Intervention de Jean Marc Durand au CN du 13 décembre

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Intervention de Jean Marc Durand au CN du 13 décembre

Le mouvement des gilets jaunes, bien sûr pas débarrassé de toutes ses contradictions, est entrée dans une nouvelle phase.

1- Parce qu’il y a eu l’intervention de Macron qui a tenté de désamorcer avec des mesures en trompe l’œil qui ne proposent si on regarde bien, qu’une répartition de la misère. Pour autant il n’a pas abusé beaucoup de monde particulièrement pas les gilets jaunes qui ont ainsi su franchir ce cap et ainsi maintenir leur lutte sans en rabattre sur leurs principales revendications, conservant dans le même temps un large soutien populaire.

2- Parce que le défi est maintenant pour les gilets jaunes d’inscrire leur lutte dans la durée ce qui exige d’en revenir à la déclinaison concrète de leurs revendications et surtout de passer sérieusement à l’étape des propositions pour rendre crédibles ces revendications. Ils ont besoin de se fixer des objectifs précis, transformateurs et réalistes.

C’est à cette condition que s’ouvrira une voie à la détresse populaire autre que celle d’un repli identitaire et nationaliste et d’un rejet des représentations politiques et syndicales même s’il est vrai qu’il existe une crise bien réelle de la délégation, crise à mettre d’ailleurs en rapport avec le manque de perspective politique à gauche.

Dans ce contexte, il est urgent pour nous communistes, de donner à voir une vraie cohérence de réponses à cette mobilisation populaire. D’où l’importance pour nous d’argumenter, d’avancer des propositions en en renvoyant la réalisation à notre triptyque : objectifs sociaux, moyens financiers et pouvoirs. Sans réponse à chacun de ces niveaux et de façon simultanée, les mobilisations risquent d’aller à l’échec car ne débouchant pas sur un nouvel équilibre, à savoir la construction d’un système politique alternatif.

S’engager sur cette voie, se fixer un tel objectif n’est certes pas le choix de la facilité mais il n’y en a pas vraiment d’autre si on veut bâtir une issue réelle aux luttes en cours et ne pas à nouveau décevoir avec tous les dangers potentiels que cela comporte.

Le gouvernement l’a bien compris, lui qui manœuvre, manipule, intimide sans cesse depuis le début du conflit des gilets jaunes. Son objectif est de brouiller les pistes d’une alternative réelle à sa politique pour préserver les intérêts de monde de la finance. D’où les fausses solutions qu’il avance et l’instrumentalisation qu’il fait de la violence !

Le mouvement des gilets jaunes comme l’ensemble du mouvement social sont confrontés à une intransigeance rare de la part du pouvoir. Derrière un rimmel de dialogue, les intimidations et les violences notamment celles perpétrées par les forces de police, mais aussi d’autres dont les origines sont plutôt troubles et troublantes, n’ont qu’un but : faire peur, décourager de manifester et donc de porter au grand des revendications.

Tout renvoie à l’installation d’un régime de plus en plus autoritaire. Le cas de Maria dans la Drôme est une illustration de cette situation. Coup monté, volonté de faire un exemple, justification des violences policières, justice expéditive, voilà l’arrière-plan de la décision qui a conduit Maria à de la prison préventive…

Ce qui est intéressant, c’est que face à cette incarcération totalement abusive, les communistes réagissent et bien au-delà d’ailleurs. Les manifestations de soutien et de sympathie sont nombreuses. Autre dimension à prendre en compte : cet évènement malheureux pour Maria fait avancer le débat politique. Les camarades, les amis s’interrogent et interrogent les responsables du parti sur des questions importantes tenant notamment à la manière de satisfaire les revendications. C’est l’occasion de faire éclater de vraies contradictions.

Par exemple, lors d’une discussion avec des jeunes de Die, amis de Maria, venus à un rassemblement devant la préfecture pour sa défense, plusieurs en pointant à juste titre la responsabilité de l’Europe dans leurs difficultés, avancent pour toute solution la sortie de l’Europe et de l’Euro. Ces jeunes se disent par ailleurs internationalistes. Si le parti à cet instant n’est pas là avec ses éléments de réflexion, ses analyses, ses propositions, ses objectifs ; comment faire toucher du doigt à ces citoyens, la possibilité d’une autre politique en France et en Europe, faite de solidarité, de coopération, d’une autre utilisation de l’euro par exemple pour développer les services publics ?

Et visiblement nos explications ne font fuir personne, j’aurais même tendance à dire que cette expérience m’a permis de voir combien on pouvait intéresser et amener beaucoup de monde à une vraie autre construction de l’Europe, de la France, du monde.

Le cas de Maria nous oblige finalement à venir sur le fond des problèmes particulièrement pour traiter l’urgence des questions posées par le mouvement social. Cela nous renvoie à ce que faire vraiment de la politique doit être pour des communistes, c’est-à-dire irriguer la société, les mouvements de lutte en cours de nos analyses, de nos explications et de nos propositions. C’est absolument essentiel pour offrir aux luttes un débouché crédible, libérer ainsi la capacité créatrice révolutionnaire du peuple et ouvrir sur une perspective positive d’un nouvel modèle de société.

Pour conclure je suis en accord avec ce que propose le rapport pour notre campagne des européennes avec notre tête de liste Ian Brossat.

Quant à la campagne gouvernementale, le Pcf ne devrait-il pas lancer des conférences régionales et nationale sur les moyens de financement d’une vraie politique sociale dans notre pays (salaires, empois, pouvoir d’achat, services et fonction publiques).

Publié dans PCF

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