Article du Monde. Liz Truss succède à Boris Johnson à Downing Street

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Article du Monde. Liz Truss succède à Boris Johnson à Downing Street

La ministre des Affaires étrangères a été choisie par les militants conservateurs pour devenir la nouvelle Première ministre du Royaume-Uni. A peine désignée, elle devrait présenter un plan massif pour venir en aide aux ménages et aux entreprises face à la hausse des coûts de l'énergie.

Deux mois après la démission de Boris Johnson , le Royaume-Uni est désormais fixé sur le nom de son successeur. C'est Liz Truss, la candidate de la droite du parti conservateur, qui l'a emporté. Avec 57,4 % des suffrages, elle a devancé son rival Rishi Sunak dans une victoire moins large que ne le prédisaient les instituts de sondage.

A l'issue d'une campagne acharnée auprès des députés et des militants , portée par le clan eurosceptique du parti, elle devient la quatrième à occuper le poste de Premier ministre depuis 2015, à l'âge de 47 ans. « J'ai fait campagne comme une conservatrice et je gouvernerai comme une conservatrice, a-t-elle déclaré dans une courte allocution après l'annonce du résultat. Je serai au rendez-vous avec un plan ambitieux pour baisser les impôts et faire croître notre économie. »

Dès mardi, celle qui se présente volontiers comme l'héritière de Margaret Thatcher s'envolera pour la résidence royale de Balmoral, où la Reine lui demandera de former un nouveau gouvernement.

Elle tiendra son premier discours sur le perron de Downing Street dans l'après-midi, avant sa première séance de questions au parlement mercredi.

Début de campagne difficile

Lors du lancement de la campagne début juillet, la ministre des Affaires étrangères n'était pourtant pas la mieux partie. En déplacement en Indonésie lorsque Boris Johnson annonce sa démission, elle est obligée de rentrer en catastrophe et trébuche dans ses premiers débats face à la dizaine de candidats en lice.

Elle se qualifie de justesse pour la phase finale qui l'oppose à l'ancien chancelier de l'Echiquier, Rishi Sunak, loin devant elle pour les parrainages des parlementaires.

Elle renverse alors la situation à son avantage , dans un scénario relativement rare dans l'histoire du parti conservateur : celui de gagner les votes des militants sans avoir eu la majorité des suffrages au sein de la majorité parlementaire.

Un rebondissement sans doute lié à sa fidélité à Boris Johnson, encore populaire chez une frange du parti conservateur , et à la campagne poussive de Rishi Sunak, dont les gages de sérieux budgétaire n'ont pas pris auprès des adhérents.

Pas d'état de grâce

La nouvelle Première ministre, troisième femme à occuper ce poste au Royaume-Uni après Margaret Thatcher et Theresa May, n'aura pas d'état de grâce. La gronde sociale monte sur fond de forte inflation et d'une flambée des coûts de l'énergie. Sans intervention du gouvernement, les Britanniques verront leurs factures de gaz et d'électricité grimper de 80 % en octobre en vertu de la réglementation en vigueur, et probablement plus encore en janvier.

Sa première annonce, attendue pas moins d'une semaine après sa nomination, devrait concerner un paquet d'aides sur l'énergie, non seulement pour les ménages, mais aussi pour les entreprises, menacées par une vague de faillites.

Ce plan pourrait être d'une ampleur similaire à celui mis en place pendant le Covid, le « Sunday Times » évoquant un montant allant jusqu'à 100 milliards de livres.

Alors que Liz Truss a surtout évoqué pendant sa campagne des baisses de taxes pour soulager le budget des ménages, l'option d'un plafonnement des prix de l'énergie, dans la veine du « bouclier tarifaire » en France, est sur la table. Ce plafond s'accompagnerait d'un soutien aux fournisseurs d'énergie, par le biais de remboursements ou de prêts garantis.

Programme de baisses d'impôts

La Première ministre devrait néanmoins tenir à son programme de baisses d'impôts , fidèle à sa ligne néolibérale. Elle a promis de revenir sur la hausse des contributions sociales décidée par Rishi Sunak il y a un an, et d'annuler la hausse attendue de l'impôt sur les sociétés en 2023.

Sur la BBC, dimanche, elle a défendu ces mesures, bien qu'elles avantagent les plus aisés dans une crise qui touche d'abord les plus modestes. « Il ne faut pas en permanence regarder les choses sous le prisme de la redistribution. Mon objectif, c'est de faire croître l'économie. Et faire croître l'économie bénéficie à tout le monde », a-t-elle déclaré.

Durant la campagne, son concurrent Rishi Sunak a alerté sur ce projet qui dégraderait les finances publiques britanniques et porterait le risque de nuire à la confiance des marchés envers le Royaume-Uni. La baisse de la livre en août, la plus forte depuis le Brexit, traduit déjà une certaine fébrilité des investisseurs.

A tel point que Kwasi Kwarteng, pressenti comme prochain ministre des Finances, leur a déjà adressé un message dans le « Financial Times » : S'il y a un certain « relâchement budgétaire », le gouvernement va continuer d'agir « de manière fiscalement responsable », a-t-il promis.

Ingrid Feuerstein (Correspondante à Londres)

Publié dans Europe

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