prononcée par Fidel en février 1959, lorsque, s'adressant à la population dans un humble village à l'est du pays, il demanda : « Que feriez-vous, vous qui lancez ces revendications, si vous étiez au pouvoir ? (....) résoudre les problèmes vous-mêmes (....) car vous, c’est nous, et nous, qui sommes vous, nous sommes au pouvoir. »

Savez-vous quelles étaient les revendications de ce peuple ? Des maisons, des emplois, des écoles, des enseignants, des hôpitaux, des médecins…

La Révolution avait à peine un mois que le plan pour faire face à la misère galopante qui excluait des millions de Cubains des avantages élémentaires d'une société moderne était déjà en cours.

Tout effort aujourd'hui semble insignifiant face à l'exploit de ces années-là. Le chemin n'était pas pavé de roses. Il fallait le construire, avec tous les risques que cela a comporté de vivre, de travailler et de créer dans un pays qui a grandi sous la menace.

Or, nous avons pu le faire. Avec toutes nos lacunes, nos besoins et nos erreurs, nous avons dépassé les pays dotés d’un potentiel économique semblable dans pratiquement tous les indices de développement humain. Et nous allons plus loin !

C'est ce que nous recherchons avec la réforme profonde de notre Constitution, dans l’obligation d’une mise à jour pour renforcer le cadre institutionnel et par là-même notre modèle économique et social.

Une heureuse opportunité qui nous oblige à nous repenser en tant que nation et à nous plonger au cœur de nos essences, avec la participation de tous. »

Publié dans Amérique Latine

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