La réalité du temps de travail hebdomadaire ...

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Selon le quotidien anglais The Independent ce sont les grecs qui travaillent le plus, les français ne sont pas loin !

Selon le quotidien anglais The Independent ce sont les grecs qui travaillent le plus, les français ne sont pas loin !

Nous savions déjà que la réduction du temps de travail est un facteur favorable sur trois plans :

  • Elle allège pour les travailleurs le temps souffrance au travail qu'elle soit physique ou mentale;
  • Elle libère du temps libre pour que le salari puisse se reposer, lire, participer à l'éducation populaire, faire du sport, être plus présent avec sa famille et ses enfants et s'investir dans le vie citoyenne;
  • Elle libère du tems de travail pour celles et ceux qui en sont privés et ne demandent qu'à travailler pour vivre et pour participer à la création des richesses. Surtout qu'en le nombre de privés d'emploi est de plus 6 millions dans notre pays (dom-tom compris)

C'est donc une mesure sociale de premier plan.

Economiquement les entreprises le peuvent. Les profits ces dix dernières années ont été très importants au point qu'ils sont "volés" par les actionnaires contre l'investissement, le social et l'emploi.

Réduire le temps de travail est donc une mesure moderne, de notre temps, qui permet, dès la source, c'est à dire au moment du paiement de la force de travail, de récupérer une part des richesses profuites par les salariés.

Le taux de productivité en France (volume de marchandises produites dans une même unité de temps) est l'un des plus élevé des pays industriels, cela est du essentiellement aux mesures de flexibilité introduites ces quinze dernières années dans le code du travail et aux nouvelles méthodes de management comme le Lean, qui ont conduit à une augmentation de la productivité apparente du travail et des charges de travail.

Cette situation est grave en France avec une augmentation importante des maladies professionnelles (stress), un abstentéisme important et une usure physique et mentale prématurée des travailleurs. Ces éléments conduisant peu à peu à une mort plus précoce des travailleurs les plus exposés, notamment les ouvriers et les employés.

Mais en France la situation est plus grave encore. Les gouvernements successifs ont entrepris de détricoter les 35 heures. Si les "35 heures" restent l'heure légale de travail comme référence dans le Code du travail, toutes les mesures adoptées visent d'une part à permettre d'augmenter le temps de travail au moindre coût (heures supplémentaires au paiement minoré,  obligatoires et récupérées avec les exonérations de charges proportionnelles au SMIC) et d'autre part combinées à l'austérité salariale, elles conduisent nombre de salariés à accepter cette pratique contre leur santé, contre la qualité du travail.

Pour protéger les salariés, certaines dispositions ont été introduites par les syndicats lors des négociations sur la mise en oeuvre des 35 heures. Mais cela était insupportable pour le patronat qui a multiplié les dénonciations "d'accords 35 heures" pour les effacer. Cela fait 15 ans que la bagarre fait rage dans les entreprises sur cette question sensible.

L'on comprend mieux pourquoi, tous les libéraux et sociaux libéraux mènent une campagne idéologique terrible visant à soutenir le patronat dans son attaque frontale aux 35 heures et à culpabiliser les travailleurs de ne plus vouloir travailler alors qu'ils crèvent au boulot!

Ainsi, la durée réelle du travail n'a eu de cesse d'augmenter ces dernières années.

Comme le montre très bien The Independent (journal anglais), la France est un des pays où l'on travaille le plus longtemps dans la semaine. Avec 37.5 heures travaillées par salarié en moyenne hebdomadaire, notre pays est seulement devancé par la Grèce (merci la Troïka, Samaras et Papaandréou), le Portugal et l'Espagne.

Ce sont les pays du sud de l'Europe qui travaillent le pus longtemps et marchent donc à l'envers des évolutions de la société. L'utilisation des technologies doivent viser à diminuer la peine des femmes et des hommes au travail et à libérer du temps pour ceux qui en sont privés. La volonté du patronat de récupérer à son profit les évolutions technologiques est à l'origine de la crise du travail et de la crise sociale que traverse notre pays depuis pus d'une décennie.

Il y a donc urgence à rompre radicalement avec cette logique !

En ce sens nous partageons l'idée avancée par la CGT de mettre à l'ordre du jour des luttes, une nouvelle réduction légale du temps de travail en la portant à 32 heures par semaine. Pour être efficace, cela ne peut se concevoir que sans perte de salaire et en annulant les mesures de flexibilité qui permettent aux entreprises d'annuler ses impacts social et économique.

Un petit calcul rapide donne la portée de cette mesure : 32 heures réelles, ce sont 5.5 heures de moins que la durée réelle moyenne constatée aujourd'hui. Appliquée au 25.8 millions d'actifs ayant un emploi, cela dégagerait 142 millions d'heures de travail correspondantes à 4 500 000 personnes actuellement privées d'emploi! Soit 75% du chômage.

Comme toujours se pose la question du financement. Cette mesure doit être financée à la source, dans l'entreprise sans exonérations de charges. Cela correspond à 120 milliards en année pleine, soit la somme totale "volée" par les actionnaires en deux années ou encore la somme des dividendes versés en une année aux actionnaires et les 80 milliards de fraudes fiscales qu'il est possible de récupérer chaque année avec unne action courageuse et tenace contre l'évasion fiscale et contre les paradis fiscaux.

C'est donc possible, les évolutions technologiques le permettent, la productivité du travail aussi, les richesses sont là. La modernité, c'est donc se placer du point de vue de l'humain, et de répondre à la question centrale : ce système qui produit 6 millions de chomeurs est-il encore viable ? Nous avons choisi et répondons non !

Et encore, il nous faudrait mesurer l'impact réel d'une telle mesure. Moins de chomeurs dans une telle proportion c'est aller vers une réduction sensible des besoins de l'UNEDIC, donc une minoration de la cotisation chômage qui profiterait aux salariés et aux entreprises, c'est permettre à 4.5 millions de salariés de consommer, donc de créer de l'activité et de l'emploi, c'est assurer des recettes nouvelles à la protection sociale permettant de financer la santé, la dépendance, l'abaissement de l'âge de départ en retraite.

Nous le mesurons, la réduction du temps de travail c'est faire le choix de rentrer de plein pied dans une nouvelle civilisation. Cela n'est pas une utopie, mais un enjeu de lutte pour remettre notre pays sur de bons rails!

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