La 1ère ministre invite les syndicats ! Recul ou manoeuvre d'intégration ?

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

En plein conflit social sur sa réforme des retraites, la 1ère ministre a invité les syndicats à venir dialoguer en début de semaine juste avant la nouvelle journée de grèves et de manifestations du 6 avril. A t-elle l'intention d'annoncer un recul de sa réforme ou est-ce une manoeuvre pour tenter de reprendre la main ?

 

Rappelons que depuis début janvier, les syndicats ont été méprisés par l'exécutif. Ils n'ont plus été reçus et le dialogue a été rompu par la volonté du pouvoir d'imposer le droit à la retraite à 64 ans quoi qu'il arrive !

 

Il lui était difficile d'apparaître comme vouloir le dialogue alors qu'il dit toujours « non » aux organisations syndicales : fin de non-recevoir par Macron après leur lettre lui demandant une rencontre, refus d'une « pause » pour se remettre autour de la table, rejet de la demande de médiation . Face à une opinion publique hostile à cette réforme injuste qui ne va faire que des perdants, la 1e ministre accusée d'autoritarisme et de surdité ne pouvait pas rester silencieuse, elle a décidé de rompre la glace et de lancer son opération.

 

Dans le dernier sondage Elabe, sept Français sur dix estiment que l'exécutif doit accepter de geler la réforme et ouvrir « une médiation » pour négocier avec les syndicats et les politiques une porte de sortie au conflit social en cours.  Ils sont aussi 62 % - un bond de 9 points depuis le 10 mars - à juger Macron et le gouvernement comme les premiers responsables du conflit.

 

Mais déjà des voix se font entendre pour tenter de minimiser l'initiative de Mme Borne et la faire apparaître comme une manoeuvre. "Elle ne signifie pas l'amorce d'un recul sur le « coeur de la réforme ". "On ne va pas se focaliser sur les choses sur lesquelles on n'est pas d'accord […], s'il n'y a plus de 64 ans, il n'y a plus de retour à l'équilibre, il n'y a plus de réforme", a lâché le ministre Franck Riester, sur Public Sénat.

 

Matignon a du insister en affirmant que l'ordre du jour « n'est pas figé ». « Il y a plein de sujets qui pourront être évoqués », a souligné le ministre Clément Beaune, qui a aussi réfuté toute « diversion » avant l'avis du Conseil Constitutionnel attendu le 14 avril.

 

«Les organisations syndicales pourront aborder l'ensemble des sujets qu'elles souhaitent, assure l'entourage de Mme Borne. On ne va pas bouger sur les 64 ans, mais il n'y a pas que les 64 ans dans la réforme des retraites. » En ligne de mire ? Les sujets du « rapport au travail, de la pénibilité, des reconversions professionnelles, des seniors… » Et d'ajouter : « On ne va pas construire un agenda social sans les partenaires sociaux. »

 

Derrière ces propos on sent poindre une volonté d'intégrer les syndicats et selon la position des uns et des autres faire exploser l'unité syndicale qui est la force du mouvement en cours. Mme Borne a t-elle ressenti des faiblesses dans les mobilisations ou son invitation vise t-elle à pourrir la situation devenue intenable pour l'exécutif.

 

Ce qui est certain, c'est qu'une telle réunion inquiète. "Il ne faut pas que les syndicats fassent des 64 ans un préalable. On est dans la seringue mais il ne faut pas tomber dans ce piège-là. C'est difficile de ne pas bouger. Retraite et travail, on sera sur les deux jambes. Il faut mettre des choses sur la table », explique un ministre. « Il ne faut pas que cela se retourne contre nous, que les syndicats trouvent un argument pour partir et remobiliser de plus belle », prévient un membre du gouvernement.

 

Ouvrir le dialogue sans reculer tout en souhaitant avancer des idées, le chemin est étroit et une fois encore ces opinions reflètent de plus en plus que cela sent la manoeuvre.

 

Quatre syndicats ont clairement laissé entendre qu'ils étaient prêts à rencontrer la Première ministre : la CFDT, la CFE-CGC, FO et Solidaires. A la CGT la décision sera prise vendredi par son nouveau secrétaire général.

 

Laurent Berger, a confirmé qu'il irait expliquer « pourquoi cette réforme est une impasse, pourquoi elle suscite autant de contestation, pourquoi elle est injuste et pourquoi il faut trouver une porte de sortie qui ne soit pas le pourrissement du mouvement social, qui n'arrivera pas. » Il souhaite la suspension de la mesure des 64 ans pour sortir de la crise, mais FO et Solidaires, elles, veulent le « retrait » de toute la réforme.

 

« Tant pis, il faut parler, balaie un conseiller de l'exécutif, tout l'enjeu est de montrer qu'on est capable de dialoguer. » Pour entendre ou rester sourd ? La réponse appartient à la 1ère ministre mais surtout aux salariés et aux citoyens et à leurs mobilisations. Comme toujours c'est seulement ça et rien d'autre qui sera décisif pour faire bouger les lignes !

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