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La reprise en main des médias fait partie du coup d'état institutionnel !

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Muriel Pénicaud et Macron à Las Végas en janvier 2016

Muriel Pénicaud et Macron à Las Végas en janvier 2016

Les révélations de «Libération» sur l'affaire Business France ne sont pas du goût du gouvernement. La presse est carrément priée de ne pas «chercher à affaiblir» la ministre du Travail. Lunaire.

Ça commence à faire beaucoup. A deux reprises en une semaine, un ministre a laissé entendre que la presse agissait sur ordre – de qui, de quoi, on se demande ? – et cherchait à plomber l’agenda des réformes gouvernementales.

Mercredi dernier, François Bayrou assurait ainsi qu’«un certain nombre de forces et de puissances» voulaient faire obstacle à sa loi sur la moralisation de la vie publique et avaient donc eu intérêt à sortir des informations sur les petits arrangements du Modem et ses assistants parlementaires européens. Visé indirectement par une enquête préliminaire, le garde des Sceaux a démissionné en dénonçant des «sycophantes» et «délateurs professionnels» dignes de la France de Vichy.

Un remaniement et une semaine plus tard, sans atteindre le point Godwin – qui consiste à comparer la situation actuelle au temps du nazisme – le porte-parole du gouvernement s’en est lui aussi pris à la presse. Interrogé sur les «irrégularités» qui auraient émaillé l’organisation d’une soirée à Las Vegas par l’organisme Business France, au centre d’une enquête de Libération mercredi matin, Christophe Castaner a appelé la presse à s’en tenir aux «faits».

En pleine affaire Ferrand, le même avait déjà expliqué, citant une formule présidentielle, que la presse ne devait pas «se faire juge».

Une estocade aussi claire que lunaire

Le hic, c’est qu’Emmanuel Macron était l’invité vedette de l’événement en janvier 2016, en tant que ministre de l’Economie, que Business France, à l’époque, était dirigé par Muriel Pénicaud, devenue entre-temps ministre du Travail et que l’affaire fait aujourd’hui l’objet d’une enquête préliminaire pour «délit de favoritisme».

Il n’a pas fallu plus de pression judiciaire pour faire partir les trois ministres Modem la semaine dernière. D’où, à l’Elysée, l’ouverture du parapluie : François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard ont démissionné tous seuls. La «question» ne se pose pas pour Muriel Pénicaud, assure l’entourage du chef de l’Etat, qui martèle que la seule règle intangible au sein du gouvernement reste la démission en cas de mise en examen.

Et pour Richard Ferrand ? «C’est un cas à part, le Président lui a demandé de prendre d’autres fonctions», élude-t-on de même source. Soit.

Pour Christophe Castaner, il est urgent d’attendre les conclusions de l’enquête sur Business France avant de se prononcer. Au passage, le porte-parole du gouvernement s’empêtre dans un lapsus savoureux, évoquant le moment où «le ministère» de l’Economie a pris en charge l’organisation de la soirée de Las Vegas, avant de se reprendre pour parler «évidemment de Business France».

Vient ensuite l’estocade. Elle est polie, c’est l’une des principales qualités de Christophe Castaner – et elle est aussi claire que lunaire. «Avant de montrer du doigt tel ou tel qui serait en responsabilité, je vous invite à ne pas chercher à affaiblir […] tel ou tel, lance Castaner à la ronde. Parce que, vous avez raison, on est dans un moment important pour la ministre du Travail», qui défend la refonte du code du travail, point cardinal du programme du candidat Macron.

La presse a surtout «raison» de continuer à faire son travail.

Laure Bretton pour Libération

 

 

Publié dans Politique nationale

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