Ces évadés fiscaux qui prêchaient l'austérité

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Ces évadés fiscaux qui prêchaient l'austérité

Il n’est pas sans intérêt de s’arrêter sur le profil politique des personnalités publiques prises la main dans le sac de l’évasion fiscale massive mise au jour par le consortium international de journalistes ICIJ .

Parmi les quelques centaines de responsables épinglés dans les « Pandora Papers », arrêtons-nous sur le cas de 3 « stars » européennes de cette liste noire : Dominique Strauss-Kahn; Tony Blair et Wopke Hoekstra, actuel ministre néerlandais des finances.

Le premier s’était vu confier la direction du Fonds monétaire international, l’une des institutions financières les plus en vue sur le plan mondial. À ce titre, il avait incité les dirigeants européens à engager une transformation de l’Union européenne qui en disait long sur sa conception de l’émancipation sociale et de la démocratie : « Quand l’ordre du jour est fixé par le centre, les choses avancent » souligna ainsi DSK en 2010 en appelant à la « création d’une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendante que la Banque centrale européenne, fixant les orientations budgétaires de chaque pays membre ».

C’est à ce pouvoir totalement inaccessible aux citoyens -le rêve !- que devait incomber « la responsabilité du maintien de la discipline budgétaire et des réformes structurelles » ! Certains économistes voyaient à l’époque dans ces propositions choc « un système plus transparent »…

On en sait un peu plus, aujourd’hui, sur l’idée que se fait l’intéressé, pour lui-même, de la « discipline » et de la « transparence ».

Quant à l’ex-Premier ministre de sa gracieuse Majesté, lui aussi éclaboussé par ce nouveau scandale de la « finance offshore », il mérite tout autant qu’on rappelle ses orientations publiques passées. Présenté en son temps comme le champion de la modernisation de la gauche en Europe, le fringant fondateur du « New Labour » avait, d’emblée, affiché sa vision d’une « société décente », qui, selon lui, « n’est pas fondée sur des droits (mais) sur des devoirs ». Illustrant concrètement ce principe quelque peu déroutant, il avait précisé qu’il était temps de mettre fin à la dépendance « engendrée par les aides sociales »; que les étudiants devaient payer  une partie de leurs études; que les « filles mères » (sic) devaient « chercher du travail plutôt qu’attendre le chèque » de l’Etat; ou encore que, dans la société de « partenariat » qu’il appelait de ses vœux, il n’y avait « pas de place pour du militantisme syndical » ! 
 
Le troisième larron cité est, lui, toujours en fonction. En sa qualité de grand argentier du gouvernement des Pays-Bas, il est notamment chargé de la lutte contre l’évasion fiscale : une espèce de Cahuzac batave, en quelque sorte.

Se présentant volontiers comme l’impitoyable redresseur de torts des pays du Sud de l’Europe, coupables de mauvaise gestion financière, il s’était illustré, en mars 2020, en plein ravage de la Covid-19, en demandant à la Commission européenne -avant toute mesure de solidarité envers les Italiens, les Espagnols ou les Portugais, pris à la gorge- d’enquêter sur la gestion budgétaire des pays en question !

Puisse cette nouvelle leçon de choses réveiller les hésitants ! Comme écrit La Fontaine dans « Les frelons et les mouches à miel » : « À l’œuvre on connaît l’artisan ».

Francis Wurtz

 

Publié dans Europe, Finances-riches

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