Congrès des maires : « Nous sommes les urgentistes de la République », alerte Philippe Rio

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Le maire PCF de Grigny (Essonne) ne s’étonne pas de la démission de nombreux maires en cours de mandat. Il réclame plus de moyens et de considération de la part de l’État à l’égard des maires et des préfets.

 

Le programme du Congrès des maires de France qui s’ouvre ce lundi 20 novembre est intitulé : « Communes de France attaquées, République menacée ». Faites-vous confiance à ces trois journées pour que les choses s’améliorent ?

 

Je me reconnais pleinement dans ce titre. Je n’attends pas le grand soir de la part du gouvernement et du Président. Pour autant, les maires sont des corps intermédiaires. On a passé un premier quinquennat exécrable dans nos relations avec le Président, et le second s’ouvre de la même manière : dans la défiance. Lorsqu’Emmanuel Macron nous a reçus en juillet après les émeutes, il a fait son mea culpa. Désormais, il faut passer aux actes.

 

Qu’attendez-vous exactement de la part de l’État ?

 

Nous n’avons plus de fiscalité, les dotations baissent à vue d’œil et les territoires sont mis en concurrence. Le corps préfectoral a été humilié par le président de la République. Quand on affaiblit l’État dans les territoires, on affaiblit la République.

 

En quoi les préfets ont été humiliés ?

 

La réponse du gouvernement après les émeutes vous semble-t-elle à la hauteur ?

 

Il faut surtout que les choix du gouvernement se mettent en œuvre. Je n’ai pas envie de tirer sur l’ambulance. On ne fait pas assez de prévention dans la chaîne de la sécurité et de la cohésion sociale. La vidéoprotection est utile, mais pas suffisante. Depuis 2005, on n’a jamais autant investi dans la sécurité, mais nous sommes coresponsables de la violence de cette société. Quand le film Orange mécanique était interdit aux moins de 18 ans à sa sortie, aujourd’hui ce serait 10 ans ! Et puis, on a perdu de nombreux éducateurs spécialisés au cours des dernières années. Enfin, rendre l’IGPN indépendante, ça ne coûte pas d’argent…

 

Votre discours rappelle celui des soignants en 2019, en grève, que personne n’écoutait et qui continuaient à faire fonctionner les hôpitaux, par devoir…

 

Nous sommes les urgentistes de la République. On est dans le même état que les hôpitaux. Mais nous n’avons plus les moyens d’agir. On est les champions du système D. Les maires de banlieue et ceux de la ruralité sont les mêmes : sincères dans l’engagement, proches des gens et face à d’immenses difficultés.

 

Vous êtes maire de Grigny depuis onze ans, souvent présentée comme la ville la plus pauvre de France. Au-delà des difficultés, avez-vous vu des évolutions positives pendant votre mandat ?

 

On s’accroche à nos petites réussites. Depuis 2016, il n’y a plus de surface alimentaire à Grigny, pour 30 000 habitants. À chaque décision, le Leclerc de la ville d’à côté (Viry-Châtillon, NDLR) faisait des recours. Le Conseil d’État vient de nous accorder un « oui » final. On pourra ouvrir en 2026. Dix ans pour une surface alimentaire ? Pour nous, c’était comme la victoire à la Coupe du monde.

 

Interview de Astrid de Villaines Publié sur Huffpost

 

Publié dans Politique nationale

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