Présidentielle en Russie : Poutine triomphe mais la paix est dans toutes les têtes !

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

 

Les principales  forces occidentales espéraient beaucoup dans cette élection présidentielle russe qui pouvait leur permettre d'espérer modifier le cours des choses en Ukraine où l'armée ukrainienne est en grande difficulté. Elles ont du être très déçues dimanche soir qui a vu sans surprise, Vladimir Poutine l’emporter. C'est un score d'ampleur avec une participation électorale qui ne l'est pas moins.

 

Ce résultat n’a surpris personne, même si le dépouillement des votes montre toutefois des disparités selon les régions ou donne, simplement, l’occasion de comprendre qu’avec ce sixième mandat, la longévité de Poutine au pouvoir va dépasser celle de Staline.

 

Le raz-de-marée des 87,28 %

 

Depuis des mois, de nombreux soutiens de Vladimir Poutine assuraient que le président russe serait réélu avec « 90 % des voix » ! Le chef de l'Etat Russe entame son cinquième mandat avec un score de plus de 87,28 % des voix soit « près de 76 millions de voix ».

 

Bien que la victoire de Vladimir Poutine, au pouvoir depuis un quart de siècle, n’ait surpris personne, il n'en reste pas moins que le score d'ampleur réalisé par le président sortant lui donne une force et une légitimité qui en font un triomphe.  Ces résultats constituent un record qui dépasse bien largement les presque 77 % de 2018. Un succès qui montre l'importance du soutien populaire au chef de l'Etat Russe malgré la guerre en Ukraine. Vladimir Poutine a aussitôt vanté une Russie « consolidée » par ce scrutin.

 

Trente ans au pouvoir (minimum)

 

Vladimir Poutine sera donc six ans de plus au pouvoir, au minimum. Il pourra en effet se représenter en 2030 puisque la Constitution russe a été modifiée dans ce but. Au total, si l’ancien membre du KGB prend sa retraite en 2030, il sera resté trente ans à la tête du Kremlin, soit un an de plus que Staline.

 

Où sont les 13 % d’opposition ?

 

Les résultats officiels de la présidentielle montrent que seuls 13 % des Russes n'ont pas voté pour Vladimir Poutine.

 

Derrière ses 87,28 %, le numéro deux, Nikolaï Karitonov, obtient 4,31 % des voix. C’est la première fois que le Parti communiste obtient moins de 10 % des voix. Il s’était déjà présenté en 2004 et avait alors récolté 13,69 % des voix. Suivent ensuite Vladislav Davankov avec 3,85 % et, enfin, Léonid Slutsky avec 3,2 %.

 

Un tsunami dans les régions occupées

 

Dans les régions ukrainiennes prorusses, Vladimir Poutine a conduit les élections dans l’espoir d’obtenir un blanc-seing malgré les condamnations du secrétaire général des nations Unies, Antonio Guterres, et d'une dizaines d’états.

 

Dans la région occupée de Zaporijia, 92,83 % des électeurs ont voté Vladimir Poutine, selon le journal Moskovski Komsomolets. Il obtient aussi 94,12 % dans l’oblast de Lougansk, 95,23 % dans celui de Donetsk, 88,12 % dans celui de Kherson et 93,6 % en Crimée, selon le correspondant du Monde en Russie, Benoît Vitkine.

 

Une abstention à 22,6 %, un taux record de participation !

 

Le taux d’abstention est de 22,6 % sur l’ensemble du territoire. C'est un taux de participation record. Des disparités sont toutefois observables, certaines régions explosant le taux de participation global. Ainsi, dans les régions occupées de Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson, plus de 80 % des électeurs ont voté, d’après le journal Rossiyskaya Gazeta.

 

En République tchétchène, dirigée par Ramzan Kadyrov, la participation aurait dépassé les 90 %, selon Rossiyskaya Gazeta qui s’est aussi félicité de l’exceptionnel taux de participation du vote en ligne, mis en place dans 29 régions.

 

Devant le Kremlin, sur la place du manège, le décor est prêt pour accueillir, ce 18 mars, les festivités pour les dix ans du référendum sur la Crimée. La péninsule ukrainienne a été alors rattachée et annexée par la Russie. Vladimir Poutine devait y tenir son premier discours, après sa victoire attendue (87,3 %). Le président qui s’est exprimé tardivement à la télévision, a tenu à « remercier les citoyens, nous sommes tous une seule et même équipe » et averti les Occidentaux que le pays ne se laisserait pas « intimider » ni « écraser », après deux ans de conflit en Ukraine.

 

Sur la voie Maliy Soukharevskiy, une sculpture attire l’œil : un portrait en relief de Lénine. Les drapeaux rouges qui flottent à côté ne laissent guère de doute. « Bienvenue au siège du KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie) à Moscou », lance Tatiana Rakoutina. « Il s’agit de notre commission chargée de surveiller le déroulement du vote dans divers bureaux. Chacune des régions dispose du même dispositif composé de juristes, d’élus, de militants », explique le député Gueorgui Kamnev.

 

Suffisant pour surveiller un scrutin qui a duré 3 jours, sur onze fuseaux horaires, avec une participation record qui dépasse les 74 %. « Nous étions contre cette mesure car cela s’avère trop compliqué en termes de sécurisation. Pour la première fois, les urnes ont passé deux nuits dans des bureaux de vote. On n’hésitera pas à invalider des résultats où les infractions auront été trop nombreuses », poursuit Gueorgui Kamnev.

 

Le président russe a réussi à maintenir une forme d’unité autour de l’idée d’une « Russie assiégée » et menacée par « l’Occident et l’Otan ». En mars, la dernière enquête du centre Levada indique que « la majorité des répondants (76 %) soutient les actions des troupes russes en Ukraine ».

 

Transition vers des négociations de paix ?

 

Néanmoins, « plus de la moitié des répondants (52 %) sont en faveur de la transition vers les négociations de paix ». Malgré un large socle de soutien, le président russe sait que la lassitude existe. Si son élection a pris les allures d’un plébiscite, les morts, les blessés, l’effort de guerre réalisé par la population pourraient le conduire à ne pas lancer une nouvelle mobilisation.

 

Pour le député communiste Gueorgui Kamnev, la Russie est prête au dialogue. Mais pas sur n’importe quelle base. « Des opportunités ont existé avec les accords de Minsk, puis au début du conflit. Personne n’a écouté nos demandes, notamment sur la question de l’élargissement de l’Otan, affirme-t-il. L’Ukraine peut rejoindre l’Union européenne, nouer des partenariats commerciaux, mais son entrée dans l’Alliance atlantique n’est pas acceptable. L’Occident doit écouter nos intérêts de sécurité. »

Publié dans Asie, Europe, Paix

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