Intervention d'Evelyne Ternant au CN du PCF des 17 et 18 septembre

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Il est urgent de clarifier ce que nous entendons faire avec la NUPES, d'abord entre nous, ensuite avec les partenaires, si nous ne voulons pas être sans cesse sous la pression des initiatives de LFI, à devoir réagir au cas par cas, avec de plus des réponses contradictoires comme c'est le cas actuellement dans les réunions locales de la NUPES, où certaines sections et fédérations de notre parti participent, d'autres refusent, d'autres encore observent.


Aucun communiste n'a d'illusion sur le projet de Jean-Luc Mélenchon: faire de la NUPES un cadre d'intégration des forces de gauche, sous domination des Insoumis et de leur chef, transformer les partis en courants de pensée internes à une «fédération commune» effacer la diversité, avec pour première cible le parti communiste.
 

Pour autant, faudrait-il, sous la crainte de ce projet qui n'est pas le nôtre, tourner le dos à un rassemblement qui :

- a sorti la gauche française d'une trajectoire à l'italienne de marginalisation politique à l'assemblée nationale,

- a redonné de l'espoir à une partie de l'électorat,

Et s'avère indispensable dans la construction du rapport de force face aux nouvelles destructions sociales du 2ème mandat de Macron et la puissance de l'extrême-droitisation en France et en Europe.


Le débat public de ces derniers jours sur le travail, après celui de l'énergie, est en train de dissiper l'illusion d'une gauche réunie par une pensée unique et guidée par la parole de Mélenchon. Nous sommes en train de faire émerger une conception du rassemblement qui n'esquive pas la confrontation des idées, y compris sur les fondements de l'émancipation humaine, nous sommes en train de faire vivre une conception pluraliste du rassemblement.


C'est un chemin nécessaire, c'est aussi un chemin escarpé, qui nous oblige à deux égards : celui de nos propres contenus, celui du rassemblement:

 

1-sur le fond, aller au bout de notre projet de société, qui avec la Sécurité d'Emploi ou de Formation (SEF), n'est pas seulement une protection contre le chômage, mais une émancipation des rapports d'exploitation. Elle offre une liberté sans précédents des choix de vie individuels, alors que les partisans du Revenu Universel, tels Sandrine Rousseau, font croire que nous voulons asservir les vies à l'exclusivité du travail. Nous avons encore un grand effort collectif à fournir pour valoriser pleinement le potentiel transformateur et révolutionnaire de la SEF.

2-sur le rassemblement et la NUPES. Il est impératif que nous soyons très vite à l'initiative avec des propositions publiques sur notre propre conception du rassemblement, dans la NUPES, et au delà.

Sans une telle intervention politique, au moment où localement, nombre de communistes expriment des réserves légitimes sur les convocations unilatérales d'AG NUPES de circonscriptions par les députés ou candidats LFI, nous prendrions le risque d'être rendus responsables de l'implosion de la NUPES, dont certains titres de presse prédisent qu'elle « ne passera peut-être pas l'hiver». Si nous étions perçus dans l'opinion pour avoir seulement passé un accord électoral de sauvetage de notre groupe, sans la moindre volonté de construire une alternative à gauche, la sanction politique ultérieure serait à mon avis lourde, très lourde !


Il nous incombe de mener la réflexion sur notre propre conception du fonctionnement de la NUPES, élaborer une ligne politique claire sur le sujet, aboutissant peut-être à une résolution du CN, qui réduise le risque d'attitudes désordonnées et contradictoires entre les organisations du parti.
 

Les points à travailler me semblent être les suivants :

 

1-Ne pas laisser le champ libre à LFI pour structurer localement la NUPES à sa guise. La configuration actuelle, où nous validons l'existence de la NUPES par un comité de coordination au sommet et redoutons, en réalité, de nous impliquer à la base, est la plus mauvaise qui soit : elle reproduit les erreurs du passé, le cantonnement à des accords de sommet, et bloque les possibilités de construction d'un mouvement populaire à la base, réunissant les forces politiques, syndicales et associatives et attractif pour les citoyens, ce qui est pourtant est au cœur de notre stratégie.
 

Cela implique des règles strictes sur l'utilisation du label NUPES, sur la convocation et l'organisation des AG locales, sur les décision d'actions, qui doivent être co-construites et requérir l'accord des organisations fondatrices pour être validées.
 

Mais cela implique aussi de notre part des propositions positives, alternatives, d'actions communes, de réunions, sans doute à une autre échelle que la circonscription, dont la visée électoraliste de graver dans le marbre et reconduire le rapport de force 400 contre 50 est évidente.


2-Participer aux espaces de la NUPES ouverts au monde associatif, tels que le parlement, les parlements locaux ou les agoras pour en faire des lieux de débats publics, de confrontation, de mise sur la table du programme actuel de la NUPES, qui est un point de départ, pas un point d'arrivée.

 

Il ne s'agit évidemment pas d'y consacrer toute notre énergie militante, car nous avons besoin de déployer une activité autonome intense et de soigner le fonctionnement de notre organisation pour renforcer le parti, gage de solidité du rassemblement.


Ne soyons donc pas frileux sur notre rapport à la NUPES, mais exigeants et à l'initiative.

 

Nous avons à notre actif un projet de société et le programme des « Jours Heureux», Notre secrétaire national est identifié. Nous pouvons avoir confiance en nous, en notre capacité d'influence à gauche sur les réponses politiques à apporter à la crise multiforme que nous traversons comme sur la stratégie de rassemblement.

 

 


 

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