Frédéric Boccara : "Face au coût du capital, la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux impose de sécuriser les salariés dans l’emploi et la formation"

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Annoncé par le gouvernement, « l’acte II de la réforme du marché de l’emploi » entend faciliter les licenciements et tordre le bras aux chômeurs pour les obliger à prendre n’importe emploi. Quelle aubaine pour aider le patronat à calmer les revendications !

 

Cela aggrave les difficultés du pays : pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les services publics, perte de savoir-faire dans l’industrie qui handicape gravement la réponse aux besoins sociaux et écologiques ; emplois mal payés, précaires et harassants, porteurs de souffrances et d’appauvrissement ; fermetures d’entreprises fragilisant notre maîtrise industrielle et de services.

 

Le pays et ses habitant·e·s ont besoin de davantage de formations longues, rémunérées, de beaucoup d’emplois de qualité avec de bons salaires. Ils ont besoin de sécurisation sociale. Il faut planifier cela démocratiquement, avec des engagements précis, des financements conséquents et des investissements efficaces, suivis par les salariés. Il faut désintoxiquer les entreprises de la finance et s’attaquer au coût du capital.

 

Il faut appuyer l’emploi et la formation : encadrer les licenciements tout autrement, donner plus de pouvoir aux prudhommes afin de sécuriser les salariés plutôt que les profits. Il faut responsabiliser l’employeur sur l’indemnisation des privés d’emploi, avec un malus véritable et généralisé à la hausse sur la cotisation chômage des entreprises qui taillent dans l’emploi ; le responsabiliser sur les reclassements, les formations et les alternatives au licenciement.

 

Les licenciements collectifs ne doivent être acceptés que si toutes les solutions autres que de baisser le coût du travail ont été explorées. Il faut un droit de veto suspensif, articulé à un droit d’examen de la situation de l’entreprise ; un droit de contre-proposition alternative par les salariés d’un autre projet économique et, au lieu de dépendre du bon vouloir des actionnaires ou d’un quelconque repreneur, instaurer un droit d’accès à un financement des propositions par le pôle public du crédit à taux d’autant plus bas qu’elles développent l’emploi.

 

Face aux exigences de formation, d’emploi et de mobilité dans la sécurité, nous avançons la visée d’une sécurité d’emploi ou de formation (SEF). C’est une réponse cohérente face à cette stratégie du « choc permanent ».

 

Elle donne une feuille de route : changer profondément la société pour la mettre en œuvre, pas à pas mais radicalement. Elle donne sens commun et perspective à de très nombreuses luttes.

 

Faisons du premier semestre 2024, avec la crise qui tape fort, le tour de vis austéritaire de la Banque centrale européenne (BCE) et les élections européennes de juin, un moment de contre-attaque sur les chantiers de la SEF.

 

Emmanuel Macron et Marine Le Pen nous en posent le défi, comme les recherches syndicales, comme le besoin aigu de renouvellement de la gauche. Débattons, écoutons, mobilisons, agissons.

 

Frédéric Boccara  Article publié dans l'Humanité

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