Des cadres de l'extrême droite lyonnaise condamnés à de la prison !

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Le 6 février, deux militants d'extrême droite sont dans le box des accusés du tribunal judiciaire de Lyon. Ils sont jugés en comparution immédiate pour avoir participé à une violente agression à caractère raciste, aggravée par l’usage de couteau.

 

Au même moment, 8 hommes sont interpellés à leurs domiciles, soupçonnés d’avoir pris part à l’attaque de La Maison des Passages le 11 novembre. Ce soir la, dans le Vieux-Lyon, une quarantaine d’individus masqués et armés avaient tenté de s’introduire dans cet établissement où se tenait une conférence sur la Palestine, faisant 7 blessés. Le lien entre ces deux affaires, se fait en tirant le fil de la frange radicale de l’extrême droite implantée à Lyon.

 

Si l’image des groupuscules identitaires se résume souvent à des hommes peu reconnaissables et vociférant leur haine, il arrive que la lumière en éclaire quelques-uns comme c’est le cas avec ces cadres de l’ultradroite locale dont Sinisha Milinov fait partie. Il affiche déjà un CV de militant identitaire bien fourni. C'est l'ex-porte-parole du groupe militant Les Remparts, ancien président de l’association étudiante d’extrême droite La Cocarde et candidat sur la liste RN de Villeurbanne en 2020, chez qui, les forces de police ont retrouvé des drapeaux floqués des logos de Génération Identitaire ou de mouvements nationalistes serbes. À l’audience, l’avocate de la Licra, fera même état d’un symbole nazi.

 

À son côté, Pierre-Louis Perrier préfère s’excuser pour « les blessures causées aux victimes » par six coups de couteau au visage et au cou. Selon Mediapart, il figurait en 2021 comme le plus jeune candidat du département de la Drôme sur la liste LR-LReM-UDI du canton de Saint-Vallier. Il écope d’une peine de 36 mois de prison dont deux ans ferme. Milinov, moins impliqué lors de la rixe, prend 6 mois de réclusion. 

 

Arrêtés, jugés et condamnés à la prison !

 

Leur avocate a tenté de jeter le doute sur le caractère raciste de l’altercation mais sans effet sur le tribunal concentré sur les échanges d’un groupe WhatsApp commun aux deux prévenus. « Bagarre contre des “bougnes”, PL (Pierre-Louis, NDLR) a eu l’ingénieuse idée de sortir son couteau. Il a piqué des gars au visage mdr j’ai failli prendre pour lui », a lu la présidente, interpellée par le fait de se trouver « mort de rire » après une scène aussi brutale. Les trois victimes font état de 4 à 10 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Du côté des blessés de La Maison des Passages en novembre, les arrêts de travail ont été jusqu’à 45 jours selon la Tribune de Lyon. Les films des riverains, montrant plusieurs dizaines d’hommes vêtus de noir et armés, hurlant en chœur « La rue, la France, nous appartient », ont suscité l’émotion jusqu’aux plus hautes sphères de l’État.

 

L’indignation, aussi, face à l’impuissance des autorités à empêcher ce genre d’actions alors que des militants et des organisations alertent depuis plusieurs années sur les actions violentes de ces groupuscules d'extrême droite à Lyon. Selon le collectif Palestine 69 qui organisait la conférence, les forces de l’ordre auraient mis environ 45 minutes pour intervenir. Pourtant la préfète du Rhône a salué le travail de la police et a souligné que ce dossier aidera "pour obtenir une dissolution". Trois mois plus tard, le bilan de la justice lyonnaise est : un individu arrêté le soir même dort en prison, cinq ont été relâchés sous contrôle judiciaire, un autre a été libéré faute d’éléments compromettants et deux ont été placés en détention. Selon les informations de la Tribune de Lyon, ces derniers sont Eliot Bertin, chef de file de Lyon Populaire, et Tristan Conchon, ancien trésorier du mouvement néofasciste Bastion Social.

 

L'objectif : la dissolution des groupes de l'ultra-droite

 

Parmi les prévenus mis en examen pour « association de malfaiteurs », on trouve également Antoine Jaumouillé, successeur de Sinisha Milinov à la tête de la branche lyonnaise de La Cocarde. En campagne lors des élections étudiantes, l’association d’extrême droite ne fait qu'un petit score (5%) ce qui n’empêche pas les universités de s’inquiéter de la montée de l’idéologie d’extrême droite dans le débat public. Le président de Lyon 3, a exigé le 7 février dans un communiqué, la dissolution des groupuscules identitaires lyonnais, à commencer par l’association Les Remparts, rejeton de Génération Identitaire dissoute en 2021 et QG de la galaxie de l’ultradroite lyonnaise.

 

Il rejoint l’appel de plusieurs députés du Rhône à l’attention du ministère de l’Intérieur. Le 13 février, le maire de Lyon Grégory Doucet a également fait un courrier à Gérald Darmanin : « Aujourd’hui, la dissolution des Remparts n’apparaît plus comme une option à étudier, mais comme un impératif à mettre en œuvre le plus rapidement possible. ». Les députés de la majorité ont pris aussi leur plume pour faire la même demande à Darmanin, estimant que « ces derniers jours ont marqué d’importantes avancées dans la lutte contre les groupuscules d’extrême droite qui sévissent à Lyon » et renouvelant leur « vœu que ces groupuscules soient dissous par le gouvernement ».

 

La fermeture du bar La Citadelle à Lille a été décidée par le conseil des ministres. La demande de Martine Aubry avait plus de dix ans.  Au regard de l’ensemble de ces condamnations et mises en examen, Lyon, fief autoproclamé de l’extrême droite, a toutes les chances de prendre le même chemin. Mais quand ?

 

Fermeture immédiate des locaux de l'ultra droite

 

Devant l'inaction de la puissance publique, qu'ils jugent insuffisante pour mettre un terme aux actes violents des organisations de l'ultra-droite à Lyon, une trentaine d'associations, de syndicats et de partis de la gauche ont demandé la fermeture des locaux de l'ultra-droite (voir sur ce blog l'article du 10 février) et ont appelé à un rassemblement place de la comédie lundi soir où ils étaient près de 300 rassemblés.

 

En effet seule l'action pacifique et non violente obligera la puissance publique à se montrer plus ferme et rigoureuse !

 

Sources : AFP - Le Progrès et la Tribune de Lyon.

Publié dans Extrême droite, Justice

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