Areva, nouveau drame industriel, social et humain

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Assemblée générale des salariés d'Areva en mars 2015

Assemblée générale des salariés d'Areva en mars 2015

Le spécialiste du nucléaire Areva a annoncé, mardi 20 octobre, qu’il va supprimer 2 700 postes en France d’ici à 2017, conformément à l’objectif de 3 000 à 4 000 suppressions de postes annoncé en avril, du fait des départs déjà enregistrés depuis le début de l’année.

La CGT Areva a refusé de cautionner une telle saignée dans la filière nucléaire. Elle n'a pas signer le protocole d'accord qui encadre ces suppressions d'emplois, auxquelles s’ajouteront quelques 2 000 emplois à l’étranger, surtout en Allemagne et aux Etats-Unis.

Il est regrettable que les autres organisations syndicales (CFDT-FO-CGC) en signant ce texte, aient décidé d'accompagner la direction dans sa casse industrielle. Un processus d’information-consultation des employés dans chaque entreprise va être ouvert et durera jusqu’en octobre 2017. 

Philippe Varin et Philippe Knoche, le président et le directeur général du groupe nucléaire, se sont engagés à ce qu’il n’y ait « aucun départ contraint » parmi les 18 000 salariés concernés par ce plan en France, sur un effectif total de 44 000 salariés dans le monde.

Négocié entre juillet et septembre, ce plan contribuera pour plus de la moitié au 1 milliard d’euros d’économies d’ici à 2017 inscrites dans le « plan de compétitivité » annoncé le 4 mars, après la publication d’un exercice 2014 marqué par une perte de 4,8 milliards d’euros.

Le projet concerne six entreprises du groupe, notamment Areva NP, l’activité réacteurs et services, dont EDF prendra le contrôle à 51 % dans un an. D’autres activités sont touchées, comme le combustible et le traitement-recyclage (Areva NC), l’enrichissement de l’uranium (Eurodif Production) ou son extraction (Areva Mines).

Les détails des suppressions de postes par filiales et par site n’ont pas été communiqués. Des interrogations portent, par exemple, sur Areva NP. Interrogé dimanche au Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-i-Télé, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a indiqué qu’« EDF va faire en sorte que nous maintenions des compétences dans la durée ». Cette question de leur maintien était d’ailleurs un des points sensibles de la négociation.

Dans son communiqué, Areva affirme que l’accord assure « la protection et le transfert des compétences-clés du groupe » et que « la priorité a été donnée à la production et à la sûreté ».

Ce dernier point est particulièrement surveillé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a invité Areva à ne pas baisser la garde sur la qualité de ses équipements et de ses process industriels.

Ces décisions seront catastrophiques pour la filière nucléaire qui est essentielle à l’indépendance énergétique de notre pays, à la réussite de la transition énergétique et à la production d’énergie décarbonée.

Alors qu’il prétend refonder la filière nucléaire française, le gouvernement donne son aval aux suppressions d'emplois et soutient les mesures d’économies drastiques de la direction d'AREVA, avec tous les dangers qu’elles engendrent sur le plan industriel et sur les compétences, et toute l’injustice qu’elles commettent vis-à-vis des salariés qui n’ont pas démérité et à qui on veut faire payer l’addition.

AREVA est en effet dans la tourmente avec une situation financière difficile mise en avant pour justifier un vaste plan de restructuration qui aura un impact sur l’ensemble de la filière industrielle et au-delà sur l’ensemble de l’économie.

La CGT avait alerté depuis de nombreuses années sur les erreurs stratégiques et l’absence de vision industrielle, en particulier du premier actionnaire de l’entreprise, l’ É tat qui pendant des années, a ponctionné des dizaines de milliards d'euros de dividendes.

La casse des emplois et d'autres décisions restant à venir conduisent toutes au démantèlement d’AREVA et à une fragilisation d’EDF. Les sous-traitants seront les premiers touchés. C'est une fragilisation de tout ce qui est nécessaire pour être en capacité de renouveler le parc nucléaire français.

Il est question non seulement de la fragilisation du tissu industriel, de milliers d’emplois suppri - més, mais également de notre indépendance énergétique, de la diminution des gaz à effet de serre et in fine de la maîtrise des prix de l’électricité. Nous sommes devant une bagarre d’intérêt général, au regard de ce que représente cette filière stratégique et ses atouts considérables en termes de savoir-faire, de compétences, de niveau de la recherche

Publié dans Industries

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